Il fallait s’y attendre. Après avoir essayé d’enfumer l’opinion avec le précédent guinéen de l’élection présidentielle 2010 pour faire croire aux esprits simplistes que rien n’est joué et que c’est une nouvelle élection qui est engagée, le voila qui revient avec une nouvelle trouvaille de communication pour sauver ce qui reste des meubles de l’URD : un impératif débat télévisé entre lui et IBK.
Le moins que l’on puisse dire est que cette démarche est démocratiquement illégitime et électoralement anachronique.
Dans les pays à forte tradition électorale, les rapports de force politiques sont devenus si étriqués que les suffrages sont sensiblement équilibrés entre les grands pôles représentatifs des sensibilités idéologiques : gauche et droite en France par exemple.
Il arrive souvent qu’à l’occasion des élections majeures, qu’une marge d’indécis pouvant faire la différence soit hautement courtisée au 2è tour dont le point d’orgue est toujours un débat télévisé.
Au Mali, nous sommes très éloignés de ce cas de figure, s’agissant en tous cas du second tour annoncé entre IBK et Soumaila Cissé. En effet, le premier tour des élections présidentielles au Mali à été l’occasion pour tous les candidats de sillonner le pays de long en large, d’exposer leurs visions et leurs programmes avec une résonnance médiatique ample et équilibrée, donnant ainsi l’occasion au collège électoral de se prononcer clairement et d’indiquer sa préférence.
A l’issue de ce premier round, le candidat Ibrahim Boubacar Kéïta et le programme dont il est le porteur ont été massivement choisis par 40% de l’électorat, s’y ajoutant depuis lors le soutien de la quasi-totalité des candidats éliminés au terme de ce premier tour.
En matière de choix légitime, de profils et de programmes, peut-on faire mieux ? Le choix du peuple est sans ambages ! Que reste t-il encore à démontrer ? En vérité, il ne reste plus que de l’agitation des communicants ! Ces soi-disant spécialistes grassement stipendiés par Soumaila Cissé voudraient encore nous jouer, à la faveur de ce forcing pour un duel télévisé bruyamment réclamé dans certains media, un coup double : soit obtenir cet hypothétique fameux duel pour mette en œuvre un plan d’attaque en dessous de la ceinture savamment élaboré ou en cas de refus légitime du camp adverse, présenter cela comme un signe de faiblesse intellectuelle , si ce n’est l’expression d’un « mépris souverain de citoyens » dans leurs droits à une confrontation des programmes.
Nous sommes là en face d’une grosse manœuvre politicienne et électoraliste qui ne peut tromper personne. On a presque envie de leur dire : messieurs, la confrontation des programmes a déjà eu lieu et les électeurs ont déjà choisi ; ne comptez surtout pas sur la magnanimité légendaire de votre généraux adversaire pour espérer encore grignoter quelques voix à l’aide de la calomnie et de la diffamation.
Le Mali d’aujourd’hui est un pays en lente sortie de crise. A la faveur de cette élection, une majorité nette s’est dégagée pour un candidat considéré à juste titre comme l’homme de la situation.
Voilà une nouvelle donne avec laquelle il faudra désormais composer une fois pour toutes. Quant est ce que Soumaila Cissé et son bloc réduit le comprendra t-il ?
Il faut savoir tourner la page et s’orienter vers l’avenir pendant qu’il est encore temps.
Souleymane SIDIBE