Depuis une quinzaine d’années, l’environnement médiatique a connu un grand bouleversement notamment avec l’apparition des réseaux sociaux (Facebook plus tard Instagram, YouTube, Snapchat, Twitter, WhatsApp, Telegram, Signal…) Ainsi, la communication digitale via ces principaux réseaux sociaux a eu un grand succès auprès de la population mondiale qui s’explique également par le syndrome appelé en anglais : “Fear of missing out (Fomo)” qui signifie la peur de rater quelque chose. Cette peur de rater quelque chose où chacun à quelque niveau que ce soit veut savoir ce qui se passe à l’autre extrémité et l’instant T (course à la nouveauté, désireux de sans cesse découvrir les dernières nouvelles) nous conduit à revenir sans cesse sur les réseaux, pour toujours être au courant de tout. Cette situation a créé ainsi une certaine addiction chez les utilisateurs des réseaux qui a également engendré un nouveau type acteur dans l’océan médiatique, le journalisme citoyen. Nonobstant le rôle prépondérant que les réseaux sociaux jouent dans notre société, il faut reconnaitre que leur croissance exponentielle a certainement des conséquences sur notre quotidien.
Dans plusieurs ouvrages d’éminents psychologues, la dépendance aux réseaux sociaux est pourtant de plus en plus facilement associée au terme addiction. Car, selon des statistiques, plus d’un milliard d’individus au monde utilisent ces médias.Même si les statistiques claires restent inconnues pour notre pays, il est évident que bons nombres de Maliens des villes et des campagnes utilisent les réseaux sociaux qui révolutionnent aujourd’hui le monde de la communication au point que les médias conventionnels semblent être souvent très en retard sur l’actualité car soumis à d’autres contraintes. De l’avis de certains psychologues, cette dépendance aux multiples facteurs (amitié facile avec des inconnus, possibilité de devenir quelqu’un d’autre sur le Net…), les réseaux sociaux peuvent exposer leurs utilisateurs à une nouvelle forme de criminalité notamment la cybercriminalité, le cyberharcèlement, les fake news sans oublier les ravages qu’il occasionne dans le milieu scolaire, les polémiques stériles…
Notons qu’avant notre expérience des médias était limitée parce qu’il s’agissait de lire les nouvelles ou d’écouter une émission. Maintenant, celle-ci est illimitée, car les pauses naturelles dans notre consommation médiatique qui agissaient comme signaux d’arrêts pour notre cerveau ont disparu.
En effet, lire les nouvelles sur Facebook ou Snapchat est une expérience sans limites grâce au défilement infini où regarder une seule vidéo sur ces plateformes est devenu presqu’impossible grâce à la lecture automatique. Car, dès qu’une vidéo se termine, une autre commence automatiquement. Selon eux, ces plateformes qui ont été créées pour garder leurs utilisateurs rivés sur les écrans causent de graves troubles de sommeil qui peuvent mener à toutes sortes d’autres problèmes liés à la santé mentale et physique.
Comme tout outil, les réseaux sociaux peuvent provoquer des conséquences négatives en fonction de leur utilisation. Ainsi, les lieux de socialisation en ligne peuvent par exemple vite constituer des caisses de résonance. Aussi, ils peuvent par ailleurs également donner l’impression que la vie est terne en comparaison de ce que les autres affichent en ligne qui peut même provoquer un sentiment d’isolement.
Effets sur la santé mentale
Selon les psychologues, la recherche sur les effets négatifs des réseaux sociaux s’est principalement concentrée sur les effets de Facebook, le réseau le plus utilisé dans le monde. A la suite de certains travaux, des chercheurs ont avancé qu’une utilisation problématique des réseaux sociaux avait toutes les caractéristiques de la perte de contrôle (utilisation excessive, efforts infructueux pour arrêter, envie pressante d’utilisation) qui peut aboutir à une certaine forme d’addiction dans les cas les plus extrêmes. A les croire, les travaux ont également souligné le fait que le volume d’utilisation des réseaux sociaux était un facteur prédictif des problèmes de santé mentale. Il y aurait ainsi un lien entre le nombre d’heures passées sur les réseaux sociaux et les symptômes dépressifs et anxieux.
Impact sur les relations et les compétences sociales
Toujours selon les spécialistes, nonobstant que les réseaux sociaux permettent d’établir des relations en quantité, celles-ci ne sont pas nécessairement synonyme de qualité. A ce titre, certains chercheurs estiment que l’obsession avec le monde social en ligne diminue la qualité des relations saines que l’on construit en face à face. En effet, dans les relations hors-ligne, une grande partie des informations sont transmises par le ton de la voix, l’expression facile, la posture, le contact oculaire… En ligne, ces indices sont perturbés, voire interrompus. Donc, moins d’informations pour interpréter les choses correctement, essentielles pour construire des relations positives, indispensables à l’équilibre social.
L’effet de comparaison sociale
Des chercheurs ont conclu qu’un des dangers des réseaux sociaux est de considérer le contenu qui y est proposé comme une retranscription fidèle de la réalité. Or, qu’il s’agisse d’amis ou à plus forte raison d’influenceurs, le contenu partagé sur les réseaux est la plupart du temps filtré et construit pour être flatteur. Tout ceci favorise la comparaison sociale. Et ceci peut favoriser l’envie, la jalousie, le ressentiment ou la dévalorisation de soi. Le contenu consulté ramène les utilisateurs à leur propre situation. Donc, ils peuvent alors se sentir moins heureux, aboutis et accomplis par rapport à ce que les autres leur donnent à voir. Néanmoins, si cela se transforme en inspiration ou en admiration, cela peut alimenter la croissance personnelle.De ce fait, disent-ils, il faut avoir suffisamment de recul, faire preuve d’auto compassion et s’inscrire dans une démarche proactive pour tirer de tels bénéfices de l’utilisation des réseaux sociaux. C’est pourquoi l’insatisfaction semble tout de même dominer dans les études.
Impact sur l’image corporelle et l’estime de soi
Plusieurs études chez les adolescents et les adultes ont ainsi identifié une corrélation entre l’utilisation des réseaux sociaux et une faible estime de soi. Car, les réseaux sociaux favoriseraient les comparaisons sociales ascendantes qui génèrent des émotions négatives parce que comme ce qui est partagé sur les réseaux sociaux est une représentation irréelle, la comparaison sociale qui en découle s’appuie sur des référentiels d’évaluation inappropriés et inaccessibles.
Impact sur le sommeil
En plus des conséquences citées plus haut, l’utilisation des réseaux sociaux peut aussi jouer contre ses utilisateurs à cause de son influence sur le sommeil. Car, des études relèvent que certains peuvent avoir l’impression que le fait de parcourir une plateforme est source de détente avant l’endormissement.
Or les recherches indiquent que ce type d’usage peut influencer négativement la qualité du sommeil. Et cela est d’autant plus important quand on utilise les réseaux sociaux 30 minutes avant d’aller au lit. Ce type de pratique peut même décaler l’endormissement et réduire le temps de sommeil total puisque ceci est lié, à la fois, à une excitation cognitive et émotionnelle, ainsi qu’à la lumière bleue émise par les écrans, qui bloque la sécrétion de mélatonine, une hormone importante pour la régulation du sommeil. De l’avis des spécialistes, il est donc préférable d’éviter les écrans 30 minutes avant le coucher, surtout si ce temps d’écran est consacré à la consultation de divers réseaux sociaux.
Synthèse de Boubacar Païtao
Source: Aujourd’hui-Mali