Le 3ème Forum des prévisions climatiques saisonnières des caractéristiques pluviométriques, agro-climatologiques et hydrologiques de la saison des pluies 2016 pour la zone sahélienne de l’espace CILSS/CEDEAO, s’est tenu à
Ouagadougou au Burkina Faso.
Ce forum a été organisé par le Centre Régional AGRHYMET/CILSS et le Centre Africain pour les Applications de la Météorologie au Développement, en collaboration avec le Centre WASCAL, la Direction Générale de la Météorologie Nationale du Burkina Faso et les experts des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre en charge du suivi et de l’élaboration des informations climatiques, agro-climatiques et hydrologiques, et les représentants des Organismes de Bassin fluviaux de la sous-région, Les prévisions saisonnières de ce forum sont sorties du consensus autour des produits des modèles de prévision, des observations sur l’état des océans et des connaissances actuelles sur le climat dans la sous-région.
Ainsi, les résultats de cette prévision donnent les tendances probables des cumuls pluviométriques pour les périodes Juin-Juillet-Août et Juillet-Août-Septembre, des dates de démarrage et de fin de la saison des pluies, des durées probables des séquences sèches les plus longues au cours de la saison et des débits moyens des hautes eaux dans les grands bassins fluviaux. Le forum a également formulé quelques avis et conseils agro-hydro-météologiques aux utilisateurs des prévisions saisonnières.
- I) Prévisions des précipitations,
Elles se présentent comme suit :
1.1. De juin à août 2016 ;
Des précipitations moyennes à légèrement excédentaires sont très probables sur toute la bande sahélienne, de l’Est du Sénégal au centre Tchad, en passant par le Niger, le Burkina Faso, le Mali et le Sud Mauritanie.
Des précipitations déficitaires à moyennes sont très probables le long des côtes du Golfe de Guinée, de la Sierra-Léone au Nigeria.
Des précipitations moyennes à légèrement déficitaires sont très probables sur la partie côtière du Sénégal, de la Gambie et de la Guinée-Bissau
1.2. De juillet à septembre 2016
Des précipitations moyennes à légèrement excédentaires sont attendues sur le Sahel Central et sur la partie Est, couvrant l’Est du Niger et le Centre-sud du Tchad.
Des précipitations déficitaires à moyennes sont très probables le long des côtes du Golfe de Guinée, du Libéria au Nigeria.
Des précipitations proches de la moyenne saisonnière sont très probables sur le reste de l’Afrique de l’Ouest.
- Prévision des paramètres agro-météorologiques de la saison des pluies.
2.1. Dates de début de la saison des pluies 2016
Des dates de début de saison tardives à normales sont attendues sur le Nord-ouest, le Centre-sud et l’Est du Sahel.
Sur le Sud-ouest du Sahel et le Nord des pays du Golfe de Guinée, des dates de début de saison normales à tardives sont prévues.
Des dates de début précoces à normales sont prévues au Centre et au Sud-est du Sahel.
2.2. Dates de fin de la saison des pluies 2016
Des dates de fin de saison tardives à normales sont attendues sur la majeure partie des pays du Sahel et les parties Nord des pays du Golfe de Guinée, à l’exception de la zone couvrant l’Ouest du Niger, le Nord du Benin et l’extrême
Nord-ouest du Nigeria où des dates de fin de saison normales à tardives sont prévues.
2.3. Durée des séquences sèches les plus longues après le début de la saison (phase d’installation des cultures)
Sur l’Ouest des pays du Sahel, les parties Nord des pays du Golfe de Guinée et sur la région du Lac-Tchad, il est prévu des séquences sèches normales à longues en début de saison.
Par contre, sur le Centre et l’Est du Sahel des séquences sèches plus longues à normales sont très probables.
2.4. Durée des séquences sèches les plus longues vers la fin de la saison (période post-floraison)
Des séquences sèches normales à longues sont prévues sur l’Ouest et le Centre du Sahel, de même que sur les parties Nord des pays du Golfe de Guinée.
Sur l’Est du Sahel, il est très probable que les séquences sèches soient courtes à normales dans la deuxième moitié de la saison.
III) Prévisions saisonnières hydrologiques des écoulements des bassins fluviaux de l’Afrique de l’ouest
Les prévisions hydrologiques portent sur les principaux bassins fluviaux de l’Afrique de l’Ouest, du Tchad et du Cameroun suivants :
Niger, Sénégal, Gambie, Volta, Ouémé, lac Togo, Mono, Comoé, Sassandra, Bandama et le lac Tchad.
Pour l’année 2016, des écoulements équivalents à supérieurs à la moyenne calculée sur la période de référence 1981-2010 sont attendus sur les bassins fluviaux de la partie sahélienne et soudano-sahélienne de la région.
Des écoulements à tendance déficitaires sont attendus pour les bassins côtiers.
Si ces prévisions se confirment, elles pourront avoir comme impacts:
Au niveau des bassins supérieur et moyen du fleuve Niger, des hauts bassins du Sénégal, de la Gambie et de la Volta: les prévisions normales à excédentaires attendues permettraient de satisfaire les différents besoins en eau;
Dans le Delta intérieur du fleuve Niger : la situation moyenne attendue se traduirait par une disponibilité en eau acceptable pour les cultures irriguées (…).
