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Course à la Présidence 2013 Les Modibo, une force effritée ; une opportunité manquée

Ils se nomment Modibo. Tous deux anciens Premiers ministres du Mali, candidats à la présidentielle 2013. Tous deux auront été combattus pour leur ambition pour le Mali. Ils ont surtout souffert dans leur chair dans cette course à la présidence 2013. Leur candidature était considérée parmi celles qui comptent. Mais au finish, on a de la peine à admettre en ce qui concerne Modibo Sidibé que sa course a porté sur une force dilapidée pendant que pour Cheick Modibo Diarra, on parlera volontiers d’une opportunité manquée. Du coup, la chance de voir un Modibo à Koulouba pour conduire la deuxième indépendance du pays après le président Modibo Keita, se trouve dilapidée.modibo sidibe campagne presidentielle 2013 fare anka wuli

Dommage pour les Modibo du Mali qui y croyaient !  Les Modibo dans la présidentielle 2013 : une force effritée, une opportunité manquée. Sauf qu’on ne peut, cela à leur décharge, les qualifier vraiment d’hommes politiques. Ils étaient tous les deux à une première expérience dans une compétition politique. Autopsie d’un phénomène porté par des homonymes. Et pas n’importe lesquels, les Modibo ; surtout qu’on ne nomme pas Modibo pour rien au Mali, dixit un Modibo.

 

La compétition politique pour la présidentielle de 2013 au Mali affiche peu à peu son résultat. Le moins qu’on puisse noter, c’est que ce ne serait pas un Modibo qu’on installera à Koulouba. Pourtant, ils étaient deux dans cette compétition, crédités d’une manière ou d’une autre de candidats sérieux. Que s’est-il passé ? Ou plutôt que comprendre de cette première descende des deux Modibo dans la compétition politique ?

 

On comprendra d’abord que tous les deux ont souffert pour leur ambition pour le Mali. Une souffrance à la limite planifiée pour détruire leur aura. Malgré tout, leur engagement pour le Mali n’a pas failli.  Seul le Mali demeurera, dira Modibo Sidibé pendant que Cheick Modibo Diarra voyait le salut du Mali dans l’union des Maliens. «Unis, nous gagnerons, désunis nous perdons»,  affirmait  ce dernier.

 

Modibo Sidibé : une force effritée !

Au départ, c’est l’expression de leur volonté  à briguer la magistrature suprême du pays au motif que ce pays leur a tout donné.  Pour Modibo Sidibé, l’expression de son ambition fut accueillie par une folie de haine, traduite par le doyen Hamallah en ces termes en son temps : «Cela a commencé depuis qu’il a osé franchir le pas et laissé entrevoir son ambition pour le Mali lors des tournées à l’intérieur du pays». Alors, s’est mise en place une entreprise de démolition inspirée par des milieux politiques. Systématique, méthodique, insistant, souvent grotesque, jamais découragé et ne reculant devant rien, le travail de sape contre Modibo Sidibé a cherché à faire de ce dernier un étranger parmi les Maliens. Rien n’aura été écarté dans cette opération de sape et de dénigrement.

 

Depuis le coup d’Etat du 22 mars, la médisance s’est muée en harcèlement. Alors questions : Qui a donc si peur de Modibo Sidibé ? Qui gêne-t-il tant ?  Réponse : En osant franchir le pas, Modibo Sidibé affichait une force. Considérée alors comme une menace sur leur ambition, certains n’ont jamais accepté sa descente dans l’arène politique, comme s’il ne le méritait pas. Etait-il déjà ce danger social comme le dira un jour le capitaine Sanogo à propos d’un autre Modibo ?

 

Il est évident que «Wassoulou mogo ba», (Modibo Sidibé), ainsi appelé par les siens, représentait une force,  une  qui faisait peur.  Stratège  s’il en est un, peu bavard, on le voit  à travers le résultat d’une action. Mais, rarement dans un show pour se faire plaire. Cette façon de faire, propre à lui,  a de quoi ébranler les acteurs politiques habitués,  eux, à parler pour plaire. Mais, la folie de haine envers Modibo Sidibé trouve son répondant dans sa stratégie de sortie sur le terrain politique. Encore Premier ministre, un Modibomania éclate. Un phénomène porté par les jeunes qui trouvent en Modibo Sidibé leur idole. Le Modibomania a son tempo, son rythme, distillé à travers tout le Mali au refrain  provocateur «Mali beko Modibo Sidibé».

