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Echanger 4 otages contre la libération de plus de 200 présumés terroristes est-il compatible avec la lutte contre le terrorisme ?

Opinion – La crise multidimensionnelle que traverse le Mali ne peut être réglée que par une justice impartiale fondée uniquement sur la loi. Le contraire n’existe pas. L’échange survenu entre les autorités publiques et les groupes terroristes doit être analysé sous l’angle de l’approche d’une solution pérenne de la paix en se démarquant de tout sentiment partisan.

 

A cet effet, conformément à l’article 13 de la loi du 23 juillet 2008 portant répression du terrorisme au Mali : « Les infractions prévues par la présente loi sont passables de la réclusion criminelle à perpétuité. Toutefois lorsque l’acte de terrorisme a entrainé la mort d’une ou plusieurs personnes, il est puni de la peine de mort ». Une telle fermeté est confirmée par la loi 2016 portant loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

L’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger de 2015 va dans le même sens en rejetant toute forme d’impunité ou d’amnistie. On se souvient de cette déclaration du secrétaire général du Ministère de la justice malienne en 2017 : « notre ambition est si forte de réduire à néant cette gangrène que, presque, tous les moyens sont bons comme armes, mais notre forte croyance en l’Etat de droit nous incline à ne nous servir que de l’arme du droit ». Cette volonté est réitérée par les nouvelles autorités publiques dans le discours d’investiture de Président de la République en promettant l’impunité zéro.

Cet arsenal juridique suivant de discours politiques ne semble donner aucun effet en pratique. Contraire à la démocratie, à la philosophie de lutte contre le terrorisme, à la volonté de l’impunité zéro, cet échange peut avoir deux conséquences graves parmi d’autres.

D’abord, l’espoir des victimes d’actes terroristes de voir juger un jour les présumés coupables s’est envolé. Nous avons manqué notre devoir patriotique de solidarité envers ces victimes. Ils pleurent toujours leur mort : les massacres survenus à Aguelock, Tessalite, Gao, Kologo, Ogossagou, Sobanou, Bamako…

Ensuite, la mémoire des soldats mort au front pour défendre la patrie est déshonorée. Ce qui peut inciter leurs frères d’arme au front actuellement de ne plus capturer le terroriste pour le mettre à la disposition de la justice en le tuant tout simplement, en toute violation des droits de l’homme, une violation encouragée par l’impunité.

Enfin, si seulement on pouvait s’imprégner de ce passage du discours de mai 2004 de Me. Abdoulaye Garba TAPO : « Un pays a beau être pauvre, les citoyens ont beau végéter dans la misère, s’il existe un minimum de justice, alors l’espoir demeure ».

Denis KAMATE

Spécialiste des Droits de l’homme et Justice internationale

Malivox

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