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Crise au sein de la fédération malienne de natation : Deux bureaux parallèles se regardent en chiens de faïence La gestion financière est au cœur du différend

Après la Fédération malienne de l’hippisme et celle du football, le démon de la division vient de frapper à la porte de la Fédération malienne de natation, considérée auparavant comme l’une des fédérations sportives les plus stables du Mali. En effet, depuis quelques semaines, cette fédération est secouée par une crise qui a produit la mise en place d’un bureau fédéral parallèle. Voilà donc un test sérieux pour la Chambre de conciliation et d’arbitrage des Sports qui vient d’être créée et placée sous la tutelle du Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm) par la nouvelle loi régissant désormais les activités physiques et sportives au Mali.

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Il semble bien que les frondeurs de la Fédération malienne de football, qui ont défié sans succès leur président à travers des actions fractionnelles, ont malheureusement inspiré des responsables de la Fédération malienne de natation, partis eux aussi en dissidence vis-à-vis de leur bureau fédéral. C’est le moins que l’on puisse dire avec l’existence de deux bureaux à la tête de la Fédération malienne de natation et chacun d’eux réclame à cors et à cris la légitimité pour présider aux destinées de la natation malienne.

En effet, le bureau dirigé par l’actuel président, Mamourou Bouaré, est défié par un bureau parallèle présidé Amadou Sawadogo, le 1er vice-président de la ligue de Bamako et qui se trouve soutenu par un pan non négligeable du monde de la natation. D’ores et déjà les deux camps se regardent en chiens de faïence et avec cette lézarde au sein de la famille de la natation malienne, c’est la discipline qui en prend un sacré coup. Mais que s’est-il donc passé pour qu’on en arrive à cette atmosphère délétère ?

Pour Mamourou Bouaré, actuel président de la Fédération malienne de natation, son bureau est aujourd’hui victime d’un règlement de comptes personnels dû à sa gestion rigoureuse et transparente des affaires. Il reconnaîtra avoir reçu, il y a de cela quelques semaines, une lettre de la part d’un collectif des clubs et des ligues, lui demandant de tenir un Conseil national extraordinaire électif le plus rapidement possible. “Je n’ai pas répondu à cette première lettre pour la simple raison qu’un collectif des clubs et de la ligue n’est pas un organe légal et réglementaire. Quelques jours après, j’ai reçu une seconde lettre de la part du même collectif, m’annonçant la tenue d’un Conseil national extraordinaire électif pour le 16 septembre 2017. J’ai répondu à cette lettre en disant que leur collectif n’est pas un organe statutaire et réglementaire de la Fédération malienne de natation, donc on ne peut pas tenir un Conseil national extraordinaire électif comme cela. L’article 9 de notre statut dit effectivement que le Conseil national peut se tenir en session extraordinaire sur l’initiative du bureau fédéral où à la demande motivée des 2/3 des ligues. Mais tel n’est pas le cas dans cette situation “, a-t-il expliqué.

Parlant du collectif, il a précisé que ses membres sont des individus actuellement sous la suspension du bureau fédéral parce qu’ils ont fauté et par conséquent veulent se venger, a-t-il affirmé, avant d’ajouter : “Je pense que les initiateurs de ce collectif sont Moussa Tounkara et Bandiougou Diabaté, respectivement ancien et actuel secrétaire général suspendus de la Fédération malienne de natation”.

Le président, Mamourou Bouaré de poursuivre ainsi : “Pour le cas Moussa Tounkara, il a été suspendu par le bureau fédéral parce qu’il falsifiait des documents officiels de la Fédération venant de la Fédération internationale de natation (Fina). Il falsifiait les invitations de voyage de la Fina à son nom pour pouvoir bénéficier, lui seul, des voyages et stages. A un moment donné, il avait même confisqué le compte email de la Fédération et me traitait d’inapte auprès de la Fédération internationale de natation. Pour le cas Bandiougou Diabaté, il avait emprunté de l’argent à la caisse de la Fédération et refusé de payer ladite somme. Donc le bureau fédéral a décidé de le suspendre jusqu’à ce qu’il rembourse cet argent. Etant suspendu par le bureau fédéral, il est venu casser la serrure de mon bureau à la piscine olympique, deux fois. Vu cela, nous avons décidé de maintenir sa suspension jusqu’à ce qu’il vienne présenter ses excuses “, a-t-il précisé.

Depuis ce jour, affirme le président Bouaré, ils se sont entendus avec certains responsables de club pour boycotter les compétitions de la Fédération, surtout lors de la Coupe du président de la Sotelma-Malitel, notre sponsor officiel. Comme si cela ne suffisait pas, raconte-t-il, ” ils veulent coûte que coûte semer une crise autour de la natation “.

Interrogé sur ce qu’il faut faire à présent pour mettre fin à cette situation qui n’honore pas la famille de la natation, le président Bouaré soutient : “Le bureau fédéral a décidé d’organiser, au début du mois d’octobre prochain, un Conseil national extraordinaire où nous allons débattre de tout le sujet “, a-t-il conclu.

Dans pareil conflit, il est nécessaire de recueillir la version de la partie adverse afin de permettre à nos lecteurs de confronter les deux thèses. En effet, “de la contradiction jaillit la lumière” dit-on. C’est ainsi que nous avons pris contact avec Bandiougou Diabaté, secrétaire général suspendu et un des initiateurs du collectif des clubs et des ligues, pour recueillir ses propos et notamment expliquer leur motivation à créer un autre bureau.

Selon Bandiougou Diabaté : “C’est la mauvaise gestion des fonds de la Fédération malienne de natation qui nous à poussés à créer notre bureau. Le président Mamourou Bouaré veut tout gérer, tout seul, au niveau de la Fédération et surtout la finance. C’est lui qui, seul, prend toutes les décisions, sans consulter les autres membres du bureau. Il fait des dépenses non justifiées et à l’heure où je vous parle aucun membre du bureau n’a le rapport financier du bureau, de 2014 à nos jours. Toute personne qui ose lui demander des explications s’expose à ses manœuvres car il s’en débarrasse. Il a poussé deux personnes à la démission et suspendu deux autres parce qu’ils lui ont demandé des explications sur la gestion financière du bureau. En ce qui me concerne, je peux dire que depuis longtemps, il voulait se débarrasser de moi parce qu’à ses yeux je suis une menace. En février dernier, suite à un accident, il a fait un retrait de 1 6000 000 Fcfa du compte de la Fédération pour aller se soigner en France. Quelques mois après, plus précisément au mois d’avril, il a demandé au trésorier général de lui envoyer une somme de 3 500 000 Fcfa. Ce qui fait en tout 5 100 000 Fcfa. A son retour à Bamako, j’ai commencé à lui poser des questions sur ladite somme. Depuis ce jour, il commencé à me retirer des affaires. Depuis 2014 jusqu’à nos jours, personne au sein du bureau n’a le rapport financier. Donc, on a vu que nous ne pouvons pas continuer sur ce chemin et c’est pour cela que nous avons décidé de créer notre bureau pour le développement de la discipline”, a-t-il précisé.

Apparemment, Bandiougou est très remonté contre le président Bouaré à en juger par des propos du genre : “Concernant la mise en place de notre bureau, nous avons vu que personne ne peut travailler avec lui. D’ailleurs, nous avons su qu’il n’est pas là pour le développement de la natation, mais pour manger seulement de l’argent “.

Mais n’y avait-il pas une autre forme de protestation autre que la formation d’un bureau parallèle ? En d’autres termes, est-ce légal d’agit ainsi ? Bandiougou de se défendre ainsi : “Nous pensons que notre bureau est légal parce qu’avant sa mise en place, nous avons saisi la Direction nationale des Sports et de l’Education physique. En plus de cela, il y a un article de notre statut qui nous autorise à tenir un Conseil national extraordinaire électif à chaque fois que le besoin y est. Pour la mise en place du bureau, sur 7 ligues que compte la Fédération, 6 ligues ont adhéré à notre cause. Ils ont même assisté au Conseil. Quant aux clubs, sur les 7 clubs de Bamako, 5 sont avec nous. Le 16 septembre dernier, nous avons tenu notre Conseil national extraordinaire électif avec la présence de 6 ligues sur 7, excepté donc la ligue de Ségou et 5 clubs sur 7 étaient présents. A l’issue de ce Conseil extraordinaire électif, Amadou Sawadogo, le 1èr vice-président de la ligue de Bamako, a été élu président à la tête d’un bureau de 12 membres “  a-t-il ajouté.

Comme on le voit, cette crise n’est en réalité que la duplication des premiers événements malheureux qui ont secoué le monde du football et il ne faudrait donc pas laisser la situation pourrir et scléroser le développement de la natation et la réalisation de performances sérieuses.

Nous pensons d’ailleurs que cela ne sera pas le cas avec le nouveau contexte caractérisé par la promulgation de la nouvelle loi sur le sport et l’éducation physique, appelée Loi Housséini Amion Guindo dans les milieux sportifs. En effet, cette loi prévoit la mise en place d’une Chambre de conciliation et d’arbitrage placée sous la tutelle du Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm). Ladite Chambre a pour but de se pencher sur de pareils conflits et nous pensons qu’elle sera vite installée pour se saisir de ce dossier de la Fédération malienne de natation qui est ainsi donc le premier test sérieux pour cette structure d’arbitrage et de conciliation.

       Mahamadou TRAORE

Par Aujourd’hui-Mali

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