 

Le Modibomania,  c’est surtout la mise en place des clubs ou associations de soutien et de demande à sa candidature pour les élections à venir.  Suscités ou pas, motivés ou non, conditionnés ou peut-être activés, les clubs regorgent des jeunes  de toute tendance politique et sont éparpillés à travers tout le pays. Un seul mot d’ordre : Modibo Sidibé,  candidat.

 

Les forces politiques en présence sont ébranlées. Malheur pour Modibo Sidibé, sa force devient l’arme pour l’abattre. Il est désigné comme dauphin du président ATT. Et est désormais dans le rétroviseur des états-majors politiques.  Malgré tout, Modibo Sidibé réussira en ce moment-là deux exploits. Celui d’aiguiser les jalousies politiques en ne répondant pas aux jeunes, mais en s’engageant dans une démarche qui en dit long sur ses intentions. Et l’exploit d’innovation en plaçant les populations et les communautés au cœur de sa stratégie politique. Une tournée inédite le conduit dans le Mali profond.

 

Par cette tournée, il inscrit sa démarche dans nos convenances sociales. N’étant pas encore candidat, il tient à informer le Mali profond de son intention à briguer la magistrature suprême. La présence de sa force auprès des populations et des communautés fait tache d’huile. La précampagne pour les élections d’avril 2012 prend alors un autre tournant. La force réelle est ici Modibo Sidibé. L’adversité est féroce et dépasse les limites du champ politique.

 

Mais, comme le chemin tracé par Dieu n’est pas sans tache de crayon, de gomme, voilà que les choses se passent autrement. Un coup d’Etat intervient. Ses auteurs ont, semble-t-il, comme une mission, la destruction de la force de Modibo Sidibé. La suite est connue de tous. Ce dernier, malgré l’adversité, place le Mali au-dessus de tout et ne renonce pas à son ambition pour le Mali. Interviendra ensuite la compétition  pour la présidentielle de 2013.

Cheick Modibo Diarra nasa premier ministre rdpm biographie cv

Et Modibo Sidibé remet ça. Une stratégie se met en place. Elle intègre la création d’un parti dédié à sa candidature et le regroupement des partis politiques qui partagent sa vision, avec bien sûr l’accompagnement des clubs et associations de soutien. Qu’a-t-il  donc affecté la  force de Modibo Sidibé, à tel point qu’elle ne comble pas les attentes à l’issue de la présidentielle ?  Plutôt comment cette force  s’est-elle dilapidée au point de détourner la tête aux plus convaincus ?

 

En attendant la réponse des analystes politiques, des défis évidents non  relevés  y ont contribué.  En premier lieu, le défi de la capitalisation de sa tournée dans le Mali profond au service de son engagement politique. Cela est connu de tous. L’inédit ou plutôt la surprise dispose de ses avantages concurrentiels. Ici, il aura manqué l’entretien des avantages concurrentiels, enclenchés par la présence de Modibo Sidibé dans le Mali profond. La rupture du fait du coup d’Etat et surtout son absence sur le terrain durant une période en raison de sa sécurité, ne peuvent expliquer l’entame du processus d’effritement de sa force.

 

Certes, la tournée, dans sa forme, n’avait rien de politique. Elle représentait une démarche originale, conforme à nos traditions. Mais au fond, elle s’identifie à une stratégie politique axée sur le contact, dans une société de contact comme le Mali. Perçue comme telle, plus que le respect de la tradition d’une société donnée, la tournée dans le Mali profond, s’assimile à une démarche de marketing politique. Elle aura même créé un marché électoral potentiel, produit des arguments publicitaires et identifié des positionnements spécifiques dans chacune des régions visitées.

 

Et une des clefs du succès de Modibo Sidibé aux élections, résidait en la transformation de ce marché électoral potentiel en un marché électoral acquis.

Ce défi  n’a vraiment pas été relevé.  Il  n’en pouvait pas être autrement dès lors que les stratèges de Modibo Sidibé l’ont convaincu du peu d’intérêt politique de sa tournée. Incroyable ! On se demande bien de quelle planète nous viennent ces sorciers stratèges. Eux,  toujours prompts à s’identifier à Modibo Sidibé, à afficher leur proximité avec lui, en guettant même son habillement du jour pour s’habiller comme lui, auront brillé par leur incapacité notoire à capitaliser sa tournée de proximité, de présence avec le Mali profond.

