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Création d’emploi et baisse du taux de chômage au Mali en 2016: Les chiffres tronqués du Ministre Baby

Que signifie création d’emploi et baisse du taux de chômage durant la période allant de septembre 2013 à la date de juin 2016 ? Est-elle synonyme de la bonne santé économique du pays ? Les chiffres du Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, publiés, signifient-ils que la machine de création d’emplois se serait mise en branle au moment où le pays est en crise ?

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La baisse du taux de chômage à la date du 30 juin 2016,  a été sans nul doute brandie, le 4 septembre 2016, tel un trophée par le gouvernement, lors du troisième anniversaire de l’accession d’IBK à la magistrature suprême du pays. Mais ce taux correspond-t-il à la réalité ? Loin du débat autour de la méthode de calcul adoptée par le ministre Mahamane Baby de l’Emploi et de la Formation Professionnelle — critiquée à maintes reprises par des sociologues — nous avons sollicité l’expertise d’un économiste. Ce dernier fait remarquer d’emblée qu’à l’origine de cette baisse, il y a l’augmentation du nombre de création de registres du commerce. Un indicateur trompeur qui fausse les calculs de ce phénomène au Mali.

«Le plus gros des augmentations dans la masse employée vient de la création des registres du commerce. Il y a environ  100 000 emplois nouveaux dans la rubrique commerce et services sur un total d’emplois de121 000 emplois créés, de septembre 2013 à la date du 30 juin 2016. Il est vrai que certains registres du commerce sont créateurs de richesse au sens emploi du terme, mais d’autres sont des changements de libellé pour la même personne et la même activité, parce qu’il y a mortalité d’entreprise. Une seule personne crée plusieurs entreprises qui sont considérées comme de nouveaux emplois», souligne-t-il. Mais il y a très peu d’emplois pérennes (permanents) avec seulement 21 000 postes créés.

«En revanche, les emplois précaires créés dans le cadre de l’apprentissage et qui sont financés par l’État sont plus nombreux. Grosso modo, la création d’emplois est soit précaire, soit faite dans le domaine commercial. Il reste donc à vérifier si ces emplois sont créateurs de richesse», explique notre interlocuteur.

Les femmes : des chiffres qui faussent les calculs

L’autre remarque relevée par l’expert concerne le chômage des femmes. Pour cette catégorie, explique-t-il, «la base de calcul est faussée dès le départ». «Le taux de 17,6% de femmes en situation de chômage ne correspond pas à la réalité. Et pour cause, le taux de natalité au Mali est de 104 filles pour 100 garçons. La différence n’est pas importante concernant la mortalité. Mais dans le calcul du taux de chômage, on a privilégié l’approche culturelle selon laquelle la femme reste, majoritairement, au foyer. Ce n’est pas une approche économique. Car la femme qui n’est pas demandeuse d’emploi aujourd’hui peut l’être demain», précise notre expert.

S’agissant du chômage des diplômés, notre interlocuteur pense que cette catégorie sera encore plus touchée par ce phénomène à l’avenir. Et il explique les raisons : «L’essentiel des formations universitaires sont faites dans des filières (sciences humaines, notamment) où seul l’État recrute. Ce sont des filières qui ne sont pas économiques. De plus, la frange la plus importante de ces diplômés est constituée de femmes, ce qui les exclut de facto du marché de l’emploi ». Selon lui, cette situation nous renvoie au système scolaire et universitaire qui « n’a aucune jonction avec le circuit économique». Ce constat est relevé aussi par l’Institut National de la Statistique qui évoque les difficultés de certaines entreprises à trouver des profils qui correspondent à leurs besoins.

Toutefois, à en croire les statistiques de la Banque Mondiale, ils sont 200 000 jeunes à inonder le marché de l’emploi malien chaque année ; soit un million pour un quinquennat. Et seuls 10% des 200 mille chômeurs ont des chances d’emplois fixes.

Les jeunes des partis politiques au pouvoir font toujours quelque chose. Ils ont au moins un endroit où aller le matin et revenir le soir. Tel n’est pas le cas de certains de leurs camarades sans emploi qui n’ont aucune formation et qui passe la journée à prendre le thé au niveau des grins. Idem pour les recalés du système éducatif et des medersas. Aucune statistique ne prend en compte ces jeunes. Ils sont pourtant nombreux. Ils inondent nos rues à longueur de journée. N’y a-t-il pas d’alternative pour eux ? Les autorités sont-elles conscientes du danger qu’elles encourent en laissant ces jeunes sur l’île de la tentation ?

À un ans ou presque de la fin du quinquennat, 121 000 emplois ont été créés, de septembre 2013 à la date du 30 juin 2016.
Dans ces conditions, le ministre Mahamane Baby pouvait-il être fier, d’annoncer que « sur un total de 121 000 emplois 78 000 poste  ont été créés en 2 ans de gouvernance d’IBK sur un taux de chômage qui avoisine les 21,5% de la population active». Monsieur le ministre, pour l’amour de Dieu dite la vérité au maliens.

Jean Pierre James

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