Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Désarmement du GATIA: la vrai fausse raison

Le pot aux roses a été découvert. La Force française Barkhane a pris prétexte d’un point ajouté dans la partie Divers de l’ordre du jour de la 24e séance de la Commission technique de sécurité (CTS) pour désarmer le Groupe d’Autodéfense Touareg, Imghads et Alliés (GATIA), quelques jours avant que ce dernier ne soit attaqué par la Coordination des mouvements armés (CMA).

bilal ag acherif rebelle touareg combattant cma mnla hcua gatia bandit armee coline ville kidal site cantonnement

Le silence de Barkhane face aux graves accusations portées contre elle n’était pas fortuit : la Force qui a une vocation exclusive de lutte antiterroriste n’avait aucune explication sérieuse à son acte de retirer les armes lourdes du GATIA. Après avoir subi les feux nourris des Maliens, un semblant d’explication est fourni. Mais, elle est aussi minable de l’acte lui-même.
La décision tant controversée remonterait à la 24e session de la Commission technique de sécurité, tenue dans la capitale le 7 juillet dernier. L’on apprend qu’en l’absence du président de la CTS, le général Jean-Paul DECONINCK, empêché, le général de Division Amadou KANE, adjoint au Commandant de la Force (DFC), a présidé la réunion de ladite CTS. C’est ce dernier, révèlent nos sources, qui a proposé l’ajout de deux points dans la partie Divers de l’ordre du jour :
‘’Dispositions à prendre pour le renforcement des mesures relatives à la circulation des armes lourdes et des convois de plus de 5 véhicules et pour l’amélioration de leur application sur le terrain’’ ;
‘’Propositions de mesures à prendre, en procédure d’urgence, pour apaiser la situation dans la région de Kidal et, en attendant qu’une solution durable soit trouvée aux problèmes de fond qui sont à l’origine de celle-ci’’.
La pomme de discorde concerne le premier point qui a fait l’objet d’une interprétation abusivement partisane. « La position qu’ils (éléments de la CMA) ont attaquée a été presque entièrement désarmée, quelques jours avant, par Barkhane. Ils ont saisi les armes lourdes et ils nous ont dit que la CMA n’allait pas nous attaquer. Le jeudi, la CMA a quitté Kidal devant Barkhane et ils sont venus nous attaquer », a affirmé Fahad Ag Almahmoud, secrétaire général du GATIA. Il ajoute : « c’est Barkhane qui a désarmé l’ennemi d’un autre. Nos 3 éléments qui sont morts jeudi ont été tués par une roquette de mortier alors que nos roquettes ont été prises par Barkhane et ce sont le même type de roquette qui nous a attaqués. Nous avons l’interdiction d’en posséder, mais pour la CMA c’est permis ».
D’abord, il faut s’accorder sur la notion de circulation des armes lourdes. Le GATIA comme la CMA sont des mouvements politico-militaires, reconnus comme tels qui sont des partenaires de l’État avec qui ils sont liés par un Accord signé sous les feux des projecteurs du monde entier. Ils ne sont pas à confondre avec de psychopathes du groupe djihadiste Nusrat al-Islam Wal Muslimin de Iyad Ag Ghaly à qui devrait s’appliquer la mesure d’interdiction des armes tout court dans toute sa rigueur.
Dans le même registre, en tant que signataire de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, le désarmement de ces deux mouvements devrait se faire à des conditions bien définies. Ils seront désarmés dans le cadre d’un processus de Cantonnement, intégration et désarmement, démobilisation, et réinsertion (DDR) et non sur un coup de tête. Et le DDR concernera les deux mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Mieux, il y a une Commission nationale qui s’attèle à mettre en œuvre le programme de DDR, avec l’accompagnement de la MINUSMA, conformément aux termes de l’Accord et non de Barkhane qui devrait être plutôt occupée à traquer les terroristes.
Ensuite, il a été question de limiter les convois à 5 véhicules. Pour que la CMA puisse attaquer les positions du GATIA, de façon quasi simultanée, à Takaloute, Koniba, Tiwraghene et bien d’autres localités, toutes dans la région de Kidal, ça tombe sous le bon sens élémentaire qu’elle a sorti plus de 5 véhicules lourdement armés de Kidal. Ce que confirment d’ailleurs des témoins sur place. L’accord de limitation des convois n’a donc pas été respecté par la CMA et Barkhane qui a désarmé quelques jours plutôt le GATIA n’a pas non plus imposé le respect dudit accord. On ignore où était passée la MINUSMA pendant ce temps, elle qui a eu l’idée lumineuse de renforcement des mesures relatives à la circulation des armes lourdes et des convois de plus de 5 véhicules et pour l’amélioration de leur application sur le terrain.
Pire, à la lumière des révélations du secrétaire général du GATIA, il y a une probable utilisation des roquettes saisies au GATIA contre lui. Un soupçon qui s’il s’avérait vrai, serait un précédent fâcheux. Parce qu’il est totalement inacceptable qu’après avoir établi une zone de sécurité autour de Kidal pour protéger les combattants de la CMA en débandade, après les combats d’Anéfis, qu’on les équipe avec les armes lourdes d’une autre partie, en l’occurrence le GATIA.
La MINUSMA et Barkhane doivent s’expliquer sur l’utilisation qui est faite des armes prises au GATIA. Parce que s’installer confortablement dans le silence est trop facile comme stratégie de défense. S’expliquer fait partie des règles de transparence, si elles ont un tant soit peu un penchant pour cette obligation.
En définitive, il y a une injustice flagrante que l’ensemble de la Communauté nationale se doit de se faire le devoir de dénoncer, tout en se fixant comme priorité de refermer la brèche dans laquelle s’engouffrent certains ‘’amis’’ du Mali.

Par Bertin DAKOUO

 

Source: info-matin

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance