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CÔTE D’IVOIRE : OUATTARA, LA DECONSTRUCTION D’UN MYTHE

La Côte d’Ivoire, ce pays dit proche de l’émergence, n’est-elle en réalité qu’une nation victime de ses dirigeants. Faute de changer en profondeur la vie des citoyens de ce pays, le président Alassane Ouattara et ses collaborateurs misent sur la communication pour cacher de la main le brulant soleil de difficultés qui déchire de ses rayons le pays tout entier. Analyse…

Ouattara est-il ce bon président qu’il croit ?

Cela fait déjà bien longtemps que la Côte d’Ivoire n’est plus le pays si prometteur qu’elle était du temps de son président Félix Houphouët-Boigny. Le nom de ce grand homme que chacun se plait à incarner, selon ses intérêts, est devenu un véritable argument commercial sur le marché d’électeurs. Le Vieux devrait se retourner dans sa tombe rien qu’en regardant le triste spectacle qui se déroule sur la terre de ses ancêtres.

Laurent Dona Fologo, ancien journaliste proche collaborateur de Félix Houphouët-Boigny, l’a avoué, le père de l’indépendance ivoirienne le savait, il n’a arraché qu’une indépendance arrangée, espérant que ses successeurs pousseraient plus loin la lutte pour faire tomber les chaînes qui lien aujourd’hui encore son pays à certaines puissances occidentales.

Tour à tour, Henri Konan Bédié s’est vu pousser dehors par Guei Robert. L’ancien chef de l’état-major des armées sera éjecté lui aussi du pouvoir par le peuple à l’avènement de la Réformation au pouvoir. Il faut savoir qu’à la mort d’Houphouët, l’idée selon laquelle la Côte d’Ivoire ne serait jamais capable de s’en sortir sans l’aide internationale était répandue dans les cercles de pouvoirs sur le continent. C’est donc à cette idée que Laurent Gbagbo et son équipe s’étaient attaqués.

Tous lui prédisaient un échec des plus spectaculaires. Certains pronostiquaient son départ par le peuple qui l’avait porté au pouvoir peu de temps auparavant. Mais le Woody de Mama, en fin politicien, s’est vite mis ce peuple dans la poche au point de l’amener à accepter des difficultés qui se sont imposées à lui durant les deux premières années de son mandat.

Certaines avaient déjà tiré le tabouret pour assister au spectacle qu’ils souhaitaient désastreux pour le patron du Front Populaire Ivoirien(FPI), l’opposant historique à feu Félix Houphouët-Boigny. L’homme s’en sort pourtant plutôt pas mal ses deux premières années et promet de faire mieux l’année suivante. Il faut dire que le budget sécurisé qu’il a mis en avant a fait ses preuves. Ceux qui prédisaient sa mort le rejoindront les uns après les autres tant son équipe de technocrates s’était montrée sérieuse à la tache.

Même si la vie de l’Ivoirien moyen n’a pas changé, une nouvelle mentalité acceptée par beaucoup commençait à émerger dans le pays. L’ivoirien pouvait désormais se réaliser sans forcement attendre l’aide extérieure puisque Gbagbo et son équipe venaient de montrer qu’ils ne comptaient que sur eux, conduite à laquelle ils ne comptaient pas déroger les années à venir.

Malgré le sévère régime d’amaigrissement que lui imposaient les institutions financières internationales qui l’assistaient de moins en moins, feu Paul Antoine Bohoun Bouabré, l’ancien ministre des finances du régime, décédé le 10 janvier 2012 à Jérusalem, séduira par sa méthode.

Il fallait arrêter cette marche insoupçonnée vers l’avant

Le budget sécurisé qu’il pilotait produisait des effets si forts que le régime de la Refondation commençait à recevoir des sollicitations d’états souhaitant copier le modèle ivoirien. Impensable pour ceux qui ont financé la guerre. Laurent Gbagbo, non seulement il était en train de les priver des richesses de la Côte d’Ivoire dont ils bénéficiaient de moins en moins, mais en plus il veut encourager les autres États à le copier ? Non! Stop!

