Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Edito : La Transition empire !

« C’est Dieu et le peuple qui sont derrière cette transition », cette assertion est celle d’une haute autorité de la transition, qui aime à la répéter à  satiété. A se demander si elle reflète une appréhension ou un satisfecit  des princes du jour ? Cette phrase ambivalente à souhait fait penser à une citation du célèbre écrivain ivoiro- guinéen, Ahmadou Kourouma, à savoir : « quand un homme la corde au cou passe près d’un homme tué il change de démarche et rend grâce à Dieu du sort que le tout puissant lui a réservé » dixit A. Kourouma dans “En attendant le vote des bêtes sauvages ‘’.

 

Aujourd’hui, affirmer à haute et intelligible voix que c’est Dieu qui soutient un régime de transition constitue en soi un déni de réalité. En effet, l’on peut admettre que Dieu soit derrière le peuple pour alléger le poids de son  fardeau, adoucir son sort, ou pour l’aider à  supporter ses supplices et les sacrifices imposés par les choix du moment. Mais Dieu soutenant un régime ? C’est là un discours semblable à s’y méprendre à celui d’un chef de l’exécutif récent de notre pays, crédité d’un suffrage hors du commun qui disait que tant que « ses deux mains sont entre celles de Dieu, il ne craint plus rien encore ». Ironie du sort, il fut un après-midi  contraint de  signer sa démission, consacrant la chute de son pouvoir. La transition sur laquelle l’espoir de la nation est fondé pour assurer à notre pays un devenir meilleur est certainement loin de cette configuration.

Cependant, elle est tenue de s’inspirer de toutes les expériences du passé. Le fait que le principal maître de la transition parle peu, apparait moins et agit par procuration, il n’est pas interdit de se demander si réellement il prend  le pool de son peuple. Or, il doit avoir à l’esprit que tout ce qui se fait en termes d’actions   publiques lui est imputable. Autant en termes de succès contre les terroristes, de dons de forages que les nominations, les incarcérations et les tripatouillages dans la publication des décrets importants, tels ceux attribuant des logements sociaux aux moins méritants ou plus récemment la désignation des membres de la Haute Autorité de la Communication (HAC). Cela, parce que le pouvoir de transition en tant qu’instance de commandement met en relation directe l’individu empirique (le chef) avec le peuple. Ce faisant, les décisions du chef, bonnes ou mauvaises, sont exécutées à la lettre et illico presto  certes, mais très souvent sans l’assentiment du peuple . Or de nos jours les critiques sont bannies et peu dans la cour du chef osent élever la voix pour souligner un moindre dysfonctionnement au risque de se voir taxer de traitre ou de conspirateur. C’est ainsi que bénéficiant de l’affirmation des attributs de la puissance publique, le chef, chaque matin, placé devant son miroir,  voit le reflet de l’homme serein, exempt de reproches et  croirait en toute bonne conscience en sa bonne étoile auprès d’un peuple rassuré. Personne parmi ses conseillers ne s’aventurant à le contrarier au risque de le frustrer. Tout cela conduit aux bonnes paroles de ses nombreux laudateurs habitués à arpenter à la vitesse de la lumière les couloirs qui mènent au  palais. Y compris au risque de l’exposer et d’en faire un singleton. Car difficilement le chef pourra être alerté quant aux  ressentis du lumpenproletariat s’il ne dispose pas de relais conséquents. Pour être clair, au cours de  cette transition, on a l’impression que c’est ce scénario qui se produit. Il revient donc au chef de reprendre en main la situation, d’arrêter le marchandage du délai de la transition, d’inviter tout le monde au pied des grands chantiers amorcés et de s’approcher davantage de son peuple comme récemment à Koutiala. Cela avant que la situation ne s’empire.

Moustapha Diawara

Source : Le Sursaut

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance