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Covid-19 et mesures barrières : À l’Amap, le travail continue malgré la crise

« Lavez-vous les mains » et « désinfectez-les au gel ». Ces injonctions sont presque devenues des réflexes pour Bouba Diallo, à force de les répéter en longueur de journée. Ce vigile posté à l’entrée principale de l’Agence malienne de presse et de publicité (AMAP) est aussi muni d’un pistolet flash qu’il n’hésite, d’ailleurs, pas à dégainer pour prendre la température des visiteurs. Et même les personnalités de grande marque n’échappent pas à cette étape, à l’instar  du ministre en charge de la  Communication en visite à l’Agence, le lundi dernier.  « Depuis l’apparition du virus, nous avons reçu l’ordre de dire aux gens de se laver les mains au savon et de prendre la température à l’entrée », défend le vigile d’un ton de caporal.
L’impact des décisions prises par la Direction est perceptible dans le fonctionnement du travail quotidien à l’Amap. En plus mesures d’hygiène comme la distribution de kits de lavage de mains, de masques et de gels hydro-alcooliques, des mesures de réorganisations du travail ont été édictées.  «Dès le début de la pandémie, nous avons pris des dispositions. Dans la grande salle de rédaction, l’effectif a été réduit de 80%. Seuls les responsables de services sont présents tous les jours. Les journalistes titulaires, s’il y a un reportage, nous leur envoyons un véhicule et ceux qui ont des ordinateurs portables rédigent leurs  articles à la maison pour ensuite les envoyer à la rédaction », explique Bréhima Touré,  directeur général de l’Amap.
La chaîne ininterrompue
Les journées à l’Amap n’ont plus la même saveur qu’auparavant. Il faut bien l’admettre. Même le « grin » des chauffeurs, réputé comme l’un des endroits les plus animés de la cour, respire le calme. Sous les grands arbres majestueusement dressés dans la cour, il était quotidien de voir un groupe de chauffeurs autour du thé, débattant de divers sujets lorsqu’il n’y a pas de reportages. Frappé aussi par la réduction d’effectif, le lieu ne réunit plus grand monde. Le carême que la majorité observe y est aussi pour quelque chose.
L’ambiance n’est pas meilleure dans la grande salle de la rédaction de l’Essor. Ici,  aussi il y avait toujours un attroupement de journalistes. Les débats vont dans tous les sens. Mais, ces temps-ci, cette grande salle est quasi déserte. Les  postes de travail sont orphelins de leurs occupants. N’est présent, ce matin-là, que le doyen de la rédaction, Sékou Oumar Doumbia. Le vieux « Dzo » comme il est affectueusement surnommé par les jeunes de la rédaction, est  assis au fond de la salle, fidèle au poste. Il est surement nostalgique de ses boutades et ses échanges cocasses avec les jeunes stagiaires de la rédaction. Encadreur pétri d’expérience, il a accompagné les premiers pas de bon nombre de journalistes.  « Il manque cette chaleur humaine à laquelle on est habitué
», regrette justement Souleymane Bobo Tounkara, directeur de la publication de l’Essor. Il ajoute que la direction et les journalistes sont néanmoins satisfaits de la façon dont le travail est fait malgré cette ambiance de cimetière.
Et oui, même si la présence physique à la rédaction est réduite,  le télétravail permet aux journalistes d’assurer la tâche  à distance. En plus de la réduction d’effectif, les réunions quotidiennes et hebdomadaires de la rédaction sont aussi suspendues.
« Il y a moins de reportages Institutionnels compte tenu de la suspension des activités au niveau des départements ministériels, des ONGs et d’autres services. En temps normal, on peut recevoir 10 à 15 invitations de reportages par jour. Mais depuis l’entrée en vigueur des mesures préventives, je peux faire toute une journée sans recevoir de demande », poursuit le directeur de la publication qui ajoute que cette situation n’a, en aucune manière, affecté la production du journal. Mieux, la rédaction en profite pour produire plus d’enquêtes qu’en temps normal et ces enquêtes sur des sujets divers, dit-il en substance.
La situation actuelle a bouleversé le travail des journalistes et d’autres acteurs  de chaine de production du journal. C’est le cas des employés de l’imprimerie dont le temps de travail peut aller au-delà de 21heures, début du couvre-feu. « On a reçu des autorisations pour pouvoir travailler même après 21heures avec l’entrée en vigueur du couvre-feu », rassure Souleymane Bobo Tounkara.
Être joignables à tout moment  
Les journalistes de la rédaction sont donc en alerte à tout moment, même étant à la maison. Scotchés au téléphone, ils sont souvent appelés pour un travail urgent.  C’est le cas ce matin de Fadi Cissé, journaliste au desk société, venue au bureau aujourd’hui, pour un reportage. « Ces derniers temps, je travaille beaucoup à la maison. Quand  j’ai un sujet, je cherche des contacts au niveau des collègues. Je rédige mes articles que je mets sur la boite mail de mon chef », explique la jeune journaliste qui juge l’atmosphère au service « morose où l’on ne rencontre plus personnes dans les escaliers ».
Au niveau de l’agence de presse la production régulière des dépêches est handicapée par la situation. Le travail sur le terrain des correspondants est  rendu plus difficile qu’auparavant. « Cette situation a joué fondamentalement sur le contenu et sur la production de notre quarantaine de correspondants à l’intérieur du pays », exprime Moussa Diarra, directeur de l’agence de presse. Il précise qu’en temps normal, une quinzaine de dépêches peuvent être publiée  par jour. Pendant qu’à peine cinq dépêches sont publiées par jour actuellement.
La rédaction Web de l’Essor, benjamine des services de l’Amap, n’est pas en marge de cette situation singulière. « Nous assurons une présence minimale et obligatoire pour la mise en  ligne et mise à jour des articles sur nos pages des réseaux sociaux comme Facebook», explique Ahmadou Cissé, chef de cette rédaction, le nez plongé dans son smartphone entrain de publier une information. La rédaction Web assure en plus une veille permanente sur les réseaux sociaux et travaille à réagir contre les fake news distillés sur les plateformes.
En attendant le retour à la normale, l’Amap poursuit son adaptation, gage de sa performance au quotidien.
Mohamed TOURÉ
Source : L’ESSOR

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