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Conséquence de la guerre du Nord : Le centre du Mali, nouveau périmètre du sang et de la peur

Alors que Kidal, Tombouctou et Gao accaparaient l’attention toute l’année 2014 avec près d’une quarantaine d’actes (escarmouches, attaques suicides, poses de mines, tirs à la roquette) l’arc de l’insécurité s’est étendu au centre du pays à l’entame de 2015. La piste jihadiste et crapuleuse était privilégiée jusque-là. Depuis le 27 avril, l’onde de choc de Menaka où le Gatia est triomphalement entré chassant la Cma qui occupait les lieux, l’onde de choc de la crise du Nord plonge les régions de Mopti et Ségou dans l’angoisse.
Inventaire macabre

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•    Janvier 2015
Le 5 janvier dernier, des assaillants attaquent Nampala qu’ils occupent pendant quelques heures avant d’être délogés par l’armée malienne. Onze militaires tués, neuf blessés selon des sources civiles sur place et sécuritaires. Le gouvernement a publié un communiqué sur l’affaire le soir même du 5 janvier. Il déplore des pertes humaines mais ne donne pas de bilan. Dans la foulée, les assaillants tentent de s’en prendre à Tenenkou dont ils sont repoussés le 8 janvier. Ils signent alors deux raids entre le 9 et le 10 janvier sur Nampala de nouveau et sur Dioura.  Le 14 janvier, quelques groupes terroristes s’infiltrent dans Tenenkou et ouvrent le feu sur des soldats loyalistes. Trois morts chez les militaires selon les chiffres les plus conservateurs, six selon certaines autres sources et un civil tué. Mais l’armée reprend la ville le 16 janvier.
•    Février et mars  2015
Des mois relativement calme. Mais le 6 février à Diabaly, non loin de Nampala, onze « présumés jihadistes» sont arrêtés par les forces de défenses et mises à la disposition de la gendarmerie du Camp 1 à Bamako. Plusieurs d’entre eux seront par la suite relâchés aucune charge n’ayant été retenue contre eux.
Le 14 février, l’armée encercle des présumés jihadistes à Gathi Loumo, dans le Cercle de Youwarou, Mopti, en abat six et perd deux hommes.
•    Avril 2015
Le 2 avril le cercle de Douentza entre, à son corps défendant, dans le périmètre de l’insécurité fait de coups de feu, de sang et de psychose.
Vers la frontière burkinabé, zone d’opération traditionnelle du Mnla, la localité pastorale de Bulli Kessi
Deux jours après, à quelques dizaines de kilomètres de là, cinq motocyclistes, entrés à la faveur de la nuit, s’en prennent à la brigade de gendarmerie faiblement protégée de Boni. Bilan 2 morts civils.
Le 5 avril, un agent de l’Etat est exécuté par des inconnus à Diafarabe à une heure de voiture de Mopti et un jour de foire.
Le 22 avril, le chef de village de Dogo, le sexagénaire Amadou Issa, est chez lui. Un peu avant la tombée de la nuit des hommes pénètrent dans sa maison et l’abattent.
•    Mai 2015
Le 3 mai, un homme est abattu par des hommes armés dans les environs de Douentza. Toutes les chances que ce soit l’œuvre des jihadistes : la victime, semble t-il, a été soupçonnée de collaboration avec les forces de sécurité maliennes et internationales.
Dans la nuit du 3 mai toujours, un acte d’une très sérieuse signification a lieu à 30 km de Mopti. Il s’agit du dynamitage du mausolée de Sekou Amadou, fondateur de l’Empire peul du Macina au début du XIXè siècle et autorité morale respectée dans la Région de Mopti.
Le 5 mai, Tenenkou est attaqué à l’aube par la Cma qui revendique. Les bilans se contredisent mais il y a des victimes. Si à la fin de la journée les Fama déclaraient être maîtres du terrain,  depuis des semaines,  à Tenenkou les écoles sont fermées, l’administration a mis les clés sous la porte. L’onde de choc de la peur se propage jusque dans les localités de la région de Segou faisant frontière avec Tenenkou dont Kemacina
Guerre de harcèlement
Pour l’attaque hier mardi de Tenenkou, l’assaillant a revendiqué : c’est la CMA qui a parlé également de farouches batailles l’opposant aux Famas à Nampala et Léré. Cette guerre est aussi psychologique et requiert donc de la vigilance. Mais au moins, la revendication a quelque chose de soulageant puis qu’un  nom revient n’a pas cessé de revenir depuis le début de l’année : celui de  Hamadou Kouffa, natif de Niafunké  officiant à Mopti jusqu’en 2012 où il rejoint Ansardine à Tombouctou. Prêcheur-vedette, c’est un proche d’Iyad Ag Ali avec lequel il s’est rendu à plusieurs rencontres de la Dawa islamique -cet antichambre de l’islam salafiste pour plusieurs analystes-. Il a été vu publiquement pour la dernière fois vers 16h le 10 janvier 2013 quand les jihadistes l’intronisent comme imam de Konna qu’ils viennent de conquérir. Personne n’a de nouvelles sûres de Kouffa après la rapide libération de cette ville. Longtemps donné pour mort par certains, invulnérable pour ceux qui lui tissent une belle légende, il est certains, pour plusieurs sources crédibles que Hamadoun Kouffa a pu se sauver de Konna, comme Iyad Ag Ali qui s’y trouvait au même moment.  En effet, l’attaque de Tenenkou en janvier  est revendiquée par  un mouvement que personne ne connaît : le Mouvement pour la Renaissance du Macina dont Kouffa passe pour être le fondateur. Nampala quelques jours plus tôt lui a été attribué également tout comme Diafarabé pendant que de fortes suspicions pèsent sur ses amis pour l’assassinat du chef de village de Dogo.
Le mode opératoire est le même qu’il s’agisse de francs-tireurs, de la Cma ou des jihadistes, l’assassin attaque à l’aube ou dans la nuit. Sa retraite est dans toutes les causeries des populations étonnées que l’ennemi ne soit pas tué dans l’oeuf: forêts de Wagadou proche de Nara, de Dongol Barkeji vers Gathi à Youwarou, de Moura vers Tenenkou.
Hamadoun Kouffa ou pas, le vers semble dans le fruit. Clairement l’assaillant est dans le Delta, une zone inondée qui est inaccessible en voiture pendant  au moins six mois de l’année à cause des crues.     Un défi  logistique de taille pour les fauteurs de guerre comme pour l’armée. Mais avec des pinasses même sans moteur, on a vu ce dont sont capables les autochtones de la Région  lors de la guérilla qui a opposé, quinze ans durant le Macina aux troupes toucouleurs amenées par Tidjane Tall depuis Bandiagara.
Adam Thiam

Source: Lerepublicainmali

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