Un document nous est parvenu hier, intitulé « Manifeste pour la refondation du Mali » et portant le nom de l’Imam Mahmoud Dicko. Nous avons pris soin d’en vérifier l’authenticité, l’Imam Dicko confirme la paternité du Manifeste qui propose la refondation du Mali à travers la synergie de tous les acteurs, la construction d’un pacte républicain pour sauver le pays, en restaurant l’autorité de l’Etat autour de l’intérêt général. Le Mali héritier des grands empires du Soudan Occidental se trouve aujourd’hui dans l’impasse, conséquence d’une immense injustice. L’Imam Mahmoud Dicko se dévoile comme l’apôtre portant la croix du « plaidoyer pour un Mali renaissant » en « fédérant toutes les énergies confessionnelles ». Il tire leçon des différentes manifestations populaires passées au cours de l’année 2020. « Depuis le 18 Août 2020, j’ai laissé ma porte grand ouverte.
J’ai inlassablement écouté et observé, mais la situation me paraît trop grave pour que je garde silence. Si nous ne réagissons pas maintenant, activement et collectivement, l’État qui nous gouverne n’a plus de sens. Il faut sauver le pays ». C’est le temps d’indexer toutes divergences qui ne se préoccupent pas de la défense de l’intérêt général, qui reposent sur des considérations partisanes et égocentriques, et qui alimentent la déchirure des forces vives et l’échec collectif. « C’est aussi avec gravité que j’observe les risques d’échec du combat de ce noble peuple épris de paix et de justice pour une gouvernance vertueuse. Les gouvernants doivent vivre avec l’obsession de l’intérêt général de la lutte contre l’impunité et l’intolérance, en faveur de l’égalité face à la loi et dans l’accès des services publics », selon le manifeste. L’Imam Dicko y professe son mea culpa : « Je me suis souvent trompé en soutenant des hommes qui, guidés par des intérêts égoïstes et matérialistes, n’ont pas su incarner le redressement du Mali tant souhaité. J’ai cru, comme en 2013, qu’une participation forte à un projet électoral pourrait, à elle seule, porter l’espoir de résolution de nos problèmes de gouvernance politique et sociale. Je me suis trompé. Je le regrette sincèrement ». La balle semble être dans le camp d’autres acteurs dans le jeu politique, notamment ceux incontournables dans le marigot politique et le jeu démocratique. Il ne serait pas mauvais que d’autres fassent leur mea culpa et s’engagent à se reformer, une condition (mais non suffisante) pour un Mali nouveau. Ce manifeste cache-t-il une ambition pour la présidentielle à venir ? « Je suis sans agenda caché, ni ambition personnelle ou intérêt partisan, mais je suis inquiet de ce feu qui embrase nos villes et nos campagnes, et qui pourrait, à terme, détruire « le Vivre ensemble » dans cette maison commune qu’est le Mali. », répond l’Imam par anticipation. Au centre des préoccupations : la paix, la sécurité, la faiblesse de l’éducation, l’absence de perspective pour notre jeunesse, l’incivisme, la corruption endémique, les actes obscurantistes et la mal gouvernance. Nous devons agir sans relâche avec les forces vives de la Nation pour la restauration de l’autorité de l’Etat. L’Imam prend des engagements à « se rendre partout où je peux être utile, là où nos citoyens se sentent abandonnés » ; « favoriser le dialogue entre tous pour nous réconcilier » ; « bâtir des passerelles d’échange entre les acteurs civils et armés, pour remettre au cœur des préoccupations, le vivre ensemble et la confiance entre les communautés » ; « aller à la rencontre de nos frères et sœurs pour porter la paix dans toutes les régions en fédérant toutes les énergies confessionnelles » ; « soutenir toute initiative en faveur du développement en faveur de notre jeunesse » ; « contribuer à la construction d’un nouveau pacte républicain entre tous les acteurs maliens ». Nous publions ci-dessous l’intégralité du manifeste de l’Imam Dicko.
