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Déficit pluviométrique à Ségou : Le désarroi des paysans

Augmentation de température, sècheresses, inondations, vents violents chargés de poussière, pluies irrégulières sont, entre autres, des conséquences du changement climatique. Notre pays n’est pas non plus épargné par ce fléau qui menace les productions agricoles.

 

Destinée à l’autoconsommation et à la nourriture des animaux, l’agriculture de subsistance est pratiquée par bon nombre de paysans à Ségou. Certains d’entre eux ont vu tous leurs efforts réduits à néant cette année. Il n’a quasiment pas plu une goutte, depuis le 18 septembre dernier, dans la Cité des Balanzans. Il suffit d’y faire un tour pour se rendre compte de la rareté des pluies. La saison est caractérisée par un début tardif et un arrêt précoce des pluies. Entre inquiétude et découragement, certains agriculteurs observent une baisse des rendements de cultures.

Ce jour de septembre, il est 7 heures.Un peu avant l’entrée de la ville de Ségou, Drissa Coulibaly, la barbe poivre sel, le visage soucieux et les yeux rivés sur son champ de maïs se plaint de la rareté des pluies qui impacte négativement sur la production. Ce ressortissant de M’Pessoba,une commune située dans la Région de Koutiala, a une expérience avérée dans le domaine de l’agriculture. En plus du maïs qu’il cultive, Drissa Coulibaly produit également des légumes, des fruits, du piment et de la salade. Il impute d’emblée cette situation à la faible pluviométrie.

«La ville n’a quasiment pas connu de précipitations depuis plusieurs semaines. Les jeunes plantes sont en train de dessécher. La situation est très inquiétante comparativement à l’année dernière où, les cultures étaient déjà prêtes à être récoltées en cette période», constate l’agriculteur.

Il est loin d’être la seule victime. à quelques encablures de son champ, il y a celui de Aboubacar Fané. Lui et sa famille cultivent du maïs et du niébé (haricot) pour leur propre consommation. Lui non plus ne cache pas son désarroi. Cette faible pluviométrie a porté préjudice à son activité agricole. «Le maïs est très gourmand en eau au moment de sa floraison. À cause de la faible pluviométrie enregistrée, les grains de maïs n’ont pas atteint leur maturité», a-t-il fait remarquer.

Malgré les conditions de cultures difficiles, ce brave paysan garde espoir. Contrairement au maïs, le haricot cultivé a donné des résultats positifs. Il permettra de nourrir sa famille pendant un certain temps et de gagner un peu d’argent grâce aux fanes de niébé récupérées qui seront vendues aux éleveurs pour l’alimentation de leur bétail.

La situation n’est pas plus enviable du côté des agriculteurs de la ferme de Soninkoura. Adama Kamaté pratique une agriculture de subsistance. Il y cultive du maïs, de l’arachide et du mil destinés essentiellement à leur consommation alimentaire. Comme d’autres paysans, Kamaté loue une terre agricole ayant une superficie d’un demi-hectare. Par cette chaude journée d’octobre, tous les bras valides de la famille sont mobilisés pour la récolte. Les garçons et les filles cueillent quelques épis de maïs.

Adama Kamaté est insatisfait de sa moisson et craint une disette. Il affirme que la récolte de cette année est en deçà des attentes. Elle est due aux conditions climatiques défavorables qui ont prévalu durant les périodes de semis et de moisson.

Ils sont nombreux à effectuer un virage à 180 degrés au moment de la retraite. C’est le cas de Bènguè Coulibally. Âgé de 66 ans, coiffé d’un chapeau traditionnel et drapé d’un grand boubou blanc, l’homme a fait le pari d’un retour à la terre après plusieurs années de service dans l’enseignement. Il dispose d’un champ de haricot et de maïs dans la Commune de Sebougou. L’activité agricole lui permet non seulement de jouir tranquillement de sa retraite, mais aussi de subvenir aux besoins de sa famille.

À le croire, cette année a été particulièrement difficile avec une absence notable de précipitations. «La saison de pluie n’a pas été au rendez-vous. Elle a débuté tardivement et se termine de façon précoce», déplore-t-il.

Abdoulaye Dembélé est un paysan qui pratique l’agroécologie que l’on définit comme étant l’ensemble des techniques qui visent à pratiquer une agriculture plus respectueuse de l’environnement. L’agroécologie permet non seulement de réhabiliter les terres dégradées, mais aussi de réduire l’utilisation des engrais minéraux et des produits phytosanitaires.

Abdoulaye Dembélé n’utilise que de la fumure organique dans son champ de mil. «Les engrais chimiques stimulent rapidement la croissance des plantes. Cependant, les fruits récoltés pourrissent rapidement et nuisent à la santé humaine. C’est pourquoi j’utilise la fumure organique provenant de déchets d’animaux. Cette matière a un impact positif sur les sols», a-t-il révélé, avant d’ajouter que les savoirs agricoles traditionnels et la bonne gestion des ressources naturelles sont indispensables pour renforcer la résilience des acteurs du monde rural au changement climatique.

Drissa Senou, agriculteur se remémore l’époque où la saison des pluies était un peu plus longue. «L’agriculture était mieux avant et les récoltes étaient satisfaisantes», a-t-il confié, les yeux embués.

Dans ce contexte de changement climatique caractérisé par un déficit pluviométrique, il préconise la formation et l’accès à la technologie aux petits exploitants familiaux afin de les permettre de faire face aux aléas climatiques et de lutter efficacement contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté.

Mamadou SY
Amap-Ségou

Source : L’ESSOR

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