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Élections législatives : Qui remportera le duel fratricide de l’EPM à Bourem ?

Parce que je suis issu du cercle de Bourem, j’avais aussi promis de revenir sur les chances de l’une ou de l’autre de ce fameux duel féminin épique que je voyais venir, qui intéresserait d’ailleurs bien le Mali en entier, pour ne pas dire le continent (une d’entre elles est quand même vice-présidente du parlement panafricain), en plus d’un autre enjeu (bataille d’un héritage dans le cercle du pouvoir actuel), je me dois de revenir sur ce que peut nous donner l’issue de cette joute électorale à Bourem en vous étayant les forces et les faiblesses de chaque liste.

Bourem est composé de 5 communes ; 4 communes sédentaires le long du fleuve Niger (Bamba, Temera, Bourem Ville et Taboye) et 1 commune nomade dans le haoussa (Almoustarat ou Tarkint). Sans insulter la liste URD qui pourrait être de la course, il va être difficile de ne pas croire que le duo gagnant des législatives prochaines ne sortira pas du regroupement politique «EPM» qui a volé en éclats ce jeudi, au dernier jour du dépôt de candidatures pour se retrouver ainsi :

1- La Liste RPM avec Abdou Moha un entrepreneur et Soya Maïga une dentiste

Forces : Elle a la particularité d’être une liste du parti au pouvoir. Elle a la confiance du Maire de Bourem, l’inamovible député UDPM qui fait et qui défait toutes les listes des scrutins électoraux (grâce à elle, Chato est devenue, par exemple député en 2007, après sa débâcle de 1997 ! Elle a le quitus d’une très grande partie de la chefferie de Bourem incarnée par les Touré et du reste, la famille de la 1ère dame de la République du Mali.

Un ancien député de Bourem se trouvant dans le parti politique du Premier ministre a confirmé que les frères et sœurs de Soya ont appelé pour leur confier leur cadette. Pendant ce temps, son colistier est un jeune entrepreneur, membre de l’autorité intérimaire régionale de Gao qui a raflé tous les marchés au profit du cercle de Bourem ; du coup, tient beaucoup de familles et de jeunes sur le marché de l’emploi.

Faiblesses : C’est une liste de jeunes candidats qui font un saut dans l’inconnue ; ils n’ont jamais postulé pour un scrutin électoral quelconque ! Elle va pécher par inexpérience. La liste n’est pas aussi de couleurs. Ce sont deux sédentaires noirs qui vont à la conquête d’un électorat où les peaux blanches (permettez-moi l’expression) abhorrent toute idée de stigmatisation dans cette partie du pays. On la voit mal alors, cette liste, mener une campagne à Tarkint ou, comme c’est toujours le cas, attendre qu’on leur dicte, même si on est au pouvoir, à leur profit, des suffrages conséquents, surtout que le Maire de Tarkint, RPM certes, a claqué la porte de la conférence du parti.

Aussi, le RPM a, certes, choisi une dame pour respecter le genre et la loi qui s’y apparente mais, en politique, tous les détails sont importants quand il faut choisir une femme ; et Soya n’est pas l’idéale pour une communauté conservatrice. À 55 ans, le destin ne lui a pas permis dans sa vie, ni de se marier, ni d’avoir un enfant ! Une femme célibataire, proche de la ménopause, n’offre-t-elle pas à ses détracteurs, durant la campagne, un moyen de s’y rétracter ?

2- La Liste des députés sortants composée de Chato (UM RDA) et Ould Matali (RPM)

Forces : Cette liste qui va devoir se trouver un mode de dépôt de sa candidature, (on parle d’Ensemble Pour Bourem) pour ne pas être attaquée par le RPM ou l’EPM, est celle de deux députés qui ont gagné ensemble en 2013 et qui veulent remettre ça. Ils sont déjà aguerris dans le jeu électoral. Ils disposent de moyens financiers et matériels conséquents, capables de mettre la balance de leur côté. Ils sont capables, même en perdant après le vote, de jouer un «troisième tour» pour rempiler, le passé de certains scrutins électoraux nous l’ont démontré. Leur bilan est mitigé pour moi et ne rentrera pas en compte de mon analyse.

La liste bénéficie néanmoins du concours de 2 sous-sections RPM (Taboye et Tarkint) qui ont opté pour la tendance EPM ainsi que l’ADEMA PASJ qui a écrit dans ce sens, après avoir annoncé qu’elle ne présentera pas de candidat. Outre la présidente de la CAFO, Bintou Guiteye, qui n’a certes pas une totale emprise sur toutes les femmes de Bourem, le nouveau président de l’autorité intérimaire de Bourem est aussi dans le sillage de cette candidature.

Faiblesses : C’est une liste qui souffre un peu de la routine qui s’empare de tout électeur qui voit des élus se comparer comme des indispensables. Chato est à 11 ans de mandat et nombre de ses électeurs antérieurs ont opté pour le changement en le lui disant. Ould Matali a fait de l’AN son antichambre, vient et repart. Leur bilan, je le disais mitigé, puisque le duo a transformé les vraies raisons de leur réélection. Les populations de Bourem se sont résignées à l’assistanat avec eux et ce système d’assistance a fait d’eux des personnes nécessiteuses au point que le minimum vital populaire (eau, électricité, désenclavement, autosuffisance alimentaire….) est relégué au second plan par rapport au spectacle éphémère et dispendieux.

Quel discours de ces deux compères pour ce nouveau front dont l’un (Ould Matali) est à la base de la candidature de Soya au RPM avant d’abandonner la pauvre dentiste dans la tourmente et l’autre (Chato) jouant à la naïveté pour croire que Soya ne sera pas candidate et ne semblerait pas avoir de soutien ! Le combat de face qui pourra donc les opposer le 25 novembre lui fera comprendre que des ficelles sont tirées quelque part, avec l’onction du Maire de Bourem, qu’elle a fait revenir à l’Hôtel de Ville, un an après les élections de 2004, suite à un Arrêt traficoté de la Cour d’Appel de Mopti ; lequel lui fait dos désormais !

Moustaphe MAÏGA

 

Le Reporter

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