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AN I DE L’ACCORD D’ALGER SUR LE MALI : Le tango continue

L’Accord d’Alger censé réconcilier les frères ennemis maliens, vient de souffler sa première bougie. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la tension est quelque peu retombée sur le terrain. Car, on n’assiste plus aux face-à-face meurtriers entre les éléments de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et l’armée régulière malienne. En tout cas, le niveau de belligérance semble avoir quelque peu baissé. Autre élément dénotant d’une certaine embellie, la réouverture des écoles à Kidal. En effet, les enfants ont pu retrouver le chemin de l’école à la faveur de la rentrée scolaire, en dépit des couacs enregistrés. Ce qui n’est pas négligeable dans une zone où la poudre rendait l’école impossible. Le fait que le drapeau malien flotte à Kidal est également un signe encourageant. Il en est de même de l’embryon de forces mixtes qui patrouillent sur le terrain. De plus, les choses ont évolué positivement à Bamako. La chasse aux Touaregs, naguère en vogue du fait de la crise, s’est peu ou prou, calmée. L’implication de la communauté internationale dans le règlement de la crise libyenne, aura également aidé un tant soi peu à stabiliser la zone, dans son ensemble.

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On a noté un certain réveil de l’armée malienne

Toute chose qui amène à se demander si ces améliorations constatées au Nord-Mali sont le fruit de l’Accord d’Alger. Il est vrai que les groupes rebelles ont dû croiser le fer avec le Gatia, mouvement armé pro-Bamako, et ont dû se résoudre à partager avec ce groupe, leurs prérogatives sur Kidal. En outre, on a noté un certain réveil de l’armée malienne qui a rendu la tâche bien plus difficile aux rebelles de la CMA. Tout cela laisse penser que les groupes rebelles ont vu leurs ardeurs freinées par la force et non par un quelconque accord. Mais, il importe d’y mettre un bémol. L’Accord d’Alger a apporté sa part de contribution à l’apaisement du climat politico-social au pays de Soundjata Kéïta. A titre illustratif, il a permis de faire le tri entre ceux qui sont pour la paix et ceux qui n’en veulent pas ; ce qui a eu le mérite de clarifier, un tant soit peu, le rôle des acteurs. Certains protagonistes ont clairement fait l’option de la paix, et cela a permis de réduire le nombre de groupes armés hostiles au retour à l’ordre normal. Toute chose qui a contribué à apaiser la tension sur le terrain. Les rangs des va-t-en-guerre s’étant quelque peu dégarnis, le processus de paix en a tiré profit. Ces avancées, on pourrait les mettre au compte de l’effet conjugué de l’Accord d’Alger et du rapport de forces sur le terrain, sur fond de remontée en puissance de Bamako et ses alliés. Mais, au-delà des causes de la baisse de la tension au Nord-Mali, il faut noter que des éléments et non des moindres, viennent tempérer l’optimisme quant à un retour définitif de la paix au Mali. Il y a encore d’énormes ombres au tableau de la pacification définitive du pays. Des nuages continuent d’assombrir l’horizon. Par exemple, Kidal n’est toujours pas, dans les faits, dans le giron de l’Etat malien. Au plan militaire, on est en face d’une sorte de statu quo. La ville de Kidal reste imprenable, en tout cas, non encore prise, par l’armée malienne. Les ministres sont toujours persona non gratadans cette ville. On ne peut pas, au regard d’une situation pareille, conclure qu’il y a, de façon effective, des avancées en termes de restauration de l’intégrité territoriale malienne. En outre, le désarmement prôné par l’Accord d’Alger, est jusque-là resté lettre morte. On sait pourtant que tant que les armes continueront de circuler dans la zone, de façon illégale, il sera difficile de parvenir à des améliorations significatives au niveau sécuritaire. Surtout que des accointances, des complicités existent entre les rebelles et certains groupes terroristes qui écument la bande sahélo-saharienne. Les nombreux attentats enregistrés témoignent, si besoin en était encore, de la volatilité de la situation sécuritaire dans le septentrion malien qui a ainsi conservé quelques allures de no man’s land. De plus, les réfugiés ne sont pas encore de retour. Ceci étant certainement la conséquence de la non-maîtrise de la sécurité et d’une certaine hantise de la reprise de la guerre. Pour ces personnes déplacées, l’état du Nord-Mali n’incite pas encore au retour. A ces problèmes, il convient d’ajouter la recrudescence des conflits inter communautaires dans la région de Gao. Ces conflits, faut-il le rappeler, sont de nature à fragiliser davantage un tissu social déjà mal en point.

Certains acteurs ne sont pas pressés de sortir de la crise

On en vient à la conclusion que le tango continue au Mali. C’est tout comme si les autorités officielles et leurs vis-à-vis de la CMA, faisaient un pas en avant et un pas en arrière. En d’autres termes, on fait du surplace. Si l’Accord d’Alger a pu permettre de tracer les sillons du retour de la paix au Mali, ce qui est tout à l’honneur de l’Algérie, il faut avouer que certains acteurs ne sont pas pressés de sortir de la crise. Les autorités maliennes ont fait des efforts en termes d’investissements au Nord du pays. Mais, les résultats sont restés mitigés, les rebelles ne jouant pas le jeu. Les éléments de la CMA restent campés sur leur position « Azawadiste » et gardent à cet effet l’arme au pied. « On peut forcer le chien à se coucher, mais on ne saurait l’obliger à dormir », dit l’adage. L’Algérie a pu contraindre« amicalement » les rebelles à signer l’Accord, mais elle n’a jusque-là pas pu les obliger à respecter ses termes. Tout porte à croire que tant qu’ils n’obtiendront pas l’indépendance de leur Azawad, la paix sera une simple vue de l’esprit. A ce rythme, le conflit est bien parti pour survivre à Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) qui a pourtant fait le serment d’en finir avec, au cours de son mandat. On en vient à croire que le Mali devra se résoudre à vivre dans la même situation que la Palestine dans ses rapports avec Israël, en intégrant la donnée de la guerre permanente. Ce qui serait bien dommage.

Source : Le Pays 

 

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