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CHRONIQUE DU MARDI : Rationalisation

Ainsi donc, le gouvernement malien veut rationnaliser l’usage des véhicules de fonction. Une décision issue du conseil interministériel du jeudi dernier. L’on serait tenté d’applaudir tellement il s’agit là d’une mesure salutaire. Mais ayant vu d’autres annonces de mesures similaires qui sont restées sans suite, l’on est plus tenté d’être prudent. Car bien plus qu’un effet d’annonce, l’opinion nationale s’attend à des mesures concrètes avec une application rigoureuse et vigoureuse à la fois. Car nous avons appris que l’entretien du parc automobile de l’Etat revient à plus 3 milliards de CFA par an !

koulouba palais bamako mali

Il ne s’agit là que de l’entretien. Qu’en est-il du cout d’achat et surtout de celui du carburant ? Il faudrait probablement multiplier ce chiffre par 4 voire 5 tellement la politique des bons d’essence saigne le Trésor Public. Dans tous les départements ministériels ou les directions nationales, l’ensemble des conseillers, chargés de mission, chef de division ou de section reçoivent leur dotation mensuelle, qu’ils disposent ou non de véhicules de services ou d’engins roulants personnels. Ainsi, pendant que ceux qui sont au bas de l’échelle bénéficient d’environ 50 litres par mois, les plus nantis s’en sortent avec pas moins de 600 voire 1000 litres par mois.

Et quand on sait que ce sont des milliers de personnes qui bénéficient de cette manne, le cout est assurément élevé. Or, dans de nombreux cas, certains bénéficiaires de ces tickets d’essence n’hésitent pas à aller les monnayer dans des stations en prenant soin de gratifier les pompistes au passage, si on ne retrouve ces tickets avec des personnes qui n’ont rien à voir avec leur service d’origine. A ce niveau aussi, l’Etat doit chercher à rationnaliser les dépenses, car bien plus que les 3 milliards de l’entretien du parc automobile public, le carburant doit représenter une dizaine de milliards. On peut bien le plafonner pour une utilisation plus saine des finances publiques.

Dans certains pays comme le Rwanda ou le Benin, l’Etat a pu économiser des centaines de milliards de francs CFA en supprimant ou en rationnalisant les véhicules de service ainsi que le carburant. Pour le cas du Rwanda, ils ont opté pour la suppression pure et simple du parc automobile public, en développant les transports publics. A ce niveau, l’Etat n’a plus à faire face à des dépenses d’achat de voitures, de carburant a fortiori de frais d’entretien. Et ces milliards économisés sont investis dans des secteurs socioéconomiques prioritaires. Au Benin, le nouveau Président de la République tente la même expérience, en réduisant le train de vie de l’Etat et en 6 mois, on parle déjà de quelques 173 milliards de francs CFA d’économie !

Au Burkina Faso aussi, les autorités tentent de s’y mettre avec la réduction, disons le plafonnement des frais de téléphone. Le Président de la République se voit attribuer un plafond de 300 000 franc s CFA par mois, alors que les ministres et les députés ne doivent plus dépasser les 200 000 au risque de payer le reste de leur propre poche. Au Mali, certaines catégories de responsables n’ont aucun plafond pour leurs frais de télécommunication, en l’occurrence les ministres, les présidents d’institutions et même certains directeurs centraux. On a ainsi vu des factures téléphoniques mensuelles individuelles dépassées le million de francs CFA sans que cela n’émeuve personne.

Quid alors de la rationalisation des voyages et des frais de mission ? Je touche là un domaine extrêmement sensible, une sorte de Camorra ou règne une omerta religieuse. Tout le monde sait ce qui s’y passe, mais personne ne souhaite en parler car c’est une pratique qui arrange tout le monde, disons ceux qui bénéficient de ces missions, et chacun sait que son tour va arriver. A-t-on véritablement besoin de tenir des conseils interministériels pour statuer sur ces cas de dilapidation des ressources publiques ? Sincèrement, les pratiques sont tellement connues et tellement courantes, qu’il faut juste prendre les décisions qui s’imposent et surtout de les appliquer sans parti pris. Les autres pays qui ont réussi à le faire n’ont pas cherché de midi à quatorze heures. Que nenni ! Ils ont simplement agi et c’est d’action dont il s’agit au Mali.

Maliden

 

 

Source: lesechos

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