S’en était donc trop pour ses détracteurs qui n’ont cessé de le pousser à la faute, parfois en lui collant des choses graves dans le but de pousser le peuple à le chasser du pouvoir. Après le charnier de Yopougon, l’Escadron de la mort lui avait été collé sans incidence sur sa popularité. Dès lors, il fallait y aller de la manière forte, une vraie tentative de Coup d’État et dans le pire des scénarios une rébellion… On connait la suite, le FPI ne tiendra plus vraiment les guidons du pouvoir.

Le gouvernement dirigé par Affi N’Guessan qui semblait correcte dans la gestion de la chose publique cédera sa place à une série de gouvernements d’union. Des conneries que les Occidentaux imposent à l’Afrique, mais qu’ils se gardent de faire chez eux.

C’est dans cette ambiance que chaque parti politique, le FPI de Gbagbo compris, présent dans le gouvernement, se lancera dans la course à son enrichissement. C’est au bout de cet écran de fumée qui durera près de 8 ans que Gbagbo se fera chasser du pouvoir militairement par l’armée française et les rebelles de Soro Guillaume.

Voilà Alassane Ouattara de nouveau aux affaires. Après avoir été tout puissant Premier ministre sous Félix Houphouët-Boigny, l’ancien fonctionnaire du FMI revient au pouvoir comme président cette fois. Un sourire illumine curieusement le jusque-là triste visage d’un membre du régime déchu qui me fera une confidence : “Ouattara n’a aucun moyen de sa politique”.

“Les rivières de milliards qu’il a promis aux différentes régions du pays durant sa campagne et cette image d’homme capable de développer le pays vont enfin passer à l’étape du gôpô“, me disait-il d’un air assuré.

Les limites de la Com

Qu’on se le dise bien, Alassane Ouattara a échoué en Côte d’Ivoire à un niveau que même ses adversaires ne soupçonnaient pas. Le système de santé n’a pas changé, les emplois promis ne sont jamais arrivés et les entreprises qui devaient se battre pour employer les Ivoiriens n’ont pas fait pleuvoir sur le pays la richesse tant espérée par les plus tire-au-flanc des Ivoiriens qui pensent qu’une seule personne peut construire un pays.

Dès lors, c’est de la communication que va abuser le régime Ouattara pour créer chez les habitants de la Côte d’Ivoire une sorte d’effet placebo. Alors qu’ils sont dans une misère de plus en plus difficile à contenir, il est ancré dans les têtes de certains Ivoiriens qu’Alassane Ouattara et son clan travaillent beaucoup pour le pays, une sorte de réalité augmentée que certains prennent pour des faits.

Et lorsqu’on émet un doute sur ce mensonge bien répandu dans le pays, il y a des personnes pour vous citer des réalisations de Ouattara. Il ne sera pas rare d’entendre parler du troisième pont, des universités construites, des routes et bien d’autres histoires à rêver debout.

L’Ivoirien qui veut croire en ce type de fictions oublie bien volontiers que la République est une continuité et que le pont que Ouattara a inauguré est un projet qui date des années Houphouët et que Bédié et Gbagbo ont travaillé sur ce projet qui a effectivement été construit sous Ouattara. Sinon la route qui par de Gagnoa à Issia a plus que besoin d’une couche de goudron.

Ce pont n’est pas le fruit d’une quelconque compétence extraordinaire de Ouattara. Ce projet a été concrétisé grâce à la paix (certes fragile) que connait désormais le pays depuis qu’il est au pouvoir. Oui, parce que les années passées par Ouattara dans l’opposition étaient plutôt des années d’instabilité pour la Côte d’Ivoire, une situation constante qui rendait difficile l’accomplissent de certains projets.

Les actuels opposants, il faut le croire, aiment tellement leur pays qu’ils jouent malgré eux la carte de sa stabilité. C’est pourtant ce calme que certains prennent pour la preuve d’une bonne gouvernance de Ouattara.

