Dans l’interview ci-dessous, le diplomate français Laurent Bigot évoque les relations franco-maliennes, la situation sécuritaire du Mali. L’ancien patron de la direction Afrique de l’Ouest au Quai d’Orsay dénonce surtout le silence du peuple malien face à la situation qui traverse le pays.
Comment voyez-vous les relations franco-maliennes avec le président Emmanuel Macron ?
J’ai le sentiment qu’il n’y a pas de grand changement avec ses prédécesseurs. J’ai également le sentiment que côté malien non plus rien n’évolue.
En janvier, plus de 70 personnes ont été tuées suites des attaques terroristes dans le Nord et le Centre du Mali. Qu’est-ce qui explique cette montée en puissance des terroristes malgré la présence de la force antiterroriste française Barkhane, les forces du G5-Sahel, l’armée malienne et la Minusma ?
Tous les acteurs sur le terrain et les autorités maliennes connaissent très bien les raisons. Il y a des choix qui sont faits par les autorités maliennes de ne pas agir et d’accepter cette dégradation sécuritaire. Les Maliens connaissent tout cela. La question qui se pose est la suivante : Comment se fait-il que le peuple malien accepte cette situation ?
Qu’est-ce que le peuple du Mali doit faire pour changer la situation ?
Je ne sais pas! Je ne suis pas Malien. C’est aux Maliens de décider ce qui est bon pour eux.
A la demande de la France, le Conseil de sécurité de l’ONU a pris la décision de sanctionner le Mali si des dispositifs de l’accord pour la paix ne sont pas rapidement mis en œuvre. Pourquoi la France fait-elle cela ? Quel est son intérêt ?
La question qu’il faudrait poser est plutôt la suivante : Pourquoi le Mali n’applique pas l’accord pour la paix qu’il a signé ? Quel est son intérêt ?
Il faut situer les responsabilités au bon niveau. Si la France est impliquée dans la crise malienne c’est d’abord par défaillance des autorités maliennes. Les regards et questions doivent donc d’abord se diriger vers les véritables responsables.
2018 est une année électorale au Mali. Les élections locales et régionales se tiendront en avril, la présidentielle en juillet et les législatives en novembre 2018. Peut-on parler d’élections dans ces conditions d’insécurité généralisée ?
Il revient au gouvernement malien d’estimer si les conditions sont réunies pour des élections sereines. Il revient surtout au peuple malien de prendre en main son destin, car personne ne peut le faire à sa place.
Quelle pourrait être la position de la France si la présidentielle venait d’être reportée ?
Je n’en ai aucune idée et à vrai dire c’est d’abord l’affaire du peuple malien. C’est une élection malienne et non une élection française. Le peuple malien est le seul à pouvoir décider.
Propos recueillis par Maliki Diallo
Source: L’indicateur du Rénouveau-Mali