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Editorial : Faire du « ATTisme » sans ATT ?

IBK nourrit une royale prédilection pour la gestion solitaire du pouvoir. Pendant sa campagne électorale, il n’a eu de cesse de dénoncer le consensus politique cher à son prédécesseur ATT, consensus qui, à ses dires, serait à l’origine des maux qui ont assailli le Mali en 2012. Joignant le geste à la parole, il n’a mis dans son premier gouvernement – celui dirigé par Oumar Tatam Ly – que ses amis et alliés politiques.

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Il a fallu attendre des revers politiques majeurs, comme l’histoire du Boeing 737 et le scandale du marché d’armes de 69 milliards, pour qu’IBK daigne ouvrir son équipe à quelques autres formations politiques (CNID, CODEM, etc.) afin de « décentraliser », en quelque sorte, ses problèmes.

La défaite cinglante subie par l’armée malienne à Kidal semble convaincre le président des vertus du consensus politique. Pour la première fois depuis son élection, il a accepté de rencontrer, deux fois de suite, l’ensemble de la classe politique à Koulouba pour parler des préoccupations de l’heure. Comme si, avant la débâcle de Kidal, lesdites préoccupations n’existaient pas ! IBK a même poussé l’humilité jusqu’à solliciter des partis invités leurs propositions de sortie de crise. S’ajoutant à l’humiliation nationale subie à Kidal, le gel des aides budgétaires du FMI, de la Banque Mondiale et de l’Union Européenne renforce la volonté présidentielle d’ouvrir le gouvernement à l’opposition. D’autant que celle-ci pourrait aider IBK à faire gober aux Maliens, très soucilleux sur la question de l’intégrité territoriale, l’amère pilule des concessions multiples que la faiblesse militaire, économique et diplomatique du pays le conduira à faire aux groupes armés du nord.

On ne devrait donc pas s’étonner que dans les prochaines semaines, un gouvernement d’union nationale ou de large ouverture soit formé. Sera-t-il dirigé par Moussa Mara, par un responsable du RPM ou par un leader de l’opposition ? Nul ne le sait.

L’opposition acceptera-t-elle d’y siéger ? Nous supposons que oui, les hommes politiques maliens, quelle que soit leur chapelle, ayant toujours eu pour premier programme d’obtenir des privilèges d’Etat. Cependant, il n’est pas sûr que le chef de l’Etat, fort jaloux de son pouvoir, et son parti, peu enclin au partage, conservent une équipe de consensus une fois éloignés les périls qui ont rendu nécessaire sa formation. Surtout quand on sait que Soumaila Cissé, Tiébilé Dramé et autres n’ont jamais tiré un trait sur leur ambition de devenir en 2017 califes à la place du calife.

En tout état de cause, un gouvernement d’union aura l’avantage d’élargir la base populaire du pouvoir, de mettre fin aux polémiques politiciennes, de réunir la nation autour de l’essentiel, de sortir l’économie du marasme actuel et de permettre au président de remplir ses engagements de campagne.

Cela vaut bien la peine de partager le gâteau et, sans le crier sur les toits, de faire du « ATTisme » sans ATT

Tiékorobani

 

SOURCE: Procès Verbal  du   19 août 2014.
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