 

Qu’ils n’ont pas lu Jacques Séguéla, cela passe. Mais, qu’ils ignorent que le contact, une fois établi dans une société de contact, surtout avec l’appréciation du sens du contact  pouvant aider à faire la différence au profit de Modibo Sidibé,  ne s’explique pas. Une aberration qui marque du coup, le processus d’effritement de sa force. Visiblement, la capitalisation de la tournée de Modibo Sidibé au profit de son ambition politique aura manqué. Du gâchis dans l’usage d’une stratégie inédite.

 

Autre défi non relevé qui aura beaucoup contribué à l’effritement de la force de Modibo Sidibé, c’est surtout ce manque d’encadrement des forces hétérogènes du phénomène de Modibomania. Celles portées par les jeunes. Est-ce autant difficile de faire comprendre à un jeune, fan de  Lionel Messi que ce dernier gagne toujours parce qu’il travaille à cela ?  En effet, jeunesse aidant, les jeunes ont toujours été enthousiasmés par leur désir, la victoire de Modibo Sidibé. Aveuglés par cet état d’esprit, ils avaient besoin de comprendre que cette victoire ne sera pas offerte. Une philosophie qui aura manqué.

 

Mieux, tout au long de la campagne de Modibo Sidibé -tournée dans le Mali profond et campagne politique-, les volontaires dédiés à la cause de Modibo Sidibé ont peu à peu perdu leur engagement, sous l’emprise des opportunistes. Les sympathisants non engagés, ceux qui considéraient Modibo Sidibé comme une mine d’or, qui ne se gênaient pas de vanter leur proximité avec lui pour déloger les plus convaincus. Incapables qu’ils sont de relayer la force de Modibo Sidibé auprès de l’électorat, ils s’activaient pour leur ambition, à savoir monter au firmament par le dos de Modibo Sidibé. Sinon, comment expliquer que la période de la rupture soit caractérisée par une terrible sècheresse de la vibration de la force de Modibo Sidibé ?

 

Vu que ce dernier est absent sur le terrain, se trouvant au demeurant dans des problèmes, les opportunistes ont alors revu leur ambition à la baisse au motif qu’il y a peu de chance que Modibo Sidibé fasse du chemin. En cette période-là, la maison des bleues cherchait son monde. Mais, le défi non relevé qui aura pesé plus porte sur le timing des décisions stratégiques. La preuve est la création d’un parti politique à quelque mois de la campagne politique de 2013. Un délai insuffisant, trop insuffisant pour permettre l’indispensable guéguerre de leadership, les intrigues pour la maîtrise du parti, avant de se consacrer à l’essentiel.

 

Du coup, ce parti aura brillé par son incapacité à créer et maintenir une harmonie et une intégration entre les forces qui se réclament de leur patron. Difficile à ce jour de relever à l’actif de ce parti, un rassemblement digne sans la présence de Modibo Sidibé. Les frustrations ont-elles eu raison des convictions ? Le résultat l’indique volontiers.  Ajouter à cela, la propension des sympathisants de tous bords,  à briller pour se faire remarquer de  Modibo Sidibé,  pensant à leur  CV actualisé, se voyant déjà dans des bureaux à Koulouba, on comprend que sa force aura souffert. Trop souffert tant par des forces externes que par des facteurs internes qui, associés, auront fini de la dilapider. Et pourtant !

 

On conclut alors avec l’espoir qu’une première fois ne sied pas à  Modibo Sidibé en matière de compétition électorale. Que «Wassoulou mogo ba»,  Modibo Sidibé, reviendra pour le Mali. Lui qui est convaincu que seul le Mali demeurera, ne peut et ne doit s’arrêter sur le chemin de son ambition pour un pays, le Mali, qu’il dit avoir aimé tant. C’est peut-être cela. Ce retour est vraiment tout le mal qu’on lui souhaite.

 

Mais, certainement du rêve brisé pour l’élève de 6ème Année, Modibo de Konébogou Bafoulabé, qui voyait son homonyme à Koulouba. Dommage pour Modibo Bah de Kéniéba qui était certain qu’un Modibo sera président du Mali d’après-crise. Seul réconfort pour les Modibo, on ne se nomme pas Modibo pour rien, croit savoir Modibo de Kita,  enseignant de profession, animateur radio durant la récréation et maître de cérémonie en ses heures perdues. Décidément, on ne se nomme pas Modibo pour rien !

 

Békaye DEMBELE

Source: Le Reporter

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