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Chronique du vendredi : la portée du moment, l’urgence du sursaut

Contre toute orthodoxie, le gouvernement communique ou laisse communiquer un rapport du Vérificateur général qui pour être une mine de scandales n’en reste pas moins un rapport provisoire ne tenant pas compte du droit au contradictoire, contrainte de tout audit crédible. Et contre toute orthodoxie, Soumeylou Boubeye Maiga, la cible de l’investigation -il était le ministre de la Défense au moment des faits- fait poster sur internet sa réponse à ce rapport provisoire. Jeu à somme nulle donc ? Dans un sens oui. Même si le Fmi a tenu à replacer l’exercice dans le registre d’une coopération normale qui peut connaître des hauts et des bas, les audits et la communication qui en a été faite tiennent du réquisitoire.

adam thiam

SOUMEYLOU BOUBEYE MAIGA A ANTICIPE  DANS LA PLAIDOIRIE

Tout naturellement donc. Avec un point préjudiciel touchant à l’article 8 du code des marchés de la Défense qui, au nom du secret défense et selon l’’interprétation du vérifié, empêche le Vérificateur général de connaître de l’affaire ayant motivé l’audit. A quoi sert cette posture ? Le tribunal peut statuer là-dessus. Mais pour l’opinion, c’est trop tard car on est déjà dans le fond.

Et le fond n’est pas brillant, entre violations de règles et insinuations de surfacturations outrageantes au moment où l’armée remplacée par les banderoles et des citoyens brandissant le poing dans des marches à répétition, n’a jamais eu un besoin criard d’existence et de respect. L’ex ministre de la Défense cherche t-il à convaincre l’opinion de sa bonne foi et de la régularité des opérations effectuées ?

Sa préoccupation, elle se voit, est de démontrer que, dans les circonstances – le Mali en guerre-, les conditions du marché – opportunité réduite de crédit de plus de dix huit mois- et les  facilités accordées par le fournisseur -échelonnement du paiement par le gouvernement-, le contrat de Guo Star n’est pas une arnaque mais une aubaine.

LE PARI DE LA PERSUASION EST-IL GAGNE ?

Il est difficile à gagner.  D’abord parce que ce contrat a bel et bien existé. Parce que la communication du gouvernement là-dessus a été d’une navrante maladresse. Parce que c’est l’opposition et les médias qui ont levé le lièvre. Parce que les audits concernent deux contrats de matériel militaire  et d’achat d’avion portant sur des montants importants. Avant même la sincérité des dépenses, il y a la question des procédures observées et celle de l’opportunité politique des acquisitions.

Reste que l’ex ministre de la Défense, bien que n’étant plus au gouvernement, est celui qui aura proposé les réponses les plus construites aux graves accusations susurrées contre le gouvernement : opacité, surfacturations, enrichissement, blanchiment, etc.

Reste qu’ Ibk lui-même est au creux de la vague et qu’il lui faut réagir, mais réagir vite et réagir sans paraître protéger qui que ce soit. L’inopportunité politique des acquisitions, si elle a été invoquée par certains dans le contexte d’un pays en guerre perfusé par les contribuables internationaux n’est pas synonyme d’immoralité.

Le cas échéant  tout enrichissement personnel dans les affaires auditées doit être puni de manière exemplaire.  L’exemplarité doit aller de pair avec un reformatage total d’une  gouvernance mise à l’index et à la une des médias.

Ces temps d’épreuve sont forcément ceux du sursaut, à la dimension d’un pays qui a toujours su se ressaisir mais dont le délitement doit être immédiatement stoppé par toutes ses digues secondaires mais d’abord par sa digue principale : le président de la République.

Adam Thiam

Source: Lerepublicainmali

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