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Crise sociopolitique : Sale temps pour les religieux politiciens

Des attaques d’une ampleur rare et de nature nouvelle ciblent depuis quelques jours, ceux-là qui ont incarné aux yeux des centaines de milliers de maliens la droiture, le changement, la mesure et les valeurs de probité. Les dernières évolutions de la scène politique ont creusé davantage le fossé entre le peuple et les acteurs politiques. Aujourd’hui, il semble que ce fossé se creuse indubitablement avec les chefs religieux qui ont osé s’immiscer dans la sphère politique. Des activistes, alliés de dernières minutes devenus antagonistes, aux nombreux profils anonymes, se dessinent contre des leaders religieux, un front anti « prêche politique ».

Au premier rang des plus critiqués le charismatique imam Mahmoud Dicko. Des commentaires jugés souvent trop sévères se font sentir depuis quelques temps.

Faiseur et tombeur de roi, pour certains, « il a fait IBK, il l’a défait » pense de lui, Mohamed Youssouf Bathily, dit ras Bath, porte-parole du Collectif pour la Défense de la République, qui estime que « ce n’est pas une histoire religieuse, ni musulmane ». Au sujet de l’imam « je demande pardon à tous mes sympathisants de leur avoir demandé de suivre sa doctrine, ce n’est pas une musulmane » aggrave le chroniqueur. L’imam est à tort ou à raison, mis sous orbite. Et cela ne date pas d’aujourd’hui : « son appel au calme, à la retenu à l’endroit des manifestant du M5 RFP quand ils voulaient en finir avec le régime d’IBK par la force, relève d’une très haute stratégie politique » écrivait récemment un homme politique à son propos. Toutefois, de tous ces commentaires et propos à son égard, l’imam affiche une allure sereine.

« L’homme est défini et cité à plusieurs qualificatifs. Et il convient de lui reconnaitre sa carrure imposante, qui fait que les politiques tapent à sa porte, à tout moment, ce qui lui fait côtoyer ces hommes, et embrasser certaines visions des hommes politiques, comme il l’a fait avec des candidats à la présidentiel, comme IBK en 2013 » analyse Mohamed Ibrahim Djiré, politologue.

En revanche, certains observateurs, défendant le principe sacré de la séparation de l’église du pouvoir, estiment que les religieux feraient mieux de se cantonner dans les lieux de culte.

« Les religieux doivent être neutres et refuser de donner des consignes de votes, qui pourraient remettre en cause leurs impartialités, voire les rattraper comme on le voit actuellement. Ils ne doivent pas laisser la politique entrer dans les lieux de culte » estime le politologue.

Toute chose qui est loin d’être acquise. L’imam Oumar Diarra, nommé dans le CNT, après des détours, a accusé une brusque démission au sein de l’organe, qui accueillait également la fille d’un célèbre guide religieux du pays, qui a fini par jeter l’éponge également.

Ces deux cas, suffisent pour ne pas rappeler les prêches et appels des fidèles à voter un tel ou tel candidat. Une attitude, qui laisse croire que des leaders ont fait campagne pour des présidents récents de la troisième république.

Deux opinions opposées sont au cœur de la séparation de l’église du pouvoir au Mali. Celle pour laquelle les lieux de cultes ne doivent pas servir de « pouponnière électorale » et matérialiste au profit des hommes politiques, et l’idée partagée par une autre masse critique de la population, qui voit les leaders religieux, comme des garde fous, des sentinelles contre les dérives dans la gouvernance. Des soutiens au charismatique imam Dicko, estiment que l’imam joue parfaitement ce rôle de sanctuaire de la sagesse morale.

Cependant, au regard de l’évolution de la scène socio-politique, les discours sont durs à l’encontre de chefs religieux notamment Mahmoud Dicko, celui-là qui a incarné la sagesse, prôné le pardon, prêché la réconciliation des maliens, surtout des peulhs et Dogons.

 

A propos de lui, il s’est toujours agi de respect, et surtout d’estime, forcés par son humilité affichée, mais qui à en croire plusieurs observateurs, cache une deuxième figure, plus proche de la scène politique que des minarets.  Ce qui a couté des discours durs à l’endroit du très influent imam.

On dit également de lui, que même s’il n’a pas de parti politique, l’imam joue sa carte : « Dicko m’a dit que si Mohamed Salia Touré ne devient pas ministre, il en deviendra fou » a dévoilé récemment Mohamed Ali Bathily, lors de son passage sur une radio de la place. A croire Bathily, l’actuel ministre de l’emploi et de la formation professionnelle est l’une des cartes de l’imam dans la marche politique du pays. C’est justement pour ces raisons, que l’ex ministre d’IBK se « refuse de croire, quand l’imam dit je retourne dans ma mosquée ».

Il est difficile pour un religieux réputé cotôyer l’homme politique, sans en courir le risque de se voir coller même l’étiquette d’avoir une « religion politique ». L’aventure M5-RFP, qui a réuni bon nombre de figures religieuses et des hommes politiques, le passé récent de cette organisation s’est transformé en cauchemar pour certains hommes politiques, qui se sentent laissés, voire trahis au sein du M5 RFP, par des attitudes protéiformes, qui ont laissé partir en éclat cette organisation. Alors que, certains estiment que la voix de l’imam Dicko aurait pu calmer les ardeurs, maintenir la chaine soudée. Ce qui n’a pas été le cas.

Et c’est là également un autre péché imputé à l’imam, d’avoir sciemment assisté à des discours et répliques internes, qui allaient contribuer à disloquer ce mouvement politico-religieux, qui a soufflé dans la même trompète pour le départ d’IBK, mais pas dans la même vision quand il a été question de gestion de la transition.

Ousmane Tangara

Source: Bamakonews

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