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Centre « Sigi Te Mogo Son », au-delà du handicap: la dignité par le travail

Le Centre Sigi Te Mogo Son, qui signifie en Bambara : « On ne gagne rien en restant assis », porte bien son nom. En ce samedi matin en plein cœur du mois de Ramadan, les membres de l’association située à Mopti s’activent, certains autour des barils de préparation du savon, d’autres appliquant les couches d’argile sur le tissu ocre pour en faire du bogolan; d’autres, encore, taillant le cuir pour en faire des chaussures. « Les membres du Centre Sigi Te Mogo Son veulent travailler, ils veulent pouvoir vivre par leurs propres moyens, » explique Pascal Togo, chargé des droits de l’Homme au bureau de la MINUSMA à Mopti.

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 Partagé entre la fabrique de savon dur, de savon liquide, l’atelier de couture, de cordonnerie, la décortiqueuse et l’élevage d’embouche, le centre offre à ses membres vivants avec un handicap un travail qui leur procure de quoi vivre mais surtout, une certaine indépendance. Plus qu’un gagne-pain, le travail est ici source de fierté.

 Si l’association existe depuis 1998, elle n’a pas pour autant été épargnée par la crise de 2012. N’eut été l’intervention de la MINUSMA l’an dernier, le centre peinait à poursuivre ses activités, incapable de financer l’achat des matières premières nécessaires à la confection des produits artisanaux fabriqués par ses membres. Grâce à un projet à impact rapide (QIPs) sponsorisé par le bureau de la Division des droits de l’homme et de la protection de Mopti, le centre a pu se donner les outils pour continuer sa mission, et garantir à ses membres un travail et des revenus essentiels. D’une valeur de 21,6 millions de Francs CFA, le projet a notamment permis au centre d’équiper l’atelier de cordonnerie d’une machine à coudre électrique, de financer l’achat d’une décortiqueuse également génératrice de revenus, et de fournir les matières premières nécessaires à la production de savon dur.

« Avant la mise sur pied de l’association, les personnes vivants avec un handicap survivaient grâce à la mendicité, ils ne pouvaient pas travailler. Nous avons donné un nouveau visage aux personnes avec un handicap, qui sont maintenant intégrées dans la vie sociale et active de la région de Mopti, » explique le Président de l’association, Almamy Ouaré.

 C’est ce type d’initiative que la MINUSMA appuie à travers ses projets à impact rapide. Des projets qui permettent aux différents acteurs de la société malienne de recevoir une aide unique répondant à leurs besoins prioritaires avec un effet rapide et durable ; cet appui contribuant aussi à rétablir un climat de confiance entre les communautés, la MINUSMA et ses partenaires.

 Un travail et un rêve : celui de fonder une famille

El Moctar Cissé, chef de l’atelier de savon dur, explique qu’avant l’intervention de la MINUSMA, son équipe avait le savoir-faire mais pas les matières premières. Impossible donc de produire du savon et surtout, de le vendre pour gagner un petit revenu. Grâce au soutien de la mission onusienne, ils ont pu reprendre leur production et recommencer à vendre le savon produit, soit au marché, soit dans l’une des boutiques tenues par l’association. El Moctar Cissé sourit lorsqu’on lui demande comment il envisage l’avenir. « Les choses ont beaucoup changé pour moi avec ce travail. Seul le travail assure l’indépendance, seul le travail te permet de faire tes propres choix, de vivre ta vie. Maintenant, je peux envisager de me marier, de fonder une famille, d’avoir une maison, » explique-t-il, précisant qu’il souhaiterait avoir au moins trois enfants.

Dans la salle voisine, Youssouf Maïga retouche la ganse d’une paire de sandales en cuir de mouton sur sa machine à coudre. Il s’amuse à l’ouvrage et reste extrêmement reconnaissant, car ce travail lui a permis d’acquérir une stabilité et de réaliser son rêve de se marier. « À Gao, je ne pouvais pas travailler. Ici, je me suis marié et depuis janvier 2017, je suis également père d’une fillette prénommée Fatim, » explique l’homme de 35 ans. La machine à coudre électrique sur laquelle il se penche tous les jours est d’ailleurs un outil qui facilite énormément le travail des artisans; l’association permet donc à certains cordonniers non-membres de l’utiliser. Une façon pour Sigi Te Mogo Son d’assurer une petite rentrée d’argent qui contribue à régler des menues dépenses de fonctionnement.

 L’Union fait la force !

Aïssa Bâ est mère de deux enfants. Membre fondatrice de l’association, elle applique avec soin l’argile sur la pièce de bogolan à l’effigie du logo des Nations Unies. Son métier, elle a eu l’opportunité de l’apprendre il y a tout juste six mois; mais déjà, elle constate que sa vie a changé. « Le travail me permet de gagner de l’argent et de contribuer à soutenir ma famille. Je ne suis plus à la charge des autres, je peux payer pour les petites dépenses des enfants et participer à la gestion de la famille; c’est très important pour moi, » indique-t-elle.

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