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Crise et droits de l’homme au Mali : Oumou Sall Seck balise le terrain avec des solutions pertinentes à l’appui

Avec le jeune Alioune Gueye (Conseil national des jeunes), le Maire de Goundam a participé au 5e Forum mondial des droits de l’Homme. C’était du 22 au 25 mai 2013 à Nantes, en France. Comme d’habitude, Mme Oumou Sall Seck a fait honneur à la patrie avec une brillante allocution et des prises de position pertinentes au cours des débats.

 

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Honorable, Mme Oumou Seck

«Les droits de la personne humaine sont sacrés. Le peuple a souverainement proclamé sa détermination à défendre les droits de l’Homme ainsi que la diversité culturelle de la communauté nationale», a rappelé Mme Seck. Elle se réfère sans doute à la constitution de notre pays qui ne laisse nulle place aux discriminations fondées sur l’origine sociale, la race, la religion et à l’opinion politique. Et elle consacre la liberté de religion, de culte, d’opinion pour tous les citoyens. Ainsi, nul ne doit être soumis à la torture, ni à des sévices ou de traitements inhumains, cruels, dégradants ou humiliants.

 

Dans le nord-Mali, les bandits armés et les jihadistes ont voulu non seulement remettre en cause ces libertés chèrement acquises et cette laïcité républicaine, mais ils se sont aussi rendus coupables de torture, de sévices et de traitements inhumains, cruels, barbares dégradants, humiliants… Et cela pendant de longs mois. Pour l’édile de Goundam, au Mali, les Droits de l’Homme peuvent s’apprécier surtout par le niveau d’accès aux services sociaux de base. Sur ce plan, les régions concernées par la crise actuelle (Tombouctou, Gao et Kidal) ne sont pas assez dotées. Certains droits sont quasi-inexistants. Il s’agit par exemple du droit à la santé, notamment pour des campements distants de plus de cent kilomètres d’un centre médical. L’accessibilité à l’eau potable nécessite aussi souvent une journée de voyage au moyen de transport animal.  «L’éducation et l’instruction sont dispensées dans des conditions particulièrement très difficiles avec l’inexistence ou l’absence de cantines scolaires. Sans compte que les enseignants sont souvent des recalés d’autres écoles… Le travail est résumé aux activités culturelles et traditionnelles. Ces activités saisonnières ne permettent ni d’occuper le temps, ni de subvenir aux besoins plus indispensables», rappelle Oumou Sall. De son point de vue, les autres droits, notamment le logement et l’amélioration de la qualité de vie, «relèvent pratiquement de l’utopie», déplore Madame le Maire. Les perceptions des uns et des autres de la notion de l’Etat de droit de l’Homme, rappelle cette militante de conviction, sont quelquefois différentes selon qu’on se place du point de vue «du global ou du local». Autrement dit, le «point de vue du global» pourrait concerner le phénomène dans les grandes et moyennes agglomérations. Là où le «pseudo développement» accorde la possibilité aux citoyens de manifester leur ressentiment ou leur exigence par apport à tel ou tel droit. Par contre, ce droit semble être hypothéqué voire inexistant dans le cadre local. En effet, «dans les communes rurales les plus éloignées, on s’aperçoit que la pesanteur de la culture, de la religion, des coutumes et des us, en un mot, celle de la tradition, a une influence énorme sur le comportement des populations. Cela se traduit par exemple par l’impossibilité de confier la chefferie de village à une femme ou encore la femme ne peut hériter de la terre, etc. Ces populations sont plutôt gérées par les règles établies et fortement enracinées par la communauté de base», souligne Mme Seck.

 

De solides Institutions républicaines indispensables 

Cependant, reconnaît-elle, force est de reconnaître que les collectivités territoriales et les Organisations non gouvernementales (ONG) et surtout celles des droits de l’Homme ont énormément travaillé dans «le souci d’œuvrer à l’amélioration des droits des individus». Malheureusement, leur faible capacité (en termes de ressources humaines et financières très limitées) n’a pas «permis d’asseoir une vraie culture des droits de l’Homme, surtout dans les zones rurales d’accès difficile où les droits élémentaires des populations demeurent un luxe». Pour l’élue municipale de Goundam, l’effectivité du retour à la normalité est corroborée par le «fonctionnement correct» des Institutions de la République. «Le théâtre des opérations a occasionné des violations flagrantes des droits les plus élémentaires. Encore que l’Etat ait été incapable d’assurer sa mission régalienne de sécurité défense et de sécurité intérieure. Le repli de l’armée, et de l’administration a favorisé toutes sortes d’exactions sur les paisibles populations, notamment des viols, des mariages forcés, des séquestrations, des vols, des amputations et lapidations, destruction des patrimoines, etc.», déplore Oumou Sall Seck. Cette situation a eu pour «conséquence immédiate et directe» la terrible problématique des déplacés et des réfugiés avec leur corollaire de difficultés s’y rapportant, l’effritement des foyers, le bouleversement de l’économie familiale, la destruction des biens matériels, l’affectation morale et physique des citoyens innocents ; le saccage des biens publics, locaux, mobiliers, matériels et surtout des archives constituant la mémoire de la nation. Tout comme des dommages souvent irrémédiables ont été causés aux mausolées et édifices classés patrimoine mondial. La cruauté des occupants s’est manifestée à travers des exactions barbares et humiliantes sur des populations déjà éprouvées par l’âpreté d’un environnement naturellement hostile. «De tout ce qui précède, les droits textuellement acquis doivent être réellement rétablis pour le respect à la vie, à la liberté, à l’intégrité et à l’identité de la personne», analyse la très engagée Oumou Sall.

 

Des services sociaux de qualité et accessibles pour renforcer l’autorité de l’Etat

Cependant, dans les régions concernées, le respect de certains droits inhérents à la personne humaine permettra, sans nul doute, un effectif retour à l’Etat de droit. Il s’agit par exemple d’un rapprochement des populations aux centres médicaux ; l’accessibilité à l’eau potable et à une meilleure éducation civique et morale des enfants…  «L’accent doit être mis sur la qualité et le nombre des enseignants, surtout dans ces zones d’une extrême dureté, à l’instar des autres régions», insiste Mme Seck. Pour ce qui concerne la liberté de religion et de culte, ajoute-t-elle, «il importe de signaler que le Mali est connu pour sa tolérance religieuse qui se manifeste toujours dans l’habitude de culte». De l’avis de l’édile de Goundam, «l’effectivité de l’Etat de droit ne se fera que par une fortification des Institutions de la République, une refonte de l’armée aux exigences d’une armée républicaine». Elle préconise également une culture de la gouvernance démocratique, de décentralisation, de la justice et du développement.  «La condition sine qua none du respect des droits élémentaires passe par la recouverte de l’intégrité du territoire. Seul, le rétablissement de l’intégrité territoriale peut éviter l’enlisement du Mali dans la crise. Pour toutes fins utiles, la sécurité et la défense du territoire dans son entièreté, étant une mission régalienne de l’Etat, il ne saurait par conséquence être relégable ni à une coopération militaire ni à une force communautaire. Cette mission permettra à la République du Mali d’avoir la compétence exclusive sur son territoire et d’être indépendante au niveau international», pense Oumou Sall Seck. «L’accomplissement de ces deux missions, dans le cadre d’une bonne gouvernance du développement, permettra d’avoir le bénéfice de l’ensemble des droits textuellement acquis», conclut-elle, son allocution très ovationnée au 5e Forum mondial des droits de l’Homme à Nantes (France). Comme elle, les observateurs sont d’avis que «la présence de l’Etat plus loin dans les zones désormais libérées et plus longtemps permet aussi l’exercice de certains droits essentiels». Par ailleurs, la gouvernance du développement doit permettre de créer de l’emploi dans l’optique d’occuper la tranche femme et jeune. Le travail est une activité de l’épanouissement de ces bras valides. Les occuper, c’est surtout les mettre au-dessus de la tentation de rejoindre ceux qui prennent les armes pour défendre des intérêts sordides ou des idéologies fallacieuses !

Hamady TAMBA

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