Mariatou Koné a du mal à s’expliquer la réticence des réfugiés ivoiriens vivant au Ghana. Partie sensibiliser ses compatriotes exilés à rentrer au bercail, la ministre a essuyé une hostilité à nulle autre pareille qui l’a obligée à mettre précipitamment fin à sa mission et à rebrousser chemin, à en croire Rfi.
Mariatou Koné tombe sur du roc au Ghana
Mariatou Koné, la Ministre ivoirienne de la Solidarité, de la Cohésion sociale et de l’Indemnisation des Victimes, a dû renoncer à sa visite aux camps des réfugiés ivoiriensau Ghana. Et pour cause, certains exilés ont manifesté leur mécontentement en barrant la voie d’accès de leurcamp d’Egyekrom à Elmina à tout visiteur. Ainsi, des membres du Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) ont été purement et simplement éconduits par ces manifestants qui protestaient contre cette opération qu’ils jugent de façade, car les mêmes problèmes demeurent. L’envoyée du gouvernement ivoirien s’est donc résolue à rebrousser chemin pour éviter d’envenimer la situation.
Pour expliquer cette attitude de défiance aux autorités ivoiriennes, l’un des responsables du camp, sous couvert de l’anonymat, s’est voulu formel : «Certains réfugiés ont quitté le Ghana pour rentrer en Côte d’Ivoire. Ils sont allés en prison. Il faudrait que le président Gbagbo soit libéré et que tous les prisonniers politiques soient aussi libérés. S’il n’y a pas ça, on ne peut pas rentrer chez nous. » D’autres réfugiés sont allés plus loin en scandant : « Libérez Gbagbo » ou encore : « Que Gbagbo vienne nous chercher ».
Ce dialogue de sourds entre l’envoyée du président Alassane Ouattara et les exilés ivoiriens met en lumière ce fossé qui existe entre les actuels tenants du pouvoir et les partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo. Même si le régime parle de plus en plus de réconciliation, certains observateurs y voient un simple slogan politique pour endormir la conscience de l’opinion sur le feu qui continue de couver sous la cendre.
C’est donc à juste titre qu’Aissatou Ndiaye-Dieng, la représentante adjointe du Haut-Commissariat aux réfugiés en Côte d’Ivoire a proposé un diagnostic beaucoup plus profond : « La population qui est en exil cherche encore à être rassurée. Beaucoup ont perdu des biens, beaucoup ont perdu leur travail, donc ils sont préoccupés par ce qui les attend au retour. »
Source: Afrique sur7