Manifeste pour la refondation du Mali
Mon esprit est tourmenté par le sort du Mali et de mes concitoyens. Les sources d’inquiétude s’amoncellent, mon âme affectée finit par déchirer mon cœur. Je ressens une tristesse infinie à la lumière de l’Islam, religion de paix, de tolérance et expression d’une existence hors de modèles imposés par autrui. C’est, baigné dans le riche héritage des traditions savamment préservées au cours des siècles, que j’ai pu grandir et m’élever face à ce que je considère depuis trop longtemps comme une immense injustice, qui a fini par laisser notre pays dans l’impasse. Le Mali est héritier des grands empires du Soudan Occidental.
Nul n’est prophète en son pays. Ma foi profonde en les valeurs d’un islam de tolérance et d’amour patriotique continue de nourrir ma raison de vivre et mon discours public. Cette foi m’oblige à tenir le discours de la vérité. Je suis resté émerveillé par l’acte de dévotion vers l’autre et le courage du plaidoyer pour un Mali renaissant. Aussi, est-ce avec esprit de responsabilité que je considère la légitimité de la dynamique de réveil du Peuple malien à travers les différentes manifestations populaires passées au cours de l’année 2020. C’est aussi avec gravité que j’observe les risques d’échec du combat de ce noble peuple épris de paix et de justice pour une gouvernance vertueuse. Les gouvernants doivent vivre avec l’obsession de l’intérêt général de la lutte contre l’impunité et l’intolérance, en faveur de l’égalité face à la loi et dans l’accès des services publics.
Nul être non plus n’est parfait. Je me suis souvent trompé en soutenant des hommes qui, guidés par des intérêts égoïstes et matérialistes, n’ont pas su incarner le redressement du Mali tant souhaité. J’ai cru, comme en 2013, qu’une participation forte à un projet électoral pourrait, à elle seule, porter l’espoir de résolution de nos problèmes de gouvernance politique et sociale. Je me suis trompé. Je le regrette sincèrement.
Je veux porter ici la voix d’un nouvel élan d’émancipation, d’une urgence à agir, à penser haut et vrai, devant l’histoire pour de nouveaux horizons, avec l’espoir que le génie malien entendra l’écho de cette voix et élèvera à mes côtés, en pèlerin, notre destinée. C’est un acte d’espoir et de paix. Je suis sans agenda caché, ni ambition personnelle ou intérêt partisan, mais je suis inquiet de ce feu qui embrase nos villes et nos campagnes, et qui pourrait, à terme, détruire « le Vivre ensemble » dans cette maison commune qu’est le Mali.
La situation est périlleuse et j’ai conscience que convaincre nos concitoyens demeure aujourd’hui une exigence forte dans un Mali gangrené par la faiblesse de l’éducation, l’absence de perspective pour notre jeunesse, l’incivisme, la corruption endémique, les actes obscurantistes et les vendeurs d’illusions. Le tout sur fond de mal gouvernance.
Depuis le 18 Août 2020, j’ai laissé ma porte grand ouverte. J’ai inlassablement écouté et observé, mais la situation me paraît trop grave pour que je garde silence. Si nous ne réagissons pas maintenant, activement et collectivement, l’État qui nous gouverne n’a plus de sens. Il faut sauver le pays.
Nous devons agir sans relâche avec les forces vives de la Nation pour la restauration de l’autorité de l’Etat.
Pour ce faire, je m’engage, librement, à me rendre partout où je peux être utile, là où nos citoyens se sentent abandonnés.
Je m’engage à favoriser le dialogue entre tous pour nous réconcilier.
Je m’engage à bâtir des passerelles d’échange entre les acteurs civils et armés, pour remettre au cœur des préoccupations, le vivre ensemble et la confiance entre les communautés.
Je m’engage à aller à la rencontre de nos frères et sœurs pour porter la paix dans toutes les régions en fédérant toutes les énergies confessionnelles.
Je m’engage à soutenir toute initiative en faveur du développement en faveur de notre jeunesse.
Je m’engage à contribuer à la construction d’un nouveau pacte républicain entre tous les acteurs maliens.
Il s’agit là d’un appel à un élan de croyance en l’avenir. C’est le chemin que je veux emprunter dorénavant. Je ne souhaite aucun projet de société autre que celui que les maliens veulent pour eux-mêmes. Je suis à vos côtés. « Il ne s’agit pas seulement de parler de paix, il faut y croire. Il ne s’agit pas simplement d’y croire, il faut la construire » (Anna Eleanor Roosevelt).
Imam Mahmoud Dicko
Février 2021
Source: Le Républicain- Mali