Près de 3 tonnes de cannabis d’une valeur estimée à 3,3 milliards de F CFA, est l’importante saisie effectuée le samedi 13 août 2016 par la Brigade mobile d’intervention (BMI) de Bamako. Une saisie record dans les annales de la douane malienne tant par la quantité que par la valeur de la drogue.
Il a fallu toute l’intelligence des agents de la BMI, sous la responsabilité de leur chef, l’inspecteur Abdrahamane Diakité pour que les trafiquants de samedi dernier soient mis hors d’état de nuire. Ils transportaient à bord d’un camion 10 tonnes, immatriculé AF-9225-MD, 1254 paquets de cannabis de 2106,88kg, estimés à 3 305 544 000 F CFA (sa valeur marchande actuelle).
Telle une caserne d’Ali Baba, la fameuse prise était soigneusement planquée dans un compartiment de la carrosserie bien aménagé, d’un mètre de profondeur. Des plaques de cannabis testées comme tels y étaient enfouies dans des sacs en polypropylène.
Le 13 août 2016, les agents de la BMI en service au poste de contrôle de Zantiguila sur la route de Ségou ont reçu Seydou Diarra, le chauffeur dudit camion. Celui-déclare venir de Fana avec pour destination Bamako et qu’il n’a aucune marchandise à bord.
Au contrôle du véhicule, les douaniers n’ont effectivement vu qu’un camion vide. Cependant leurs soupçons ont porté sur la carrosserie dont l’intérieur présentait des couches fraiches de peinture avec un aménagement spécial à des fins douteuses.
Confortés par la découverte insolite, les limiers de la BMI ont invité le chauffeur à une fouille minutieuse du véhicule qui ne pouvait se faire que dans les locaux de la BMI à Bamako.
Un agent accompagnant le chauffeur Seydou Diarra et son apprenti Bourama Traoré ont pris la direction de la BMI. Au tournant de Yirimadio menant au 3e pont, le chauffeur conscient de son forfait et surtout de ce qui l’attendait, a demandé un arrêt sous prétexte que son moteur se chauffe et qu’il doit mettre de l’eau dans le radiateur. Il profite de cette occasion pour se tailler dans la nature. Son apprenti qui voudrait le suivre a été pris par l’agent de douane.
Circuit Ghana-Burkina Faso-Mali
Le camion et l’apprenti ont été conduits à la BMI. En plus du cannabis, les fouilles ont permis de mettre la main sur une carte grise au nom de Fouseyni Traoré, commerçant à Lafiabougou Bamako rue 480, porte 61.
Selon les aveux de l’apprenti, le camion est toujours stationné dans un garage d’où il ne sort que lorsqu’on leur fait appel du Burkina Faso pour transporter la fameuse marchandise (drogue). Selon lui, la drogue qui provient du Ghana est transportée par les soins d’un certain « Madou Burkina ». Celui-ci la transmet à un nommé Abdoulaye qui la dépose à son tour à Amélé, à 130 km de Bobo-Dioulasso. Le circuit Ghana-Burkina Faso terminé, les dealers maliens prennent le relais. Toujours aux dires de l’apprenti, la drogue une fois arrivée à Bamako, est déchargée dans une maison à Sébénikoro. Mais il dit ne pas reconnaître l’endroit précis. Ce voyage se passe au moins deux fois par mois.
Le Mali figure depuis longtemps sur la liste noire de plaque tournante de la drogue en Afrique. Le nord du pays écumé par les trafiquants de drogue et tristement connu par la ténébreuse affaire « d’Air cocaïne » rivalise d’ardeur avec le Sud. Les agents du DG des douanes, le colonel Modibo Kane Kéita viennent de taper dans la fourmilière.
Depuis combien de temps et quelle quantité de marchandises illicites ces quidams ont déversée dans notre pays ? La douane qui a mission de protection de la santé des populations en plus de celle de l’économie est dans son beau rôle. Une fière chandelle doit être dressée à la BMI félicitée en 2015 par la Coopération française comme la meilleure dans le monde de par ses actions. Leur rôle est cependant peu encouragé par les décideurs de notre pays qui ne les gratifient ni de médaille ni de prime de saisie alors qu’ils risquent leur vie.
Selon les dispositions de l’article 271 du code des douanes, l’affaire suit son cours. En attendant de mettre le grappin sur ses autres complices, l’apprenti indélicat a été mis à la disposition du procureur de la République près le tribunal de la Commune III du district de Bamako. Il est accusé par le procès verbal douanier dressé en la circonstance « d’une infraction qualifiée d’importation en contrebande de marchandises prohibées à l’importation et à l’exportation ».
Abdrahamane Dicko
Source: lesechos
