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CEDEAO: L’ÉQUATION DE LA MONNAIE UNIQUE QUE COMPTE ADOPTER LE MAROC

#Maroc : Le Maroc s’est engagé à adhérer à la monnaie unique de la CEDEAO une fois celle-ci adoptée. Un engagement clair à quelques mois de la signature de l’acte d’adhésion à la Communauté économique. Mais où en est le processus de mise en place de cette monnaie unique? Et quelle sera sa nature?

 cedeao carte afrique ouest
«Le Maroc s’engage à l’adhésion à une monnaie unique le jour où elle sera adoptée par la CEDEAO», a déclaré  le président de la Commission de la CEDEAO, Marcel de Souza, lors de sa dernière visite au Maroc, il y a quelques jours. Visite à l’occasion de laquelle il a annoncé que l’adhésion définitive du Maroc à la CEDEAO sera actée en décembre prochain à Lomé, au Togo.

Cette annonce, qui fait suite à une décision des plus hautes autorités du royaume, montre à quel point le Maroc s’engage à œuvrer pour une intégration plus poussée de la région. De Souza avait lui-même rappelé que l’adhésion à la CEDEAO suppose «une circulation des personnes, des investissements réciproques ainsi que l’unification de la monnaie et des règles tarifaires».

Il faut souligner qu’après la libre-circulation des biens et des personnes, le Tarif extérieur commun (TEC), la carte d’identité et le passeport CEDEAO, la monnaie unique reste l’objectif fondamental de la CEDEAO pour pousser l’intégration économique de la région. La monnaie unique ayant de nombreux effets positifs: accroître les échanges commerciaux en dépassant l’obstacle de change, faciliter la libre circulation des biens et des personnes, stimuler les investissements et les implantations des entreprises au niveau de la région, etc.


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Il s’agit d’un projet ambitieux qui vise à résoudre l’équation que constitue la pluralité des monnaies au sein de la CEDEAO. Cette communauté qui regroupe 15 pays compte actuellement 6 monnaies différentes. Outre le franc CFA que partagent 8 pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo), 7 autres pays ont leurs propres monnaies. Il s’agit de la Guinée (franc guinéen), du Ghana (cédi), du Nigeria (naira), de la Sierra Leone (leone), de la Gambie (dalasi), du Liberia (dollar libérien) et du Cap-Vert (peso). Guinée exceptée, ces pays hors zone CFA ne sont pas d’ex-colonies françaises.

Cette pluralité de monnaies crée des obstacles au niveau des échanges de biens et de la circulation des personnes du fait que ces monnaies ne sont pas convertibles entre elles, même si dans de nombreux autres pays non membres de l’UEMOA, le franc CFA est échangé.

C’est pour éviter cet obstacle aux échanges, pour faciliter la libre circulation des biens et des personnes et les investissements au niveau de la région que très tôt les dirigeants de la CEDEAO se sont penchés sur la question d’une monnaie unique.

L’ambition de créer cette monnaie unique date du début des années 1980. Et pour y arriver, en 2000, les chefs d’Etat des pays de la CEDEAO ont concocté un projet prévoyant la création en deux phases d’une monnaie unique en Afrique de l’Ouest à l’horizon 2020.

Selon, ce plan, il était prévu dans un premier temps, le lancement en janvier 2015 d’une monnaie unique, l’«ECO», par les pays membres de la zone monétaire d’Afrique de l’Ouest (ZMAO) non membres de la zone franc CFA : Nigeria, Ghana, Guinée, Sierra Leone et Gambie. Et dans un second temps, la ZMAO devait fusionner avec l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) pour créer, en 2020, une monnaie unique dans l’ensemble des quinze de pays membres de la CEDEAO.


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Malheureusement ces échéances n’ont pas été respectées. Et suite à trois reports successifs, la CEDEAO a changé de stratégie en abandonnant l’étape intermédiaire de 2015 et en reprogrammant la création d’une monnaie unique pour l’ensemble de la CEDEAO en 2020.

