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CHRONIQUE DU MARDI : Le religieux et le politique au Mali.

Les mécanismes d’autorégulation des sociétés témoignent discrètement de leur vitalité de résistance aux pressions du jour, calme et/ou terrible, pour se projeter dans un futur relativement perceptible mais bien réel pour l’observateur activement avisé.

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En cela, l’espoir d’une sortie pacifique de la crise existentielle de tous les peuples du monde est permis et il fonde ici l’engagement citoyen éclairé à ne pas céder à la surenchère obscurantiste des fragiles constructions politiques du genre Azawad, Macina ou Kénédougou. Depuis l’éclatement de la Fédération du Mali avec le Sénégal en 1960, qui ne convenait pas à la France du Général De Gaulle, la douloureuse naissance, sans assistance maternelle, de la République du Mali, le 22 Septembre de la même année, est périodiquement ponctuée par de fortes remises en cause violentes de son modèle patriarcal de gestion de l’Etat. Lequel ne vaut dans la compétition internationale que par la qualité impartiale et équitable de son savoir sur les hommes et les femmes, sur les biens et sur les services domestiques qu’ils produisent et fournissent. Une période d’indépendance sous tutelle institutionnelle et juridique de 30 ans de monopartisme par des acteurs politiques et militaires maliens a finalement abouti au pluralisme démocratique intégral, suite à l’insurrection de la jeunesse urbaine scolarisée instrumentalisée par de nouveaux partisans en posture clandestine le 26 mars 1991. Loué en Occident comme le nouveau Mouvement Démocratique par les ordonnateurs financiers et techniques des pouvoirs et contre pouvoirs en Afrique, le bilan interne de cette dernière mutation de la République du Mali se révéla catastrophique par le coup d’Etat militaire non commandité du 22 mars 2012 dans un pays qui perdit aussitôt le contrôle du territoire qui justifie son accès à la souveraineté internationale. Face à des séparatistes doublement manipulés et à des faux djihadistes arrivistes au Nord puis au Centre, le masque Ciwara de l’Etat Nation du Mali est bien bas tombé dans un puits sans fond, toujours en quête de puisatier rebelle, religieux, politique ou militaire ! Panique républicaine généralisée à bord de la pirogue sans pinassier et ruée de toutes les forces vives de Bamako et de la communauté internationale, bilatérale et multilatérale, vers le siège du Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM). Juste au balcon pour tenter de voir clair en eaux douces si vite troublées du fleuve Niger et à l’occasion, relancer son propre filet attrape capitaine égaré de Kati pressé d’être hippopotame couronné au Palais de Koulouba. Mais pourquoi le siège du HCIM, créé en 2001, qui venait de prendre de la bouteille en eau bénite, avec la mobilisation inédite en aout 2009 de la société civile musulmane et traditionnelle, par la relecture du Code des Personnes et de la Famille imposée au Président ATT et à son agenda international féministe ? Et pourquoi comme interlocuteur très sollicité, son Président de la République par défaut, Mahmoud Dicko, « l’Imam, l’Expert et le Diplomate, Retour sur une recherche au HCIM » selon le jeune anthropologue français, Pierre Prud’homme, dans un bel article de la Revue Civilisations (N° 64/2015) ? La complicité entre le religieux et le politique était très bien établie avant la colonisation pour des besoins de gestion occulte des hommes exposés à subir la mort pour les pouvoirs dominateurs, et son retour postcolonial, dans un contexte de profonde crise de l’Etat Nation Africain censé mettre un terme aux tueries gratuites, n’est que justice sociale car la nature a horreur du vide physique et métaphysique. Face aux acteurs politiques dépassés, le Mouvement Sabati 2012, proche du HCIM, réussit à mobiliser l’opinion publique musulmane généralement hostile aux urnes à voter massivement pour faire élire l’actuel Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita (IBK), et ainsi améliorer substantiellement le faible taux de participation électorale. Et pourquoi la déclassée classe politique, en quête de reclassement corrompu « école buissonnière », hurla-t-elle « laïcité républicaine » pour abriter sa mécréance congénitale quand en islam, c’est bien « à vous votre religion, et à moi ma religion » (Coran, 109/6) ? Entre le vice et la vertu, le profane et le sacré, le conflit et la réconciliation, les hommes, les familles et les communautés du monde sont tenus d’avancer comme destination recherchée ou de disparaître de la mémoire de l’humanité parce qu’ils n’ont pas su porter à d’autres le meilleur de leur générosité sans en attendre une reconnaissance. Puisqu’il ne cesse de se référer à Allah (SWT) au nom du Mali, impardonnable pour la déception de ses Chefs, le courage politique d’IBK serait de renoncer à un second mandat présidentiel en 2018. Et les leaders religieux, faiseurs de roi, d’admettre les limites de leurs interventions hors normes pour éviter l’humiliation, ici bas et au-delà, et surtout, s’attaquer résolument à l’endoctrinement d’enfants, de femmes et d’hommes, happés par la tentation du suicide altruiste des poseurs de bombe en pleine foule. Tandis que les peuples n’ont que les leaders qu’ils méritent, il revient à chacun de se changer pour avoir droit au moins à à la bonne guidance. Par ailleurs, sans dialogue contradictoire avec Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa, le pays ne tiendra pas debout dans sa forme actuelle d’éclatement progressif avec cinq autres années de mise à l’écart d’opinons divergentes pour la simple raison que l’Etat Nation du Mali n’a objectivement pas la capacité propre, par ses diverses communautés inorganisées et désorganisées par la décentralisation/régionalisation, de détenir le monopole de la violence légitime sur toute l’étendue de ce vaste territoire Sahélo Saharien. Et chaque fois qu’une petite porte sincèrement empruntée se ferme, Dieu en ouvre largement une de plus grande pour le croyant heureux et honoré par tout ce qui le touche, en bien et en mal !
Hamidou Magassa, CERNES

 

Source: lesechos

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