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ELECTIONS COMMUNALES : Le gouvernement va vite en besogne!

Les multiples programmations et reports des élections communales attestent que l’Etat veut s’illustrer sur un terrain dont il n’a pas la maîtrise. Sa crédibilité a été fortement entachée par ce dossier.

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Elu par une écrasante majorité des Maliens (77,61 %) sur des promesses de paix, de réconciliation, de développement… le président de la République était perçu comme un leader de rupture. Mais environ trois ans après son investiture, Ibrahim Boubacar Keita s’est érigé en dirigeant de la continuité. Sa gouvernance n’a rien à envier aux jours sombres de feu le régime ATT, dont il était pourtant l’un des farouches pourfendeurs.  Même s’il ne l’admet pas volontiers, le chef de l’Etat semble dépassé par la tournure des événements, lui qui ambitionnait au départ de transformer le Mali en un « paradis terrestre » avec sa recette magique. Sous la férule d’IBK, le gouvernement n’arrive ni à anticiper sur les problèmes ni à apporter des solutions à ceux déjà existants. Ce qui explique en grande partie l’ébullition constante du front social. Pour redonner le sourire à nos compatriotes, les autorités devraient opter pour des solutions concertées et des décisions réfléchies. Il est inutile d’entamer des démarches contraires aux attentes du peuple dans un contexte où la banalisation des dispositions du gouvernement devient de plus en plus fréquente. En se rétractant continuellement, l’Etat devient moins crédible. Les multiples programmations et reports du scrutin communal en sont une parfaite illustration.

Le gouvernement doit relever le défi de l’organisation des élections communales sur toute l’étendue du territoire national. Malgré le temps perdu, ce challenge n’est pas au-dessus des capacités des autorités. Celles-ci doivent cibler les priorités, en élaborant d’abord un chronogramme bien défini. Cela est d’autant plus vrai que beaucoup d’actes doivent précéder l’organisation d’élections communales dans le Mali d’aujourd’hui. Le gouvernement doit en premier lieu ramener la sécurité et le personnel administratif au Nord, sans oublier d’achever le processus de retour des réfugiés vivant toujours dans les pays voisins. Aussi, l’Etat doit exercer de nouveau son autorité sur le septentrion en commençant par recoudre le tissu social fortement ébranlé par les récentes violences intercommunautaires.

Cacophonie

C’est pourquoi, beaucoup d’observateurs politiques ont été stupéfaits par l’adoption en Conseil des ministres du 10 août 2016 d’un projet de décret du ministère de l’Administration territoriale qui convoque le collège électoral à l’effet de procéder à l’élection des conseillers communaux le 20 novembre 2016. Dans les milieux politiques, l’on s’interroge sur la pertinence de ce projet en ce sens que ces mêmes élections avaient déjà été reportées à plusieurs reprises pour des raisons qui demeurent. Les dirigeants, qui sont attendus au tournant par l’opinion, doivent déjà préparer leur argumentaire.

Cependant, la mise en place des autorités intérimaires dans les collectivités du Nord pourrait expliquer l’empressement du gouvernement à organiser les élections municipales. Sous le feu des critiques depuis le vote par l’Assemblée de la loi sur les autorités intérimaires, l’Etat chercherait peut-être une porte de sortie honorable. Celle-ci passerait, à ses yeux, par un scrutin municipal dans un futur proche même si ces conditions d’organisation ne sont pas réunies pour le moment. Sinon comment comprendre la mise en place d’autorités intérimaires seulement quelques semaines avant les élections dans ces collectivités? Au rythme actuel, il y a de fortes chances que la date prévue pour les élections arrive bien avant la fin de cette très controversée installation. Il y a vraiment anguille sous roche et un vice de raisonnement. La logique commanderait de surseoir à l’installation des autorités intérimaires et d’œuvrer à la normalisation de la situation dans les régions du Nord. Surtout que l’Etat ne pourra rien y entreprendre sans la paix et des concertations avec les populations locales. Les affrontements sanglants du 12 juillet dernier à Gao nous ont encore rappelés que seul le dialogue aidera l’Etat à s’en sortir.

La convocation du collège électoral le 20 novembre prochain suscite non seulement des questions sur l’installation des autorités intérimaires mais aussi sur le projet de calendrier électoral récemment annoncé par le gouvernement et la Mission de l’Onu au Mali (Minusma). Ce programme prévoit la tenue d’un referendum constitutionnel le 27 novembre 2016, des élections régionales et locales au cours du premier trimestre 2017 ainsi qu’une présidentielle en juillet 2018 et des législatives quatre mois plus tard. Il est évident que le projet de décret du ministère de l’Administration territoriale de la semaine dernière impactera le calendrier original. Mais, pour l’heure, le gouvernement maintient le silence radio sur ce sujet. Fidèle à ses mauvaises habitudes, il attend peut-être que l’opposition politique monte sur ses grands chevaux pour clarifier ses vraies intentions. Au demeurant, les Maliens sont désormais familiers avec les reports des scrutins sous IBK. Une situation qui discrédite l’Etat.

Ogopémo Ouologuem

(correspondant aux USA)

 

Source: lesechos

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