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Côte d’Ivoire : « Charles Blé Goudé veut incarner l’héritage politique de Laurent Gbagbo »

Le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep) de Charles Blé Goudé, ex-ministre de Laurent Gbagbo, a tenu ce week-end son premier congrès et affûte sa stratégie politique, à quatorze mois de l’élection présidentielle d’octobre 2020. Décryptage.

Des centaines de supporteurs de Charles Blé Goudé s’étaient donné rendez-vous samedi 17 août sur la place CP1 de Yopougon, grande commune d’Abidjan et fief de l’ex-président Laurent Gbagbo. L’occasion ? Le premier congrès du Cojep. Dans la foule, Kouadio Konan Bertin (KKB), ex-président de la Jeunesse du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), candidat indépendant malheureux à la présidentielle d’octobre 2015.

Avec Charles Blé Goudé, qu’il a rencontré alors qu’il était à la prison de Scheveningen, ils préparent une action commune. Pour l’heure, les deux hommes refusent d’en dévoiler le contenu. « Charles Blé Goudé et moi-même sommes en train de construire une relation qui, j’espère, va sauver la Côte d’Ivoire de demain, révèle KKB. Nous sommes en train de poser les jalons pour le futur. » Une coalition de quadragénaires de la politique ivoirienne, ex-leaders de mouvements estudiantins, intégrant des mouvements proches de Guillaume Soro ? Peut-être.

Hyactinthe Nogbou, premier secrétaire du Cojep qui gère le parti en l’absence de son président-fondateur, avait déjà participé à des réunions sur la question de la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI), dans le cadre de la plateforme de l’opposition qu’annonce depuis un an Henri Konan Bédié. Réservé sur les méthodes des responsables du PDCI, auxquels il reproche un manque de démocratie, le Cojep s’était finalement retiré des discussions.

« Rien contre les intérêts de Gbagbo »

Pour l’heure, la formation de Charles Blé Goudé tente de s’organiser en l’absence de son charismatique leader. Le congrès de ce week-end, qui a vu la réélection de ce dernier à la présidence, vise à préparer le parti – qui ne compte officiellement aucun élu – à aborder « avec efficacité » l’échéance de la présidentielle de 2020.

Pour l’universitaire Geoffroy-Julien Kouao, l’ex-ministre de la Jeunesse ivoirien défend une posture réaliste. En effet, la popularité de Laurent Gbagbo reste intacte dans les bases qui l’ont soutenu durant son mandat. « En stratège politique, Blé Goudé veut incarner, voire personnifier l’héritage politique de Laurent Gbagbo. Y parviendra-t-il ? Difficile de le prévoir », note Kouaho.

Charles Blé Goudé candidat à la présidentielle de 2020 ? Rien n’est moins sûr, si on en croit le décryptage de l’universitaire, pour qui le Cojep est un instrument entre les mains de Laurent Gbagbo, au même titre que le Front populaire ivoirien (FPI) et Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS, coalition de mouvements et partis politiques pro-Gbagbo).

LA POSTURE POLITIQUE DE CHARLES BLÉ GOUDÉ DÉPENDRA DE CELLE DE SON MENTOR LAURENT GBAGBO

 

« La posture politique de Charles Blé Goudé dépendra de celle de son mentor. Il ne fera rien contre les intérêts de Gbagbo ; or, personne ne connaît aujourd’hui les ambitions de celui-ci pour 2020 », insiste l’analyste politique Sylvain N’Guessan. Depuis l’hôtel de La Haye où il observe sa liberté conditionnelle imposée par la Cour pénale internationale (CPI), le co-détenu de Laurent Gbagbo ne cache certes pas son ambition présidentielle, mais sans doute pas pour 2020, alors que l’ex-chef d’État, fondateur du FPI, n’a pas encore officiellement annoncé son retrait de la course.

En effet, dans son habituel langage imagé, Blé Goudé coupe court à toute rumeur sur ses rapports avec l’ex-chef d’État en liberté conditionnelle à Bruxelles (Belgique). « Ce qui me lie au président Gbagbo, c’est une cause noble. Et cette cause engage la vie de milliers d’Ivoiriens. Il faut savoir que quelle que soit la longueur des oreilles, elles ne dépasseront jamais la tête. La tête ici, c’est Laurent Gbagbo et jamais je ne me comparerai à Gbagbo parce que c’est mon père, c’est mon maître », affirme-t-il. Précisant qu’il n’est « pas pressé, la Côte d’Ivoire n’est pas de passage ».

SourceJeune Afrique

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