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Chronique : Révolté d’un jour : Une mission, quatre versions !

L’amour fou entre Dougouba et Abidjan a atteint son paroxysme ces 72 heures écoulées avec l’arrivée massive d’hommes et de femmes en treillis venus assister à cette union sacrée. Trêve de plaisanterie, les choses sont toutes sauf de l’amusement ces derniers jours dans les relations entre le Mali et la Côte d’ivoire. Les raisons ? Un fâcheux malentendu qui risque de s’envenimer en conjectures plus ou moins grotesques les unes que les autres. Venons-en au fait…

Dimanche 10 juillet 2022, juste au lendemain de la fête au mouton, communément appelé l’Aïd El Kebir, deux aéronefs en provenance de la Côte d’Ivoire atterrissent à Dougouba, sur le tarmac de l’aéroport international Président Modibo Keïta de Sénou. À bord des deux appareils, 49 soldats, des armes de guerre et des munitions. Aussitôt alertés, les services de sécurité aéroportuaires se mettent en branle et interpellent les nouveaux arrivants. De questionnements en questionnements sur leur identité, le but de leur arrivée, les armements qu’ils transportent, les 49 soi-disant militaires se perdirent en explications, donnant 4 versions différentes de leur présence sur le sol malien.

Très professionnels et dotés d’une intelligence hors normes, les services de sécurité aéroportuaires confondent séparément les 49 agents interpellés. Au moment où certains éléments parlaient d’une mission confidentielle (dans un pays souverain en plus, sic), d’autres expliquaient aux limiers maliens leur présence à Dougouba dans le cadre de la rotation des effectifs de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali), avant qu’un autre groupe ne défende la thèse selon laquelle ils sont au Mali pour la sécurisation de la base logistique de la compagnie aérienne Sahelian Aviation Services et la protection du contingent allemand.

Les indésirables croyaient berner les services de sécurité aéroportuaires maliens. Malheur leur en a pris. Car après vérification, les services de sécurité découvrent les mensonges grotesques. Contactées en premier, les autorités ivoiriennes ont nié avoir dépêché une quelconque mission du genre à Dougouba. La Minusma enfonça le clou, tout en affirmant ne jamais être au courant d’une rotation d’effectifs ce jour 10 juillet 2022. Pire, les passeports retrouvés sur les interpellés révèlent des professions aux antipodes de ceux d’un contingent en mission extérieure : maçon, électricien, cuisinier, plombier, chauffeur, etc… À en croire que Dougouba manquerait de mains d’œuvre !

Des individus du genre, qui débarquent dans un pays souverain sans ordre de mission et avec des incohérences à crever l’œil, ne sont ni plus ni moins que des bandits malintentionnés qui doivent répondre de leur acte. Le gouvernement de la transition ne s’est pas fait prier pour les qualifier de mercenaires, dont le dessein inavoué était de déstabiliser la dynamique de refondation enclenchée à Dougouba depuis les événements du 21 mai 2021, avec l’éviction du vieux tandem mou, Bah N’Daw-Moctar Ouane, de la tête de l’État.

Alors question : qui sont réellement ces hommes et de femmes lourdement armés ? Que venaient-ils faire concrètement à Dougouba au moment où l’on sentait une sorte de désescalade dans les relations de coopération avec la Cedeao après la levée des sanctions le dimanche 03 juillet 2022 ?

Dans sa livraison, notre confrère Franceinfo-Afrique nous rapporte les inepties du quotidien ivoirien, Fraternité-Matin, le journal gouvernemental avec une ironie qui l’humilie lui-même : « Prenons la logique malienne. Des mercenaires quittent la Côte d’Ivoire pour attaquer le Mali. Ils ne vont pas avec un avion de guerre mais un avion de transport de troupe. Ils descendent tranquillement à l’aéroport, juste avec leurs armes de dotation. Et fait extraordinaire, ils se présentent au contrôle. Les militaires maliens habitués aux attaques djihadistes ont-ils été une seule fois confrontés à des hommes armés qui débarquent avec bruit (moteur de l’avion) saluent gentiment et passent au contrôle ? », rapporte le journal. Dans son déni total de la réalité, le journal « Fraternité Matin » a omis de mentionner que les autorités ivoiriennes avaient dans un premier temps nié la présence de soldats au Mali, avant de se dire encore quelques heures après la tenue d’un Conseil national de sécurité « demandant aux autorités maliennes de libérer sans délais les soldats ivoiriens interpellés » et que le porte-parole de la mission onusienne, Olivier Salgado, avait martelé que ce ne sont pas des contingents Minusma.

Alors, au lieu de faire fi de la déontologie, Fraternité Matin ferait mieux de nous produire les accusés de réception de l’ordre de mission farfelu qui circule sur les réseaux sociaux. Autrement, les militaires, j’allais dire les mercenaires envoyés par la Côte d’Ivoire, seront traités comme il se doit. En attendant, qu’il plaise à qui le veut, Dougouba réussira à éclaircir « cette mission aux quatre versions différentes ».

À mercredi prochain, inch’Allah

Lassine M’Boua DIARRA

Source: Tjikan

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