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Crise des valeurs : L’ennemi numéro 1 du Mali !

La crise économique n’est pas le pire des maux dont souffre le Mali. L’ennemi public numéro UN de notre cher « FASO (patrie) », c’est la crise des valeurs.

Oui, malheureusement! Des contre-valeurs d’hier sont aujourd’hui érigées en principes (indiscipline et incivilité, sexualité précoce, manque de probité morale et d’éthique, culte de l’amateurisme et de la médiocrité, dépravation des traditions, occidentalisation de la société, crise de l’autorité, perte de l’unité familiale, développement des tendances égoïstes et de l’esprit calculateur, etc.). Par valeur, il faut entendre tout fait social ou de culture qui est conforme à la raison, à la nature de l’homme et qui répond positivement aux besoins fondamentaux de la majorité des membres d’une communauté humaine. «Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple ». Cet adage en dit long sur la nécessité pour l’homme de recevoir une éducation en ce sens qu’elle participe pleinement du développement de ses dispositions naturelles, morales, intellectuelles et physiques.

Mieux encore, la nécessité d’une «éducation populaire» qui cherche principalement à promouvoir, en dehors des structures traditionnelles d’enseignement et des systèmes éducatifs institutionnels, une éducation visant l’amélioration du système social. Une forme d’éducation qui se positionne en complément de l’enseignement familial, formel ou académique et qui reconnaît à chacun la volonté et la capacité de progresser et de se développer, à tous les âges de la vie. Au Mali, les comportements, les faits et gestes de tous les jours sont largement révélateurs d’une indiscipline et d’une incivilité caractérisée.

La triste vérité ressort d’un clin d’œil sur l’environnement immédiat (services publics, hôpitaux, transports en commun, voies publiques, voisinage, etc.) Combien de fois, en une seule journée, voit-on un chauffeur de transport en commun ou de taxi forcer un feu tricolore, ou rouler à vive allure? Craignant plutôt d’être arrêté par un agent de la police et de perdre de la clientèle que de cogner un piéton ! Que dire des surcharges dans les bus et minibus avec la complicité des usagers eux-mêmes ! Aucune règle, aucune directive, à part celles de l’apprenti ou du chauffeur, n’est respectée. Chacun n’en fait qu’à sa tête et se suffit à lui-même, ignorant volontairement le risque que lui courir le ‘’tombeau roulant’’ dans lequel il s’engouffre au quotidien. Ne font-ils pas des actes irresponsables et irréfléchis ces piétons qui, faisant fi des passerelles et autres passages protégés, mettent leurs vies en danger, ainsi que celles de leurs semblables ?

Il est tout aussi fréquent de voir des vieilles personnes, jeunes et adultes satisfaire leurs besoins naturels aux rebords des clôtures de maisons, de stades, d’usines, de chantiers, etc. On en a marre de ces rappeurs maliens qui, dans leurs clips et textes, confondent le fait d’être femme et la débauche. L’ATM (Ancien Type de Malien) respectait, valorisait, protégeait la femme. Qu’en est-il de ces étudiants et autres jeunes qui incendient ou caillassent des bus et des biens d’autrui, alors qu’ils sont censés être le Mali de demain? Au sein des hôpitaux, négligence et insolence du personnel semblent constituer la règle.

Les formules de politesse (bonjour, pardon, merci, s’il vous plaît) sont absentes de nos vocabulaires. Les cours d’éducation civique et morale, qui permettaient à l’enfant d’intégrer certaines notions de civisme et de discipline, ne servent plus à grand-chose. Le déclin de la traditionnelle, «éducation collective», le débat sur la «correction ou non» de l’enfant, la fuite de responsabilité des parents constituent le faisceau d’indices expliquant l’absence d’un « Code moral » pour jeunes et adultes d’aujourd’hui. Seul l’indiscipliné est violent, voleur, violeur et tueur.

D’après la sagesse africaine, « on n’abat véritablement un arbre qu’en s’attaquant à ses racines. L’enfant sans discipline en sa jeunesse fera rarement fruit en sa vieillesse.» La restitution des valeurs commence donc par la reprise d’une bonne éducation de l’enfant; tout en sachant ceci: «Éduquer un enfant consiste d’abord à s’éduquer soi-même» car, tous les excès se paient…chèrement. Parents, enseignants et adultes, devront reprendre conscience que les enfants les imitent et s’inspirent de leurs attitudes pour fonder leur manière d’être, de sentir et d’agir. L’action des aînés, leurs bons exemples et leurs convictions devront constituer la base d’un apprentissage des comportements sociaux pour notre jeunesse. Ce qui permettra de revenir à une éducation traditionnelle. Celle-ci sera collective car relevant non seulement de la responsabilité des parents, mais aussi de toute la famille et de la société, etc. L’enfant aura une multitude «d’éducateurs» en ce sens qu’il pourra être, sans excès, conseillé ou corrigé par n’importe quel adulte du « village». Cette éducation sera progressive et continue, c’est-à-dire adaptée à chaque catégorie d’âge (allant du respect de la hiérarchie à la vie conjugale, en passant par la discipline individuelle et celle en société, etc.) Cette forme d’éducation reposera sur une uniformité des principes éducatifs qui régissent la société malienne. Elle sera physique, intellectuelle, religieuse, morale, sociale, etc.

Une reprise des «bonnes vieilles méthodes» est donc nécessaire : méthode de la peur, méthodes des contes, légendes, devinettes, proverbes, etc. L’éducation moderne n’est pas à bannir, mais à ‘’consommer’’ avec modération. Elle permet l’intégration de l’individu dans un pays tiers, son ouverture d’esprit, son acceptation des diversités culturelle et religieuse, etc. Seulement, c’est une forme «d’éducation à l’occidental» qui ne doit pas être exclusive dans une société comme la nôtre. Parlons, d’autre part, de ces émissions télévisées, sans utilité aucune, qui polluent le petit écran et qui participent également de la dépravation des mœurs. Elles sont sources d’impudeur, de sexualité précoce, de mal-être profond, de perte de temps, etc. Ces émissions dont les sujets ne sont que sexe, danses obscènes et autres futilités et tout un tas d’émissions dont il conviendrait de démissionner, sans bien sûr paraphraser un ministre qui parlait de «télévisions poubelles». Parlons-en ! Accordons-nous pour dire que par pure gêne ou par respect, il n’est plus possible de regarder la télévision en compagnie de nos pères et mères, de nos frères et sœurs ou de nos enfants ! Termes déplacés et images indécentes en sont les principales causes.

La jeunesse consciente n’accepte pas de passer son temps à faire du « yèrèlabila (la perversion)», à parler de sexe, de séduction, d’amitié entre filles et garçons et ne savons quoi ! L’arrivée crescendo d’animateurs bavards, dépourvus de charme et d’éloquence en dit long sur cette sorte de perversion de nos radios et télévisions. D’autres sujets sont là, plus intéressants : des idées de développement et de restitution des valeurs civiques et morales, des idées de projets pour les jeunes, des sujets socio-éducatifs et de culture générale. Il faut, surtout, une « régulation » de ces émissions par l’autorité compétente. De leur côté, les médias, plus intéressés par la rentabilité et la visibilité de leurs articles que par le volet éducatif de leurs missions, sont aussi responsables de cette désastreuse situation. Ils ne font que la publicité de fausses célébrités et d’autres sujets sensationnels (viols, divorces, prostitution, diffamation, sorcellerie, etc.). Ils s’érigent en complices de ces hors-la loi (marchands ambulants, garages mécaniques, menuiseries, cantines, vendeurs de table…) qui occupent illégalement les rues et trottoirs, allant même jusqu’à menacer les autorités chargées de remettre de l’ordre sur la voie publique. Parlons, pour finir, de l’autre « face cachée de l’iceberg ». Pire, l’accoutrement du gente féminin est, aujourd’hui au Mali, synonyme de nudité. Les jeans slims, objets de controverses. Il est très facile d’invoquer les revers de l’occidentalisation de notre société pour trouver un sens à tout cela. Mais désormais, il n’est plus possible de se voiler la face. Admettons qu’il n’y a plus de repères! Il n’y a plus de bonne éducation pour des adultes encore moins les jeunes. Il n’y a plus de place pour la pudeur. L’indécence a atteint son paroxysme. Ces gestes qui, autrefois, frisaient l’insolence sont devenus choses banales et ne choquent presque plus personne.

Bref, le constat est là. Au Mali, les moyens de vivre sont en train de prendre le dessus sur les raisons de vivre. Disons « NON ! » au fatalisme, aux contre-valeurs. Il est encore possible de rétablir nos valeurs: amour du prochain, union, entraide, discipline, respect des règles sociales (étatiques, religieuses et morales), charité, générosité, hospitalité, éducation, suprématie de la collectivité sur l’individu, solidarité responsable, respect des aînés et des invalides, etc.

Aussi, les instances politiques devront être fidèles à leurs «promesses de changement» et réorganiser les structures socio-économiques de manière à placer les Maliens dans des conditions dd vie décentes. Il est indispensable de placer les enfants (et donc les parents) dans les conditions d’existence nécessaires à leur développement harmonieux avant de les éduquer. Il leur faut une bonne santé mentale, physique, des conditions matérielles adéquates, une nourriture équilibrée, etc. Il faut une prise de conscience de cette crise morale de la jeunesse malienne. Lutter contre le déracinement car, il n’y a pas plus riche que nos cultures et traditions. «Tout ce que l’on reçoit de l’extérieur n’est pas forcément à jeter», mais «fossitèyérébo».

Maliennes et maliens, par cette présente, il n’a nullement été question de s’ériger en «un petit contestataire, révolutionnaire ou donneur de leçon du coin» car, il n’est guère besoin d’une grande culture pour tourner cette lettre à votre adresse. Il s’agit plutôt d’exposer une pensée supposée commune, et d’user de l’une des premières libertés fondamentales : la liberté d’opinion et d’expression.

Sambou Sissoko

 

Source: Le Démocrate

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