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CRISE PERSISTANTE: Mahmoud Dicko et Haïdara accusent la France

C’est un autre combat, plus ou moins rude qui oppose désormais les leaders religieux maliens et l’ancienne puissance coloniale. Les forces étrangères qui s’étaient invitées à bras ouverts au Mali pour lutter contre le terrorisme sont aujourd’hui indexées d’être dans le dessein de recoloniser le pays. Une raison qui, selon les leaders religieux, pousse Paris et ses amis à entretenir cette question de djihadiste-terroristes, un alibi leur permettant de rester encore plus longtemps pour ôter le Mali de ses potentiels religieux, culturels et sa dignité. Décryptage.

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Si pour sa part, le Cherif Ousmane Haïdara pose le problème de djihadiste-terroristes avec diplomatie tout en maintenant un flou autour, l’Imam Dicko lui, avance qu’ « il est difficile de dire cette vérité, mais qu’il faut la dire parce que c’est le lieu et le moment ».

Avec un ton posé, le grand prêcheur international chérif Ousmane Madani Haidara s’interroge lui, sur le concept d’un islam terroriste aux contours ambigus à savoir : Qui sont les islamiste-terroristes ? Quelles sont leurs réelles motivations ? Ont-ils des sources de financement occultes ? Quelles sont leurs véritables forces de frappe ?

A la lumière de toutes ces interrogations soulevées par le guide d’Ançar-Eddine, il sera loisible d’éclairer les zones d’ombre sur le concept, car l’islam proscrit le crime et le suicide. Et « aucun croyant, connaissant ces faits, n’ose ôter la vie des innocents ou se suicider utilement. Donc il s’avère indispensable de dissocier l’islam symbole de pardon, du partage aux actes barbares et ignobles. Y a-t-il amalgame quelque part afin de confondre les vrais acteurs du terrorisme et les musulmans ? Il faut qu’on en parle », analyse-t-il.

Fin décembre 2015, l’Imam Mahmoud Dicko de son côté, était à cœur ouvert avec des fidèles réunis dans la grande mosquée de Bamako.

Tout d’abord, en homme pieux, Mahmoud Dicko plaide la patience et l’indulgence afin que le pays puisse être stabilisé. A cela, Dieu sait, selon lui qu’ils s’en sont soumis. Mais ce qui inquiète, selon l’Imam, et qui doit être dénoncé aujourd’hui, «c’est la posture de ces gens-là qui ont programmé de toutes pièces l’affaiblissement, la désorganisation et le terrassement de ce pays. Ils ont enfoncé ce pays à travers leur complicité. Ils sont à l’origine de l’amoindrissement des forces vives existantes. Ce qui a créé le fossé entre les leaders religieux, les forces armées et de sécurité, les commerçants, les travailleurs, les syndicats, etc. Tous ceux-ci ont été divisés et dressés les uns contre les autres dans le but de mettre ce pays à terre ». Et avec précision, il déclare que c’est un processus.

Ainsi, ajoute-t-il, « c’est quand tout a été affaibli qu’ils se sont invités ici chez nous, et pour y arriver, ils s’étaient mis à déclarer le Mali incapable de s’en sortir tout seul ».

En outre, « on ne peut pas comprendre que de gens à l’origine de nos malheurs, viennent nous accuser d’avoir détruit notre propre pays ».

Les djihadiste-terroristes en question.

«A ce point, s’il y a quelqu’un qui doit combattre ceux qu’ils appellent djihadistes, c’est bien nous les musulmans, car c’est à cause d’eux que notre pays a perdu sa dignité. A cause d’eux le pays est placé entre les mains de ceux qui le guettaient depuis, pour en faire ce qu’ils veulent. » Or, tranche-t-il, « il y a un processus de recolonisation de ce pays ».

Pour y arriver, ajoute l’Imam, « le pays est étouffé pour son maintien dans la domination et dans l’esclavage. Cependant, tant que ceux qui ont été faits des alibis pour justifier cette occupation sont là, ces colonisateurs déguisés ne partiront pas.  Il y a aujourd’hui chez nous 12.000 Agents des Nations Unies avec tout leur équipement. La France quant à elle, en détient 1.800 personnes. Ils sont venus et jusqu’ici, n’ont pas prévu leur départ. Dans tout ça, le hic est que nous qui sommes natifs d’ici chez nous, ne sommes pas capables d’aller dans notre sahel pendant qu’ils y paradent comme ils veulent.  Le Président de la République aujourd’hui ne peut même pas aller à Gao sans l’aval de la Minusma ou de Barkhane.  C’est un processus de recolonisation de ce pays », croit mordicus, Mahmoud Dicko.

Toutefois, s’il s’interroge à savoir celui qui a facilité cet état de fait à l’occupant, Dicko n’est pas pour poser une question oratoire : « Ce sont ces gens qu’ils appellent djihadistes », et ajoute, « il ne faut pas qu’ils nous prennent pour de gens qui boivent de l’eau des narines».

