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Entre Nous : Les tombeurs d’IBK face à la désobéissance civile

«Nous, forces vives de la région de Bandiagara, composés des élus, des leaders communautaires et toute la société civile, vu les différentes rencontres tenues et les missions effectuées auprès des plus hautes autorités du Mali pour demander la sécurisation des personnes et de leurs biens, sommes au regret de vous annoncer qu’à partir du lundi 06 décembre 2021 jusqu’à nouvel ordre, la désobéissance civile conformément à l’article 121 de la constitution du 25 février 1992. Par conséquent, nous demandons la fermeture des services étatiques et non étatiques exceptés les centres de santé, le commerce et le transport jusqu’à la levée du présent communiqué. »

 

C’est en substance le contenu d’un communiqué des Forces vives de la région de Bandiagara. L’authenticité du document ne souffre d’aucune ambiguïté. Car, effectivement, les populations sont, depuis le lundi, en désobéissance civile dans la toute nouvelle région. Les échanges avec le gouverneur de région et les autorités n’ont pas encore permis de lever le mot. Les colonels de l’ex Comité national pour le Salut du Peuple (CNSP) et le Premier ministre issu du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) font face à la désobéissance civile des populations de la région de Bandiagara. Ironie du sort, le M5-RFP avait adopté la même désobéissance civile contre le régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta. Les tombeurs d’IBK font face  à la désobéissance civile.

La colère des populations de Bandiagara est légitime. Des paisibles citoyens dont des pauvres femmes à la recherche de subsistes ont été sauvagement brûlés de la façon la plus atroce avec leurs progénitures. Ils n’ont rien fait pour mériter un sort aussi cruel. Le massacre des forains majoritairement des femmes et des enfants entre Songho et Bandiagara est inacceptable. Il est d’autant plus inacceptable qu’il intervient quelques jours après une attaque plus osée dans la ville de Bandiagara. Il est encore d’autant plus inacceptable que le massacre intervient après plusieurs alertes. Sans grande réaction au niveau des plus hautes autorités du Mali et leurs partenaires.

D’hier mercredi 8 décembre 2021, trois membres du gouvernement se sont rendu sur les lieux. Le président de la Transition, Col. Assimi Goïta est dans ses « bunkers » entre Kati et Bamako. Le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga a préféré prendre l’avion présidentiel pour se rendre à Nouakchott que d’effectuer le déplacement sur Bandiagara. Le militaire a peur de se rendre sur le terrain. Là où un président civil n’éprouvait aucune crainte à conduire une mission de haut niveau pour consoler les populations. Un président de la Transition dans un pays comme le Mali ne peut pas se retrancher au palais comme une veuve qui observe son deuil. Le colonel Assimi Goïta doit se rendre sur le terrain auprès des populations victimes mais aussi de ses frères d’armes afin de rehausser leur morale face à une situation à la fois difficile et complexe.

On a l’impression que la République du Mali s’arrête à Bamako où l’indifférence se conjugue à tous les temps. Des femmes brûlées avec leurs enfants, des champs incendiés,  des paysans assassinés, les gens chantent et dansent à Bamako. Si le deuil national décrété par le président de la Transition rentre dans l’ordre normal des choses, l’activisme de certains prétendus soutiens des autorités de Transition frise l’insouciance.

Il faut sortir des discours populistes pour faire face à la réalité du terrain. Les groupes extrémistes se radicalisent de plus en plus. L’attaque ignoble du car de forains de Songho a été suivie par des tirs d’obus sur les camps de la Minusma de Kidal, Gao et Ménaka. Les échos provenant du Niger et du Burkina Faso ne sont pas favorables. Et la situation sécuritaire risque de se dégrader davantage dans une situation de confusion totale marquée par une manipulation des opinions publiques.

Le plus urgent pour le président de la Transition et son gouvernement est de circonscrire le plus rapidement possible la désobéissance civile des populations de Bandiagara.

Par Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger

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