Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Climat de tensions en Libye après l’arrivée du gouvernement d’« union nationale »

Rues désertes, patrouilles de milices et escarmouches sporadiques : la tension est montée de plusieurs crans, mercredi 30 mars, à Tripoli alors que Faïez Sarraj, le premier ministre d’un nouveau gouvernement libyen d’« union nationale », soutenu par les Nations unies, venait d’arriver par surprise dans un geste de défi au gouvernement qui contrôle de facto la majeure partie de la Tripolitaine (Ouest).

chef gouvernement union nationale ONU Fayez al-Sarraj Tripoli libye

M. Sarraj, accompagné de six autres membres du conseil présidentiel, l’instance dirigeante de ce nouveau gouvernement, a débarqué par voie de mer à la base navale d’Abusita, à Tripoli, accueilli par des officiers de la marine libyenne qui lui ont aussitôt fait allégeance. L’étendue des ralliements locaux à cette nouvelle autorité, issue d’un accord politique signé le 17 décembre à Skhirat (Maroc) sous les auspices de l’ONU, conditionnera le retour à la stabilité dans une Libye déchirée par une guerre civile depuis l’été 2014. Cantonné à Tunis depuis sa formation en janvier, le gouvernement de M. Sarraj devra non seulement s’imposer au bloc politico-militaire de Fajr Libya (Aube de la Libye), qui dirige à partir de Tripoli l’essentiel de l’Ouest libyen, mais aussi au pouvoir rival adossé au Parlement siégeant à Tobrouk, en Cyrénaïque (Est).

Poussée de fièvre

Dans l’immédiat, le principal atout de M. Sarraj est d’être activement appuyé par les Occidentaux et les Nations unies, impatients de voir une nouvelle autorité s’installer en Libye afin d’enrayer l’expansion de l’organisation Etat islamique (EI). Quelques heures après son arrivée à Tripoli, les déclarations de soutien ont afflué de Paris, Londres, Rome, Bruxelles ou Washington. A Tripoli même, M. Sarraj va toutefois découvrir un environnement politico-militaire profondément divisé, comme l’a illustré la brusque poussée de fièvre, mercredi 30 mars, dans la ville.

Le bloc politico-militaire de Fajr Libya, qui rassemblait depuis l’été 2014 des forces islamistes et des représentants de la ville marchande de Misrata, réunis dans un combat commun pour préserver l’héritage de « la Révolution du 17 février » (date du début du soulèvement anti-kadhafiste de 2011), est à l’évidence en train de se désagréger. Si plusieurs milices de Tripoli comme de Misrata soutiennent M. Sarraj, des factions radicales de Fajr Libya sont prêtes à combattre ce nouveau pouvoir qu’elles dénoncent comme « imposé de l’étranger ».

Khalifa Ghweil, le premier ministre du gouvernement issu du bloc de Fajr Libya, non reconnu par la communauté internationale, a aussitôt dénoncé mercredi soir dans une allocution télévisée l’arrivée à Tripoli d’« éléments infiltrés »qu’il a sommés de « se rendre ou de partir ». M. Ghweil avait multiplié ces derniers jours les mesures préventives afin d’empêcher M. Sarraj de débarquer à Tripoli, allant jusqu’à fermer à plusieurs reprises l’espace aérien sur l’ouest libyen. Autre figure de Fajr Libya résolument hostile à M. Sarraj, le grand mufti Sadik Al-Ghariani lui a promis un « djihad » s’il ne quittait pas le territoire. Cette tendance dure de Fajr Libya peut éventuellement compter sur des milices comme celle de Salah Badi, dont les hommes sont d’ailleurs sortis dans les rues de Tripoli dès l’annonce de l’arrivée de M. Sarraj.

A l’inverse, d’autres brigades issues de Fajr Libya sont apparemment disposées à accompagner l’installation à Tripoli du nouveau gouvernement d’« union nationale ». Tel est le cas de Nawasi, dirigé par Haythem Tajouri, qui semble s’être rallié à M. Sarraj après avoir pourtant appelé à le combattre en janvier. La brigade Rada, spécialisée dans la lutte contre l’EI, s’est elle aussi déclarée prête à coopérer avec M. Sarraj à condition qu’il soit « soutenu par le peuple libyen et les Nations unies ». A Misrata, le gros des katibas (unités combattantes) penche également en faveur du nouveau gouvernement d’« union nationale ». Ces divisions au sein de l’ex-bloc de Fajr Libya laissent planer le risque d’affrontements fratricides comme l’a illustré, mercredi soir, la mise à sac du siège de la télévision Nabaa TV dont certains actionnaires sont proches d’Abdelhakim Belhadj, figure historique de l’islamisme libyen.
Source: lemonde.fr

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance