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Drones militaires : la France tente de rattraper son retard

Ce type d’équipement est devenu indispensable sur le champ de bataille.

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Un grand nombre de projets seront présentés au Salon du Bourget.

Le Salon du Bourget, qui ouvre ses portes la semaine prochaine, sera l’occasion de constater la prolifération des projets de drones depuis deux ans. Des start-up constituées par une poignée de jeunes étudiants aux géants de la défense, chacun défend son concept de surveillance par les airs pour des usages de sécurité, d’observation ou de sauvetage. «  Le marché mondial des drones civils et militaires, qui s’élevait à 4 milliards de dollars en 2015, devrait atteindre 14 milliards par an d’ici à 2025 », constatent les sénateurs Cédric Perrin et Gilbert Roger dans un récent rapport sur les enjeux de souveraineté liés aux drones dans les forces armées.

Dans le militaire, la compétition est également féroce. Tous les grands acteurs ( Thales, Safran, DCNS, Leonardo) mettent les bouchées doubles afin de rattraper l’incroyable retard pris par les Européens face aux Américains et aux Israéliens. Aujourd’hui, 80 pays seraient détenteurs de drones militaires – la flotte américaine compterait 800 drones Male (moyenne altitude longue endurance) – et une dizaine d’Etats utiliseraient des drones armés. Un pas que n’a pas encore franchi la France.

Mais le réveil a été brutal. Au Sahel, l’armée française a pris la mesure de l’importance tactique de ces aéronefs autonomes, dont l’avantage par rapport aux avions habités est d’offrir une certaine permanence dans le ciel pour surveiller de grands espaces sans mettre en danger des pilotes. « Malgré cet intérêt militaire de premier ordre, force est de constater que la France, à l’instar d’autres pays européens, a, pour une large part, manqué le tournant décisif des drones, du moins en ce qui concerne les drones de théâtre [de type Male, NDLR]  », constatent les sénateurs.

Surveillance et frappes ciblées

Alors que les Etats-Unis utilisent systématiquement des drones pour leurs opérations depuis la guerre du Golfe, pour la surveillance, puis, à partir du 11 septembre 2001, pour des frappes ciblées, l’armée française a dû très vite appeler au secours les Etats-Unis au Mali. En 2013, elle a acquis en urgence des Reaper de General Atomics, la loi de programmation militaire 2014-2019 prévoyant la livraison de quatre systèmes complets (12 drones et 4 liaisons sol). Deux sont déjà utilisés et deux restent à fournir en 2019. «  Les Reaper servent à l’heure actuelle de manière intensive dans la bande sahélo-saharienne, où ils ont changé la physionomie du combat », notent les sénateurs. Néanmoins, la France ne peut utiliser ces drones de surveillance librement : les Etats-Unis ont autorisé leur usage pour la seule bande sahélo-saharienne, conservent la maîtrise de l’entretien et «  la confidentialité du flux de données captées n’est pas garantie », notent pudiquement les sénateurs.

Est-il trop tard pour se doter d’un drone européen ? L’Allemagne, l’Italie, la France et l’Espagne ont signé une lettre d’intention en mai 2015 pour lancer un programme commun, et un contrat d’étude de définition a été confié à Dassault, à Airbus et à Leonardo. Si tout va bien, les Etats européens se mettront d’accord sur les spécifications de leur futur drone commun en 2018, obtiendront des financements grâce aux nouvelles possibilités du fonds défense en discussion à Bruxelles et seront livrés… vers 2022-2025. L’Europe sera alors autonome sur la surveillance, le débat sur l’armement ou non du drone restant à mener. «  Entre le moment où on a découvert le drone de théâtre et la mise en oeuvre du Male européen, il se sera alors passé trente-trois ans », ironise un historien de la défense, alors même que, dans les années 1960, on a mis moins de dix ans pour faire le missile balistique.

Anne Bauer, Les Echos

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