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EDITO: Non, Madame la Gouverneure, ceci n’est pas une affaire personnelle !

«Dame de fer», «femme de rigueur», «de poigne», «coriace, «Mousso Kissê»… C’est visiblement pour faire honneur à son rang et ces qualificatifs pour le moins flatteurs que la nouvelle gouverneure du District a fait du déguerpissement une affaire purement personnelle. L’erreur ! Bien évidemment, on ne gouverne pas avec le cœur mais avec  la raison et le bon sens.

controleur general sacko aminata kane policiere Gouverneur bamako

Qu’on se le dise : tout le monde aspire à une ville propre où il fait bon vivre. Tout le monde, y compris les «occupants anarchiques», serait fier de retrouver «Bamako la coquette» (l’attribut date du temps colonial), mais à quel prix ? A celui de l’injustice, de la barbarie, des émeutes et affrontements dans un pays déjà chancelant?  C’est visiblement la voie qu’a choisie la nouvelle gouverneure.

Mais à y voir de très près, c’est surtout le souci de plaire et rester conformes aux préjugés favorables qui lui sont attribués à tort ou à raison, que la nouvelle «Maîtresse» du District sévit à l’heure actuelle. Et elle commet l’erreur de trop parler, d’offenser en outre ses victimes. Pour tout dire, elle les humilie par ses propos jugés désobligeants  dans une société que l’on sait à dominance,  phallocrate, religieuse et conservatrice.

Dépossédés de tous leurs biens acquis de longue lutte et suite à d’ultimes sacrifices, les voilà maintenant blessés dans  leur amour propre. Et l’Homme en général et Malien en particulier à ce stade, a très peu de chose à perdre, pour ne dire, rien du tout ! Et on le sait, celui qui a tout à gagner n’a absolument pas intérêt à se mesurer à celui qui n’a rien à perdre. Moins prosaïquement, l’Etat malien a tout à gagner à préserver la quiétude à Bamako en ces temps qui courent.

Cette assertion explique en grande partie le radicalisme, voire le phénomène djihadiste. Tenez  par exemple: les dégâts dits collatéraux, à savoir la mort de civils non-combattants suite aux bombardements des alliés en Irak, Syrie, Libye entre autre, ont engendré des kamikazes et des extrémistes religieux très violents… Ils n’ont plus rien à perdre parce qu’ils ont déjà tout perdu. Passons !

«Occupants anarchiques» dit la nouvelle Gouverneure du District. Un terme inapproprié dans de nombreux cas. Mais en admettant qu’il en soit ainsi, chercherait-elle à combattre l’anarchie par l’anarchie ? Si oui, c’est la voie royale vers le chaos.

Il importe qu’elle dépassionne le débat, et surtout qu’elle abandonne sa carapace de «Mousso Kissè». C’est à ce prix qu’elle pourra gouverner sainement. Ce ne sont pas les Familles Fondatrices de Bamako qui renieront cette sagesse. Et pour cause : Le jour où le Tout- Puissant Mogo Naba de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso) se rendit dans le Vestibule des Niaré, il demanda aux hommes regroupés sur place à voir le chef. Ceux-ci lui montrèrent le «maigrichon» assis là-bas au fond. L’étonnement du Mogo-Naba n’était pas feint. Comment dit-il, un chef peut être aussi effacé alors qui lui, Tout-Puissant Mogo-Naba est littéralement vénéré chez lui par les siens. Le Patriarche des Niaré le prit en aparté et lui expliqua les raison de son effacement.   C’est lui dit-il, «parce que je suis à la tête d’hommes fiers, orgueilleux, bagarreurs et intrépides. Chacun d’eux est à mesure de se tailler un royaume à l’image du tien. Mais ici, ils ne demandent qu’une chose : le respect. C’est la raison de mon humilité à leur égard et c’est  à ce prix que je les gouverne dans la sérénité.».

 

B.S. Diarra

Source: La Sentinelle

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