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Démission des Fare : Le ciel s’assombrit pour le front anti-putsch.

Survivra, survivra pas ? Résistera, résistera pas ? Que reste-t-il ou restera-t-il de ce regroupement dont les actions ont valu au pays un retour à une vie constitutionnelle normale dans un délai raisonnable ? Que s’est-t-il passé entre-temps pour qu’on en arrive là ? Autant de questions parmi tant d’autres que les prochains jours et semaines apporteront certainement des réponses. En attendant la pilule semble dure à avaler pour les ex-amis du lendemain du coup d’état du 22 mars 2012.modibo sidibe campagne presidentielle 2013 fare anka wuli

Ainsi, depuis l’annonce de la nouvelle par les confrères de « l’Indépendant » du vendredi 13 septembre dernier, sous le titre évocateur « Les Fare claquent la porte du FDR, les amis de l’ancien Premier Ministre, Modibo Sidibé, dans une lettre signée du président du parti adressée au président du FDR, annonce solennellement leur démission du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la République (FDR) « . La nouvelle a vite fait le tour de la ville notamment les milieux politiques. Immédiatement, le bureau du FDR a lui-même été contraint de convoquer d’urgence une réunion extraordinaire le lendemain de la réception de la lettre de démission signée du président des Fare, Aliou Keita, afin d’apprécier le sujet. En attendant une réaction officielle de la part des responsables du regroupement anti-putsch, tout le monde y allait de son commentaire, du plus plausible au plus improbable, mais toujours soit avec un grain de narcissisme ou d’amertume, selon le côté où l’on se situe.

 

Que s’est-il véritablement passé pour qu’un tel clash survienne en ce moment précis au sein de ces « fervents défenseurs » du retour à l’ordre constitutionnel normal après le coup d’état du 22 mars ? La lettre de démission des Fare n’apporte certes pas tous les éléments de réponse à cette lancinante question, mais, elle permet néanmoins de comprendre les difficultés et autres insuffisances que le FDR n’a jamais su juguler, aussi bien à l’interne qu’en termes d’image dans l’opinion nationale. Il a ainsi axé sa communication politique en destination de la communauté internationale plutôt que de travailler à une véritable structuration au plan national. Le FDR n’existait pratiquement qu’à Bamako et davantage dans les actions ponctuelles et circonstancielles dans les médias que sur le terrain politique auprès des populations. Bien que regroupant les partis politiques les plus représentatifs à l’époque, le FDR a éprouvé de la peine à rendre « son message » accessible auprès du citoyen lambda. Seule une certaine classe « d’intellectuels » et de « citadins » se sentait réellement concernée par le combat que menait le FDR.

 

En effet, si les objectifs du FDR à sa création étaient somme toute nobles, ce regroupement n’a pas su, au fil du temps, se défaire de l’image de « club des anciens amis à l’origine du basculement du pays dans la profondeur de l’abîme » dans l’imaginaire collectif du Malien moyen. Ceci expliquant peut-être cela, les candidats se réclamant donc du front ont tous été successivement et respectivement laminés les uns après les autres par celui-là qui, au contraire des leaders du FDR, avait vite perçu la nécessité d’adapter son langage à cette volonté de changement à laquelle aspirait profondément une population lourdement affectée et affligée par tant de désillusions et d’amertume. Le résultat est là, évident, à travers le score « à la soviétique »  recueilli par le candidat du RPM, Ibrahim Boubacar Keita, qui incarnait le mieux ce changement tant attendu, aux yeux de la majorité de nos compatriotes. Malgré cette gifle électorale, le FDR a continué avec les mêmes pratiques et modes opérationnels tant dans son fonctionnement interne que vis-à-vis de l’opinion publique. En tout cas, ce sont des griefs de ce genre qui sont mis en avant dans la lettre de démission des Fare pour justifier leur retrait du regroupement.

 

Quoi qu’on dise, cette démission surprend les observateurs, à première vue. En effet, on  se rappelle encore la prise de position courageuse du parti de Modibo Sidibé au second tour de l’élection présidentielle, appelant solennellement à voter pour le candidat du FDR, Soumaïla Cissé, dans le cadre du strict respect des engagements pris à travers le protocole de l’ADR/FDR, dont il était partie prenante intégrale. C’est aussi vrai que ce choix avait été diversement apprécié au sein des Fare, mais, les dissidents ont fini par revenir à de meilleurs sentiments en rejoignant la ligne officielle du parti. Depuis lors c’est l’unité d’action dans l’unique but de faire un bon score aux prochaines élections législatives. La démission du FDR rentre-t-elle dans la stratégie globale du parti dans cette perspective à court et moyen termes ?

 

Si aucune option d’alliance électorale ne semble pour l’instant exclue par la direction du parti des amis de Modibo Sidibé, surtout au niveau local, certains responsables sont beaucoup plus enclins (du moins dans les coulisses du secrétariat exécutif) à vouloir inscrire durablement leur action future au sein d’une opposition forte en vue d’offrir une alternative crédible à la majorité présidentielle qui sera constituée à l’issue des élections législatives dont les dates ne sont pas encore fixées par les nouvelles autorités. Le parti serait en train de peaufiner déjà sa stratégie pour ce faire.

Les prochains jours permettront certainement de voir beaucoup plus clair dans la démarche politique des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence et leurs partenaires de la Convergence pour un nouveau pôle politique (CNPP) créée à la faveur de l’élection présidentielle autour de la candidature de Modibo Sidibé.

 

Quant au FDR, il doit nécessairement faire sa mue en tirant tous les enseignements de son parcours depuis mars 2012 à nos jours. C’est la condition sine qua none de sa survie en tant que force politique crédible.

 

Bréhima Sidibé

 

Source: L’Indicateur du Renouveau

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