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Dialakorodji : DES POINTS D’EAU PRESQUE A SEC

Ces sources naturelles d’approvisionnement couvrent aujourd’hui à peine les besoins des populations en eau. La majorité de ces réservoirs a tari depuis le mois de janvier

« L’eau est source de vie » dit-on. Le manque, voire même la rareté de cette denrée, met en danger la vie des hommes. C’est aujourd’hui le cas des habitants des secteurs de Kénéyadji et Kamatebougou, situés à l’ouest de la commune rurale de Dialakorodji, dans le district de Bamako.

fleuve marigot aide menagere eaux potable

Dans cette zone, la population s’approvisionne à des sources naturelles. En fait ce sont des crevasses à ciel ouvert remplies d’eau qui parsèment les terrains rocheux qui entourent les maisons. On recense ainsi de nombreux réservoirs d’eau. Après la saison de pluie, l’eau coule en abondance dans plusieurs fentes entre les rochers. Les années précédentes, la quantité était suffisante pour couvrir les besoins des familles jusqu’au mois de juin et le retour des pluies. Mais cette année, la majorité des réservoirs a tari depuis le mois de janvier. Les points habituels d’approvisionnement couvrent à peine les besoins en eau des habitants. La pénurie serait liée au surpeuplement des deux secteurs et au changement climatique.

La population vit dans la hantise de l’assèchement total des points d’eau avant la prochaine saison des pluies. Déjà en ce mois de mars, les sites autrefois intarissables ne donnent plus qu’une petite quantité d’eau. Les ménagères venues à la source pour remplir un seau d’eau, y passent des heures. Les braves femmes restent tard dans la nuit au bord des points d’eau à attendre leur tour. La pénurie n’est pas la seule inquiétude de la population. Les foyers craignent une épidémie  liée à la consommation d’une eau trouble. Les crevasses sont souvent envahies par les enfants. Ils pataugent dans les eaux boueuses et les exposent à toutes les saletés transportées par le vent.

« C’est mon tour aujourd’hui. Je suis ici au site de Kénéyadji, depuis 4 heures du matin », indique Mme Doucouré. Il est 16 heures, elle vient juste de remplir une barrique. Chaque femme a droit à une barrique par tour. « Notre activité principale dans la journée est d’aller chercher de l’eau pour assurer les besoins vitaux. Je suis obligée d’économiser cette barrique d’eau, car je n’accéderais pas à un autre tour avant 3 ou 4 jours », souligne Mme Doucouré.

Le maçon Ali Yebesseye est amer. Il note que les habitants « ne travaillent presque plus à cause de la crise d’eau. La priorité est donnée aux femmes pour couvrir les besoins des ménages ». Il déplore aussi le comportement des femmes pendant cette période difficile. Yebesseye estime, en effet, anormal qu’une femme remplisse une barrique alors qu’une autre attend pour remplir un seau. « C’est une injustice », dénonce-t-il.

« Le problème d’eau a toujours existé dans notre secteur. Mais cette année nous ne savons plus où donner de la tête. Auparavant, à cette période on trouvait de l’eau sur plusieurs sites rocheux. Aujourd’hui, il n’y a presque rien dans les crevasses habituellement remplies d’eau », explique Issa Coulibaly, chef du secteur Kénéyadji. Il se prépare justement à convoquer une réunion de concertation avec les femmes avec pour ordre du jour : la méthode de puiser l’eau et la limitation de la quantité à laquelle chaque personne a droit. Le chef du secteur sollicite l’intervention des autorités municipales et de toute personne de bonne volonté susceptible d’aider la population.

UNE SEULE BORNE FONTAINE. Sylla est propriétaire d’un château d’eau dans le secteur. S’il ne connaît pas la pénurie, un autre problème se pose à lui. « J’essaie de faire de mon mieux pour aider les autres. Mais la quantité de mon réservoir ne dépasse pas 5 barriques. Je ne peux le remplir que 3 fois par jour. Je vends la barrique à 150 Fcfa. Mon château était alimenté dans le passé par des panneaux solaires. Aujourd’hui j’ai payé un groupe électrogène », explique Sylla. Il témoigne que des femmes en quête d’eau passent la nuit devant sa porte.

Fatoumata Simpara, représentante des femmes du secteur de Kamatebougou, dévoile une autre facette de cette crise : « quand mon mari revient du travail, il m’apporte de l’eau potable. Il a toujours des bidons accrochés à sa moto. Le jour où il est empêché, nous consommons l’eau de la source. Nous sommes conscients des risques de maladie que cette eau souillée fait courir à nos familles, mais nous n’avons pas le choix. Pour désinfecter, nous décantons l’eau de la source et nous y ajoutons après de l’eau de javel ». Selon elle, seulement 10% des femmes utilisent l’eau javel. Les autres se limitent à la seule décantation.

Aboubey Maïga est le secrétaire général de l’Association pour le développement du secteur de Kamatebougou (APDKAM). Ses commentaires sont amers. « On ne se lave plus. Nos femmes ne dorment plus. Nous vivrons bientôt une pénurie totale », constate-t-il. A ce propos, il déplore le comportement des habitants de certains secteurs voisins : « ces indisciplinés partent faire la lessive sur les sites. Et pourtant ils disposent de châteaux et de pompes manuelles pour satisfaire les besoins vitaux ». Devant la situation, Aboubey Maïga n’est pas resté les bras croisés. La commission d’organisation de l’APDKAM, a participé à plusieurs réunions à la mairie. Mais Aboubey et ses compagnons ont dû attendre leur 4è rencontre avec la commission municipale pour espérer une suite favorable. Aujourd’hui le secrétaire général de l’association demande le secours des autorités pour ses mandants. Il est prêt, jure-t-il, à mettre en gages sa maison si quelqu’un pouvait construire une infrastructure d’eau dans son secteur pour mettre fin à la pénurie d’eau.

Oumar Guindo, le maire de la commune rurale de Dialakorodji, est franc : « je n’ai pas les moyens de ma politique. La mairie doit fonctionner sur la base des ressources internes et externes. Et dans ma commune les citoyens ne paient pas l’impôt ». Il rappelle qu’il n’existe qu’une seule borne fontaine publique dans la commune. Elle a desservi les 15 secteurs de la commune de 2011 à 2015. La gestion de cette fontaine est confiée à une société privée parce que la mairie n’a pas les moyens suffisants. Les pompes à motricité humaine (PMH) sont fabriquées par l’Etat. Mais pour s’en procurer, la mairie doit payer d’abord 180 000 Fcfa. Une somme dont elle ne dispose pas parce que les  populations ne payent pas l’impôt. « Pas d’impôt, pas de pompe à motricité humaine », résume l’édile.

Mamoudou KANAMBAYE

Source : L’ Essor

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