Mais franchement, qu’est-ce que c’est qu’un pont dans un pays comme la Côte d’Ivoire ? Le champion du cacao en est donc réduit à sauter au plafond pour la construction d’un pont, dire que le président Houphouët en a construit deux (FHB – 1954 et le pont Général-de-Gaulle – 1964 à 1967) à Abidjan…

Il est pourtant facile de voir que le mécontentement est général dans le pays et que pratiquement plus personne ne croit dans ce président qui a si souvent dit beaucoup alors qu’il n’en fait que très peu. Certains collaborateurs d’Alassane Ouattara disent que l’indice de sécurité en Côte d’Ivoire est comparable à celui d’une ville comme Genève. C’est vrai qu’il ne risque pas de se faire viander par les “Microbes” celui-là.

Un autre ministre, coupé comme le président de la réalité du pays, y était aussi allé de son énormité en affirmant que le taux de chômage dans le pays se situait autour de « 2%… » Que ne faut-il pas entendre ?

En réalité, le taux de chômage en Côte d’Ivoire oscille autour de 70 et 90% et ce sont les chiffres de la BAD qui le confirment dans le rapport Perspectives économiques de l’Afrique de l’Ouest présenté à Abidjan le 12 mars 2018.

« Oui, on savait que plus c’est gros, mieux ça passait », mais là, les autorités ivoiriennes ont abusé de la communication et ce n’est pas passé. L’autre signe qui démontre de l’échec du régime Ouattara en Côte d’Ivoire est la fuite accélérée d’Ivoiriens du pays. Au péril de leur vie, de centaines d’Ivoiriens quittent le pays chaque jour. Ne parlons pas des pères de familles assistant impuisants à l’expulsion de leurs familles par les autorités…

L’ironie de Didier Leschi sur la bonne gouvernance de la Côte d’Ivoire

Ce mouvement est si régulier que les Européens qui applaudissaient à tout rompre le pouvoir Ouattara sont aujourd’hui les premiers à mettre à nu ses lacunes.

M. Didier Leschi, Directeur Général de l’Office français de l’immigration, n’a pas pris de gangs pour rappeler aux autorités ivoiriennes que la communication du « tout va bien au pays » commençait à bien faire. Il a expliqué sur BFMtv, cette télévision pro-Ouattara lors de la crise de 2010 qui l’opposait à Laurent Gbagbo, que la Côte d’Ivoire arrive en première position chez les demandeurs d’asile en France, sur 124 000 personnes enregistrées.

Comme s’il cherchait à porter l’estocade au régime d’Abidjan, M. Didier Leschi s’est étonné de voir que plus 68% des demandeurs d’asile dans son pays étaient ivoiriens : « alors qu’on parle aujourd’hui du décollage économique de la Côte d’Ivoire avec des taux que la France envierait en termes de dynamisme économique». Ce sont ces mots d’incompréhension de la distance qui sépare la Com et la réalité que vivent les ivoiriens. Tout le monde sait que les citoyens quittent peu leur pays quand tout va bien sur place.

Ouattara a échoué et donc vivement la présidentielle de 2020 pour qu’il libère le palais! Tous les soutiens qui l’ont fait roi le lâchent progressivement. La BAD et le FMI qui passent pour ses soutiens n’ont pas manqué de l’interpeller sur sa gestion du pays. La France d’Emmanuel Macron qui n’est plus celle de son ami Sarkozy n’a également pas l’ intention de cautionner des troubles qui pourraient naitre de son maintien au pouvoir.

Le président qui n’écartait pas l’idée de briguer un troisième mandat connait depuis peu la réponse de ses alliés du PDCI sans qui il ne peut gagner d’élection présidentielle dans le pays. Même en l’absence de Laurent Gbagbo à la présidentielle de 2015, il avait pratiquement forcé le plus vieux parti politique ivoirien à le soutenir afin d’éviter les mauvaises surprises.

Amé Patrice Dama “Ce que je dis m’engage, Point!”

Source: afrique-sur7.fr

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