«C’est pourquoi j’avais dit que dans cette histoire, c’est bien nous qui nous sommes faits des idiots. En plus, nous acquiesçons tout ce qu’ils racontent. C’est difficile à dire, mais il faut avoir le courage de le dire : Les acteurs de la recolonisation de notre pays sont aujourd’hui nos détracteurs. Ils sont venus, et l’on continue de parler de djihadistes qui ne sont que leur raison d’être ici. Sinon, qu’ont-ils à faire ici si cette histoire de djihadistes prend fin ? Alors, ça ne finira pas parce qu’ils n’ont pas fini de chercher ce qu’ils sont venus chercher. C’est nous qui n’avons encore rien compris », assène l’Imam.

Seule l’unité entre les fils de la nation peut aider le pays à se relever, mais face à cela, Dicko pense que les occidentaux ont peaufiné tout un processus de division de tous les fils du pays. Ce qui empêche le Mali de reprendre les rails.

Dans son allocution, l’Imam qui était face à des milliers de fidèles n’a pas épargné les medias occidentaux qui, selon lui, sont des medias mensongers.

Pour lui, « il s’agit entre autres, des medias que les occidentaux utilisent contre les Etats et les hommes qu’ils veulent purement et simplement détruire. C’est pourquoi dans ces deux jours, vous entendez RFIparler bambara : Certains d’entre nous pensent que RFI parle bambara pour l’amour de cette langue, mais non : A l’époque ils ont colonisé ce pays, avec de simples interprètes.  Alors, ils n’aiment pas le bambara,  ils ont une cible. Et ils ont compris qu’un divorce est consommé entre l’élite, la classe politique et l’équipe dirigeante. On ne se comprend plus. Ils ont aussi compris que ceux qu’ils envoient nous prendre pour eux, n’ont plus aucune crédibilité à nos yeux. Donc, ils s’adressent directement au peuple.» En ce moment, dit-il, « où que tu sois, tu es content que c’est RFI qui te parle en bambara sur ses ondes : mais c’est grave pour toi.  Car ceux qu’ils cherchent c’est de te faire un lavage de cerveau. Ils te distraient de sorte que tu ne te rendes point compte de la raison de leur installation ici, et c’est ça le plan », tranche-t-il.

« De gens que nos ancêtres ont combattus et chassés d’ici, sont ceux dont nous avons applaudi le retour », regrette-t-il, avant de s’interroger : Pensons-nous que cela est de notre avantage ? Qui a combattu l’occupant hier ? Ce sont les hommes religieux et de dignité !

Pour être précis, il rappelle : « ils ont été combattus par El Hadj Oumar, Ahmed Bamba et Almamy Samory Touré. Samory était un Imam, un intellectuel musulman qu’ils ont désigné en assassin juste parce qu’ils le haïssaient. En plus, ils salissent toujours la réputation de gens qu’ils haïssent ! Ils ont tué Mohamed Lamine Dramé, Fihroune, Babemba et Koumbi Diossé. Mais le jour où ils prirent Cheick Ahmad Sorfe Sorfa, ils l’ont menacé de ne plus jamais voir l’Afrique s’il n’acceptait pas leur demande. Ce dernier leur répliqua que vous pouvez m’amener là où je ne verrai pas l’Afrique, certes, mais vous ne pouvez pas m’amener là où je serai loin d’Allah, ndlr. Ils ont combattu tous ces gens, ce n’est ni pour la barbe ni pour le wahhâbisme : Ils n’aiment pas tout simplement celui qui aime sa religion et son pays.»

Aujourd’hui, « le prétexte que les colonisateurs chassés par nos pères de l’indépendance ont eu pour retourner chez nous, c’est cette histoire de djihadistes. Leur départ avait été pourtant applaudi, et à leur retour, ils ont été accueillis avec leurs drapeaux en l’air : C’est le retour de l’impérialisme colonial. Et la réalité est qu’ils sont revenus et ont pris le pays pour se l’en servir.  Et l’objectif principal est de retirer au pays sa dignité, sa foi religieuse, sa tradition, ses valeurs et mœurs. La première tentative fut avec le code de la famille. Ce fut un échec. Maintenant, pour toujours y arriver, ils ont procédé au passage par forcing. Il s’agit en fait d’une situation qui a favorisé et nécessité leur installation dans notre pays », développe-t-il de plus.

Enfin, le côté obscure qui nécessite beaucoup plus d’intelligence pour être compris,  rappelle-t-il, « est que ceux qu’ils appellent terroristes trouvent toujours le moyen de se suicider après forfaiture. Mais que diantre, qui pourrait reconnaitre quelqu’un qui s’est donné la mort ? En plus, il n’y a point de débat sur ça. On rapporte les fait, on condamne et pas plus ! On n’essaie ni de justifier ni d’en parler plus. Et comment y remédier ? On n’en parle pas ! On condamne et on se tait. Alors donc, il ne faut pas continuer à pendre les gens comme des enfants tous les temps. On doit être murs maintenant », conclue-t-il.

 

Source: Le Soft

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