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Edito : s’en réjouir ou s’en inquiéter ?

Les autorités intérimaires viennent d’être installées à Gao, Kidal, Ménaka. A Taoudéni et à Tombouctou, elles n’ont pas pu l’être. Gageons que ce sera dans peu de temps.

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Une avancée dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger vient de se réaliser. En effet, la mise en place de ces autorités était prévue par l’annexe 1 du document cité. Lentement, très péniblement, des conditions de retour à la paix dans le Nord Mali se concrétisent. Il n’empêche, des inquiétudes demeurent. Et ce, pour plus d’une raison.

En effet, comment ne pas être inquiet si l’on sait comment ces autorités ont été installées. C’est comme si notre pays a été divisé en baronnies pour être attribuées à des potentats locaux. En cette seconde décennie du XXIè siècle, alors que les vertus de la démocratie se trouvent constamment prônées, comment comprendre que l’on puisse venir imposer à des populations des responsables alors que rien n’exclue la possibilité d’organiser des élections ?

Comment ne pas être inquiet si l’on sait que le Représentant de l’Etat siégeant auprès de ces autorités intermédiaires est pratiquement pris en otage par ces potentats locaux ? Nommé par le pouvoir central, il doit composer avec quatre « conseillers » désignés par les rebelles et les groupes d’autodéfense.

Certains domaines régaliens semblent garantis : la défense, les finances… restent domaines de l’Etat. Cependant, son contrôle sur les actes des chefs des exécutifs locaux s’exerce à postériori ; d’où le risque que ce contrôle, se révélant inefficace, ne puisse empêcher l’exécution de décisions lésant les intérêts supérieurs de la Nation.

Mais, surtout, comment ne pas éprouver la plus grande inquiétude si l’on se réfère à la cérémonie d’installation de l’autorité intermédiaire à Kidal ? Un ancien rebelle devenu par la suite un déserteur de l’armée malienne s’est vu investi dans ses fonctions par le ministre chargé de l’Administration territoriale. Il a accepté de porter l’écharpe tricolore. Mais est-ce suffisant ? Un fait troublant lors de la cérémonie : le drapeau des rebelles déployé dans la salle comme le drapeau de la République. N’est-ce pas une marque de reconnaissance du principe « un pays, deux Etats ? » « Tout est négociable », avait dit Hassan II à propos du Sahara Occidental, tout, « sauf le drapeau et le timbre », avait-il soin d’ajouter. A Kidal, le drapeau n’a pas eu besoin d’être négocié, il a été imposé et accepté. Inquiétant, car cela présage l’autonomie en attendant l’indépendance ! Petit à petit, les rebelles conquièrent du terrain et sont sûrs de faire aboutir toutes leurs revendications.

Aussi, ce qui inquiète dans la mise en œuvre des dispositions de l’Accord, c’est la déliquescence de l’Etat face à ces revendications : il a choisi de négocier en position de faiblesse, acceptant tout ce qui lui semble susceptible de ramener la paix dans le Nord. Tout, y compris ce qui ne sert nullement ses intérêts, mais, plutôt, le discrédite.

Les Keïta ne veulent pas entrer dans l’histoire comme ceux sous qui la République du Mali s’est disloquée ; d’où les concessions qu’ils ne cessent de faire aux séparatistes. Pourvu que ces concessions ne finissent par provoquer l’effet non escompté.

LA REDACTION

 

Source: Le Sursaut

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