Le Forum
Le 20 Mai 2016
Encadré
Avis et conseils agrométéorologiques
Compte tenu de tout ce qui précède, le forum formule les recommandations suivantes:
Pour les agriculteurs
- Pour les zones où il est plus probable d’observer des cumuls
Pluviométriques déficitaires, des dates de début de saison tardives, et des séquences sèches plus longues après le démarrage de la saison, les agriculteurs doivent :
- éviter de se presser à semer tôt, afin d’éviter les pertes en semences, en fertilisants, en main d’œuvre et en capitaux, qu’engendrent les ressemis multiples généralement liées à une installation contrastée de la saison,
- utiliser des variétés résistantes à la sècheresse et/ou à cycles courts,
- limiter l’utilisation des espèces/variétés exigeant beaucoup d’eau,
- éviter les apports supplémentaires d’engrais, notamment azote, pendant la période d’installation des cultures et celles à risques de sécheresse,
- privilégier les techniques culturales favorisant l’économie de l’eau du sol,
- privilégier l’exploitation des bas-fonds,
- planifier le recours à l’irrigation d’appoint,
- Consulter régulièrement les techniciens des services de vulgarisation agricole,
- Promouvoir l’agroforesterie,
- Assurer une bonne gestion et un usage efficient des ressources en eau;
- Interagir avec les techniciens de la météorologie nationale et des services d’agriculture pour des informations agrométéorologiques et des conseils sur les variétés à utiliser.
- Pour les zones où il est plus probable d’observer des cumuls pluviométriques normaux à excédentaires, des dates de début de saison précoces et des séquences sèches plus courtes après le démarrage de la saison, les agriculteurs doivent :
- investir d’avantage dans les semences des variétés améliorées, aussi bien pour les cultures vivrières que pour les cultures de rente,
- apporter des fertilisants (fumure organique et engrais minéral)
- renforcer la vigilance contre les adventices et les ravageurs des cultures (criquets et autres insectes nuisibles),
- mettre en place des dispositifs pour prévenir les risques d’inondations et limiter l’exploitation des zones inondables.
- Investir plus dans l’aquaculture ;
- Ne pas baisser la garde vis-à-vis d’éventuelles fortes pluies pour minimiser les dégâts sur les vies et les biens matériels.
Pour les éleveurs:
- A) Pour les pasteurs et agropasteurs des zones à forte probabilité d’une installation tardive de la saison des pluies, envisager :
– la mise en place d’aliments bétail,
– faciliter aux animaux l’accès aux points d’eau les plus proches, afin de les mettre à l’abri des effets du manque d’eau et d’éviter les conflits entre agriculteurs et éleveurs,
- B) Pour les pasteurs et agropasteurs des zones à forte probabilité d’excédents pluviométriques :
– veiller à éviter aux animaux les risques de noyade
– prévenir les épizooties à germes préférant de bonnes conditions humides.
Pour les pécheurs et pisciculteurs:
Le refroidissement attendu des eaux du golfe de guinée est favorable à la remontée du phytoplancton, donc à une bonne productivité de poisson. Aussi, les écoulements excédentaires à normaux attendus dans pas mal des bassins fluviaux sont favorables à la pisciculture. D’où l’importance de prendre des dispositions pour maximiser les rendements de la pêche.
Pour les autorités nationales, locales et les acteurs de développement (Projets, ONGs et OPs):
- Prendre les dispositions pour mettre en place les intrants agricoles (semences améliorées, engrais et aliments bétails) en quantité suffisante dans les différentes zones.
- Prendre les dispositions pour doter les services d’agriculture et les producteurs en équipements et moyens pour la pratique de l’irrigation notamment autour des points d’eau utiles à cet effet.
- Prendre les dispositions pour résorber les déficits de production potentiels dans les zones à installation tardive et/ou à fin précoce de la saison des pluies, à travers la promotion du maraichage, de l’agroforesterie et d’autres activités génératrices de revenus.
- Appuyer et favoriser la communication de l’information climatique (dont les prévisions saisonnières) aux différents utilisateurs dont les producteurs agricoles en particuliers,
- Mettre en place ou renforcer les dispositifs d’encadrement des producteurs, de veille et de réponse aux risques liés au climat,
- Prendre les dispositions utiles pour éviter ou réduire les dégâts et les pertes liés notamment aux inondations et aux invasions des ravageurs des cultures, dans les zones à risques en :
. Palliant au risque permanent lié à l’occupation anarchique des zones inondables;
. Renforçant les capacités d’intervention des services techniques à ne pas baisser la garde par rapport au suivi des risques d’inondation et d’invasion acridiennes dans les zones vulnérables.
Les prévisions ci-dessus indiquées sont susceptibles d’évolution au cours de la saison des pluies. Par conséquent, il est fortement recommandé de suivre les mises à jour qui seront faites en Juin, Juillet et août par le Centre Régional
AGRHYMET, l’ACMAD et les services météorologiques nationaux.
Source : La Sentinelle