C’est au moment où la crise énergétique bat toujours de l’aile avec son corollaire des délestages intempestifs privant la quasi-totalité des populations de la précieuse et indispensable denrée qui est le courant, que la ministre de l’énergie et de l’eau, via sa cellule de communication essaie d’en dormir la conscience.
Par sa récente sortie médiatique elle semble en rajouter à la crise en cherchant des boucs émissaires au lieu de faire son mea maxima culpa. Elle crie au complot et à la cabale médiatique contre elle. La question que tout bon malien doit poser à Mme la ministre est celle de savoir à quand est ce que l’amélioration qu’elle avait promise serait une réalité ? De mémoire d’homme jamais la situation énergétique ne s’est autant exacerbée qu’après la sortie inopportune de la ministre de l’énergie et de l’eau sur les antennes de l’ORTM. Au lieu de faire une auto-évaluation doublée d’une autocritique afin de tirer objectivement toutes les conséquences du droit et rendre le tablier, Mme la ministre « cherche des poux sur la tête chauve » de certains maliens. Certainement qu’elle n’en est pas pour grand-chose dans la chaotique situation de l’EDM-sa, mais pour avoir affirmé Urbi et Orbi que la situation s’améliora et que c’est le contraire que les usagers ont constaté, il est moralement et éthiquement recommandé qu’un agent qui se rend coupable des faits s’apparentant à une violation de sa parole donnée doit rendre purement et simplement sa démission, afin de préserver son honneur et sa dignité. En ne le faisant pas elle doit observer un silence- radio pour ne pas remuer le couteau dans la paix béante.
En revenant à la sortie de sa chargée de communication, qui s’apparente à un droit de réponse ou une réplique à toutes les allégations incriminant Mme la ministre, comme ayant sa part de responsabilité dans les délestages intempestifs du courant, cette sortie a été à la fois inopportune, mal inspirée, mais aussi et surtout chaotique car elle en rajoute non seulement à la grande confusion autour de la gouvernance de la société énergie du Mali, mais aussi et surtout ne propose aucune piste de solutions urgentes à court et moyen terme. En effet, nombreux étaient les citoyens à espérer sur une nette amélioration dans la desserte du courant aux usagers après sa grande interview, mais quelle n’a pas été leur surprise de constater que la situation s’est fortement dégradée au point de devenir chaotique. Quid des grandes dénonciations qu’elle a faites, surtout celles concernant les dossiers tant des 59 citernes qui se sont volatilisées dans la nature en seulement quatre jours que du carburant détourné. Elle se contente de dire dans sa longue missive, eh pardon, dans sa réplique aux médias, qu’ils sont entre les mains de la justice. Que dire du dossier des 27 groupes électrogènes dont 13 ont pris feu à leur installation ? Mme la ministre n’a-t-elle raté l’occasion de se taire ? Surtout à un moment où les citoyens sont confrontés à la pire des crises énergétiques jamais connues depuis l’indépendance. Ils sont tellement agacés surtout qu’ils ne voient nullement pas pointer à l’horizon une lueur d’espoir. Bref le bout du tunnel est encore loin.
Elle aurait dû réfléchir mille fois et mesurer les conséquences de sa sortie médiatique avant d’écrire un si long droit de réponse qui la jette une fois de plus en pâture. Ce qui est aberrant c’est qu’elle parle de cabale médiatique dont l’objectif est de ternir son image et bafouer sa dignité et son honneur. Aujourd’hui l’occasion semble bonne pour elle de préserver ces vertus en rendant la démission. Nul n’est indispensable et la gestion de la RES publica exige de chaque citoyen un devoir de redevabilité qui s’évalue à l’aune des actes posés et des résultats engrangés. Le bilan de Mme Bintou Camara à la tête du département de l’énergie et de l’eau est catastrophique donc elle doit tirer toutes les conséquences et rendre le tablier.
En somme, par cette sortie à la fois inopportune et hasardeuse, Mme la ministre semble non seulement perdre son self control, mais aussi et surtout minimiser la gravité de la situation et enfin occulte les propos et les promesses qu’elle a tenus sur les antennes de la chaine nationale lors de son grand et inoubliable oral. Le moment a été mal choisi, car le peuple souffre et l’économie en pâtit, tout comme les ménages.
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance