Dans l’un des passages du Livre saint de l’islam, il est dit notamment : « En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans l’alternance de la nuit et du jour, il y a certes des signes pour les doués d’intelligence, » (3:190).

La notion de l’espace et du temps qui s’écoule inexorablement a constitué un sujet de préoccupation pour l’homme depuis ses origines. Il s’est donc établi des repères variant selon les latitudes, se référant ici à la lune, là au soleil, ailleurs à l’alternance d’autres phénomènes sur lesquels l’homme n’a pas de prise. Ainsi, des spécialistes de divers bords, astronomes, théologiens, et autres historiens de continents différents ont développé et justifié les méthodes en usage dans les groupements humains pour évaluer le temps qui passe, jauger la pertinence des repères retenus à cet effet. Les références du monde musulman en cela sont ainsi évoquées : « Ils t’interrogent sur les nouvelles lunes.- Dis : Elles servent aux gens pour compter le temps, et aussi pour le Hadj. » (2:189) Les pratiques cultuelles en islam sont ainsi localisées suivant les phases de cet astre. Il en est dit par ailleurs : « Le nombre de mois, auprès d’Allah, est de douze [mois], dans la prescription d’Allah, le jour où Il créa les cieux et la terre. Quatre d’entre eux sont sacrés : telle est la religion droite. [Durant ces mois], ne faites pas de tort à vous-mêmes… » (9:36)
Pour les oulémas, l’échéance qui marque la fin d’un cycle annuel est le « mois du pèlerinage ». En s’achevant, ce mois ouvre une nouvelle année avec le « mois sacré », ou Muharram, dont la première décade connue sous le vocable d’Achoura, est considérée comme des plus bénéfiques par les fidèles musulmans. La commémoration de l’Achoura entre dans ce concept et l’observance de pratiques liées à cette période de l’année se fonde sur la tradition. En faisant le rappel de ces enseignements aux fidèles, les théologiens soulignent que l’importance de cette période est due au fait que de nombreux événements significatifs du monde musulman à diverses époques sont tombés à cette date, notamment l’émigration du Sceau des Prophètes (PSL) de sa ville natale à Médine.
Voilà pourquoi cet événement sera retenu par les Compagnons du Messager, sous l’autorité du Calife Omar comme première année de l’ère islamique. Cette période est aussi l’occasion pour d’importantes congrégations de se remémorer les circonstances tragiques de la disparition de l’imam Hussein, grande figure de l’islam. En évoquant ainsi le phénomène du temps qui passe et voit passer les humains ici bas, les oulémas rappellent la seule permanence qui est celle de l’Incréé et qui seul accorde le salut : « Tout ce qui est sur elle [la terre] doit disparaître, [Seule] subsistera La Face de ton Seigneur, plein de majesté et de noblesse. » (55:26)  Ils relatent à cet effet les enseignements prodigués à un jeune homme dans la force de l’âge par le Messager. « Sois attentif envers le Tout-Puissant, et il le sera envers toi », lui dit-il. « Souviens-toi de lui dans l’aisance, il se souviendra de toi dans la gêne. Si tu demandes, adresse-toi au Tout-Puissant et lorsque tu sollicites une aide, que ce soit auprès de lui. »

A. K. CISSé

Source: essor