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Édito : IBK est sauvé, mais le pays titube !

Bamako, la capitale malienne, est en passe de tourner la page de la contestation populaire qui réclamait la tête du président de la République. Des semaines durant, personnalités maliennes et partenaires étaient au four et au moulin afin de freiner l’élan qui conduisait toute la Nation au pire. Mahmoud Dicko et le Chérif de Nioro, les deux hommes les plus consultés ont accepté de revoir le schéma. Le fauteuil présidentiel est sauvé. Mais les Rois de la rue posent des conditions pour arranger la situation. Élections partielles, dissolution de la cour constitutionnelle, formation de gouvernement d’union nationale… option validée par les partenaires du Mali pour décrisper le climat.

IBK est désormais à l’abri, mais le pays titube toujours. La remarque est perceptible au niveau des deux camps.

D’abord, le clan Dicko. Au sein du M5-RFP, la nouvelle d’épargner IBK n’est pas unanimement partagée. Les radicaux crient déjà à la trahison. Cela est lisible à travers le communiqué de la jeunesse de l’EMK du cinéaste Cheick Oumar Sissoko qui évolue désormais en solo. Elle décide de sortir en ce début de semaine et fait appel à la jeunesse du M5-RFP. Une première depuis le début du mouvement, car les déclarations ont toujours été conjointement signées. Les récents messages postés aussi par des politiques et activistes sur leur page Facebook, Aboubacar S. Fomba et Amara Bathily, sont synonymes de malaise. Une réorganisation serait en vue, pilotée par les radicaux, afin de continuer la lutte pour la démission d’IBK et de son régime. Cette situation dénote que dès le départ, aucune ligne directrice n’avait été planifiée et validée par l’ensemble. Ils se sont tout simplement retrouvés parce que tout le monde est unanime que ça ne va pas et il faut que ça change. Mais comment mener le combat ? C’est là où le M5 RFP a manqué d’intelligence.

Ces radicaux ne sont pas à négliger. Certes Dicko était l’acteur de la mobilisation, mais c’est l’expression « IBK et son régime démissionnent » qui a le plus mobilisé. Et le 19 juin passé, lorsque Dicko a appelé au calme et demandé aux manifestants de rentrer à la maison, la déception se lisait sur les visages. La majorité était sortie ce jour pour mettre fin au régime et au système.

Cette nouvelle fronde en gestation, si elle est bien organisée, pourra couper le sommeil aux gouvernants. Elle peut être le soubassement d’une prochaine contestation, car avec IBK les arrangements politiques ont toujours mal tourné. La dernière illustration, c’est l’accord politique de gouvernance qui s’est soldé par le Dialogue national inclusif. Quel bilan ? Les maux du pays sont toujours là et s’exacerbent. Et le M5 RFP est né des cendres de cet accord. Donc, qu’on ne soit pas étonné de ce qui adviendra après le compromis en cours.

Du clan de IBK aussi, deux bords sont perceptibles : les partisans du dialogue et les radicaux. Et cette division a pris corps depuis les législatives. Tréta et Timbiné sont les principaux acteurs.

Tréta à la tête d’une bonne partie, sinon l’ensemble de l’EPM, est pour le dialogue. Même s’ils ne l’affichent pas, ils sont favorables à la dissolution de l’Assemblée nationale pour la simple raison que l’actuel occupant est devenu un ‘’ennemi politique à eux’’. Alors ils adhèrent à toute tentative pour abattre Timbiné devenu aussi une grande partie de cette contestation et redorer leur blason de l’humiliation politique dont ils ont été victimes avec le choix d’IBK lors des tractations pour désigner le candidat du parti pour le perchoir. C’est ce qui explique aussi le fait qu’ils se sont désolidarisés des actions posées par le regroupement Convergence des Forces républicaines (CFR) pour soutenir les institutions. Ils pensent que c’est un instrument de Timbiné pas pour protéger les institutions, mais se sauver lui-même.

Du côté des radicaux (CFR), ils sont prêts à aller au charbon. Selon eux, pas question de céder même d’un iota. Aucune institution ne tombera à cause du M5-RFP qui ne représente pas d’ailleurs, à leurs yeux, le peuple comme ils le prétendent. Pour cela, ils avaient activé leur machine avant d’être stoppés par IBK, le Chérif Haïdara, la MINUSMA…

Composés majoritairement de jeunes, ce sont eux les boucliers d’IBK, car ils ont été de tous les combats qui ont failli faire partir le Président.

Si IBK cède à la pression des partenaires du Mali, le regroupement de Tréta, le clan Dicko dans le M5-RFP, en dissolvant l’Assemblée et la Cour constitutionnelle, il ouvrira un grand boulevard à une nouvelle fronde composée uniquement par ses propres fils.

Là, il sera complètement isolé et observera de façon impuissante la prochaine bataille qui risquera d’être fatale pour lui. Car il n’y a pas à espérer de ce qui se trame. Sa finalité, c’est une révolution inédite qui emportera plusieurs têtes.

Boubacar Yalkoué

Le Pays

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