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Démocratie, gaspillage et détournements de fonds publics en Afrique subsaharienne

Etudiant à Paris I Panthéon Sorbonne, il m’a été donné d’assister à la conférence d’un professeur français en droit constitutionnel sur la démocratie en Afrique. L’éminent conférencier avait déclaré que l’Afrique noire n’était pas faite pour la démocratie. Quant aux pays arabes, ils pouvaient y atteindre après d’énormes difficultés. Il a appuyé sa démonstration sur la fait que l’homme africain quel qu’il soit intellectuel ou non à l’âme féodal, c’est-à-dire le règne sans partage aux plans immatériels et matériels. Ce qui est le contraire de la démocratie. Après plus de deux (02) décennies de démocratie en Afrique subsaharienne, l’exposé du professeur est corroboré par les soi-disant systèmes démocratiques en vigueur dans les pays africains. On assiste plutôt à des régimes féodaux où tous les pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) sont confisqués par un Président et son clan qui disposent des biens et des fonds publics à leur convenance.

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La population active est taillable et corvéable à merci sans qu’elle bénéficie d’aucune contrepartie positive. Sous le couvert de la démocratie, le roi créé des institutions qui ne sont pour la plupart d’aucune utilité pour le développement économique et social du pays.

Au plan juridique, des institutions sont au service du monarque qui s’en passe quand elles ne se conforment pas à sa volonté. Les violations des lois fondamentales, les détournements ”légaux” et ”illégaux” des fonds publics en s’octroyant et en octroyant à ses proches des millions de fonds publics sous le libellé des fonds de souveraineté sans aucune justification nonobstant la prise en charge par le budget de l’Etat des dépenses de souveraineté sont légion. Les dépenses d’intérêt général (santé, enseignement, pouvoir d’achat des salariés) sont réduites à la portion congrue laissant les populations au stade de la survie.

De ces faits, l’élection qui est l’un des piliers de la démocratie devient inopérante car sans support démocratique. C’est pourquoi en Afrique noire, les taux de suffrages exprimés sont inférieurs à 30% des votants. En l’absence des candidats de leur choix, les 70% des votants préfèrent ne pas voter. Le vote libre n’accrédite pas ce faible taux de suffrage exprimé. Où est donc la légitimité de l’élu dans le cadre de tel taux de suffrages exprimés. Pour palier cette situation, il convient d’instituer le vote blanc qui signifie qu’aucun candidat ne convient aux votants, ce qui serait en mesure d’élever le nombre de vote exprimé. La mascarade de démocratie en vigueur dans les pays africains sert les intérêts économiques et politiques de l’Occident. Les peuples africains dominés par le culte du chef trouvent normal de vivre sous ces régimes féodaux qui sous couvert de la démocratie gaspillent et détournent à des fins personnelles les fruits des efforts des peuples. Seul un lavage de cerveau de leurs peuples et une reconversion mentale, phénomène à très long terme, pourraient rendre possible l’instauration de la démocratie réelle en Afrique noire. Les pays arabes, après des printemps sanglants, se sont engagés dans la voie de la démocratie réelle (dixit La Tunisie et l’Egypte) ce qui confirme la déclaration du Professeur français à savoir : la démocratie réelle est impossible en Afrique noire et difficile dans les pays arabes.

Tiécoro DIAKITE

Docteur en Economie du Développement (Paris I)

Ancien Ministre

Source: Le Malien

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