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ENRICHISSEMENT ILLICITE : Le « vol légal » du prince ou le prince voleur

En droit pénal, en de termes simples, le vol consiste à prendre à quelqu’un sans son consentement quelque chose qui ne nous appartient pas. Il peut être simple ou qualifié. Nous ne rentrerons pas dans ces détails. Par exemple : vous prenez un vêtement d’un vendeur à son insu, vous prenez de force la moto d’une personne etc. 

liasse argent ( billet banque zone CFA)

 

Voilà le vol, et c’est illégal et puni par des peines de prison et des peines pécuniaires. Ces voleurs, nos prisons centrales en regorgent. Et chaque jour, de nouveaux locataires se présentent. Faites un tour dans nos tribunaux ou dans nos administrations pénitentiaires, certains y sont envoyés pour avoir volé des vélos, des motos, des sommes modiques, etc.

Et c’est justice, car ils nuisent à la société et doivent en être éloignés pour un temps de correction et de méditation.

Maintenant, considérons de nouveau la définition du vol, mais cette fois-ci avec l’intention de comprendre son bien-fondé. Voler, c’est se servir de la propriété d’autrui sans son consentement, soit en l’empêchant d’en jouir lui-même soit contre ses intérêts. En gardant cela à l’esprit, voyons comment un prince peut devenir voleur sans voler. Contraste, tu nous tiens ! Mais c’est simple pourtant. Voilà comment !

Le prince peut ne pas voler au sens du droit pénal contemporain. Il prend des décrets ou fait voter des lois qui lui octroient – avec notre consentement direct ou indirect –  des budgets de fonctionnement pour nous servir. Donc, faut-il le rappeler, notre consentement est lié à notre service, autrement dit à la satisfaction de nos intérêts. Jusque-là, le prince ne vole pas.

Etant donné notre état de pauvreté général où deux citoyens sur trois ne mangent pas bien et à leur faim, où un citoyen sur trois n’a pas accès à l’eau potable et à l’électricité, où le salaire moyen d’un fonctionnaire de l’Etat est à peu près 75 000 F CFA/mois, nous pouvons défier le diable de nous dire que ce peuple consente à ce que son prince ordonne en son nom et par ses maigres cotisations, d’acheter un moyen de déplacement officiel fabriqué ailleurs, d’une valeur supérieure à trente millions de nos francs et renouvelable tous les cinq ans.  Jusque-là, le prince ne vole pas.

Mais lorsque le prince puise dans le budget à lui octroyé pour nous servir, de quoi acheter un chariot de luxe d’une valeur de 80 à 600 millions de nos francs pour se déplacer, et un oiseau de luxe à des coûts de milliards pour faire le tour du monde en notre nom, qui est ce surréaliste prosélyte qui nous dira qu’il le fait avec notre consentement ? Qui dira qu’il le fait dans notre intérêt quand on sait qu’on peut se déplacer sur terre et dans l’air avec beaucoup moins de millions et de milliards, comme le font d’autres princes ailleurs, pourtant pas moins efficaces.

Peu importe qu’il les laisse à son successeur après son départ, il n’en aurait pas moins consommés pour son propre confort pendant son séjour et surtout, qu’une villa hors classe achetée avec nos maigres cotisations, mille fois la valeur de celle du Malien moyen, l’attend à sa sortie comme cadeau. Devant Dieu et les hommes, ceci ne saurait être la marque d’un serviteur.

Le prince se sert donc, d’une partie de notre propriété commune sans notre consentement et contre nos intérêts, c’est du vol dans son effet mais un vol protégé par nos lois. Par contre, celles-ci trouveraient dans le tableau dépeint ci-dessus, un abus de confiance qu’elles définissent, en de termes simples, comme : « un détournement frauduleux commis au préjudice d’un propriétaire [l’Etat ou les citoyens par exemple] ou détenteur d’une somme d’argent… qui aurait été confiée à quelque titre que ce soit [pour servir la Nation par exemple] par le dit propriétaire ou détenteur à l’auteur du détournement [le prince par exemple], à charge par celui-ci de le rendre ou de le représenter [ou de l’utiliser]… ». Sauf que le prince détourne sans commettre de fraude. Et si on enlevait le qualificatif « frauduleux », on gagnerait en efficacité. N’est-ce pas ?

Mais puisque les lois sont faites par les princes (les projets de lois), alors les lois ne peuvent jamais épingler les princes avisés. Et le prince est avisé à bien des égards.

Néanmoins, pour le préjudice moral et matériel que nous subissons sans voie de recours efficace, nous continuerons à le dénoncer au moins pour nous défouler, en appelant le chat par le chat : le Prince voleur, nous t’avons découvert, ayez pitié votre majesté!

Yacouba Diarra

(enseignant à Baco-Djicoroni Golfe)

source : La Rédaction

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