Toutefois, lors de ces dernières sorties, Marcel de Souza a un peu douché les plus optimistes. Il a expliqué clairement que la monnaie unique de la CEDEAO ne verrait pas le jour avant 10 ans, c’est à dire pas avant 2027. En cause, les critères de convergence ont montré des insuffisances notables. Il s’agit notamment de la politique monétaire, du déficit budgétaire, de l’harmonisation des politiques de change, la situation des comptes extérieurs, le taux optimal d’inflation, etc.

Pour Marcel de Souza, «une économie est convergente lorsqu’elle a une politique budgétaire coordonnée à la fois avec une politique monétaire et une politique d’endettement. Ce qui n’est pas encore le cas actuellement pour nos Etats, où l’inflation constitue un véritable problème».


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Pour le Maroc, les critères de convergence ne seront pas un obstacle le moment venu. Outre les niveaux bas des déficits budgétaires et de la balance des opérations courantes, le royaume affiche depuis toujours un niveau d’inflation bas. En clair, le moment venu, le Maroc ne constituera pas un obstacle à l’avènement d’une monnaie unique de la CEDEAO, si et seulement si, ce sont les critères de convergence qui sont pris en compte.

Malgré les retards constatés, il est de plus en plus admis la nécessité de résoudre l’équation de la pluralité des monnaies. En clair, toutes les monnaies nationales devraient disparaître pour laisser la place à une devise unique avec une institution d’émission et une Banque centrale.

Reste toutefois un problème de taille à résoudre. Quelle sera la nature de la monnaie unique de la CEDEAO? Des divergences sur la nature de celle-ci pourraient hypothéquer sa création. En effet, pour nombre de pays de la zone, cette monnaie doit être africaine avec sa Banque centrale et son institution d’émission basées en Afrique. Autrement dit, pas question de lier cette monnaie à un quelconque pays ou groupement étranger. Cette thèse est défendue par tous ceux qui luttent aujourd’hui pour l’abandon du franc CFA et son corollaire de lien avec l’ancienne puissance coloniale, la France, qui joue un rôle de garante de la convertibilité de cette monnaie.

Reste que la question de rupture de tout lien avec le franc CFA ne fait pas l’unanimité. En effet, certains dirigeants de la région souhaiteraient même que le franc CFA serve de monnaie unique à la CEDEAO. Ainsi, lors de sa dernière visite à Paris, le président ivoirien, Alassane Ouattara, dont le pays pèse 40% du PIB de l’UEMOA, n’a pas caché son intérêt pour l’adoption du franc CFA comme monnaie unique de la CEDEAO en déclarant la nécessité d’élargir la zone CFA aux autres pays non membres -Nigeria, Ghana, Guinée, Sierra Leone, Cap-Vert et Gambie- arguant de la stabilité offerte par le franc CFA qui jouit d’une parité fixe vis-à-vis de l’euro (1 euro étant égal à 655,95 FCFA), comparativement aux monnaies nationales des autres pays de la CEDEAO.


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Seulement face au mécontentement grandissant contre le franc CFA, il n’est pas certain que la volonté du président ivoirien soit suivie par tous ses pairs de la CEDEAO.

Une certitude, les puissances économiques de la CEDEAO -Nigéria, Maroc et Ghana-, si elles acceptent de délaisser une partie de leur souveraineté en adoptant la monnaie unique de la région, elles ne seraient certainement pas favorables à ce que le franc CFA soit la devise de la CEDEAO.

Partant, il n’est pas exclu, si les partisans du maintien du franc CFA restent majoritaires, que la CEDEAO continue à fonctionner, après la création d’une monnaie unique, avec une pluralité de monnaie, comme elle l’a fait jusqu’à présent, tout en incorporant certains petits pays (Gambie, Sierra Leone, Guinée et Cap-Vert) dans la zone franc, sachant que cette devise circule presque librement dans ces pays. Et à côté, il y aura le naira nigérian, le dirham marocain et le cédi ghanéen qui pourraient rester en dehors du système, comme ce fut le cas du Royaume-Uni, de la Suède et de la Pologne, pays membres de l’Union européenne, mais non membres de la zone euro.

En clair, l’avenir de la monnaie unique de la CEDEAO sera longuement débattu après l’intégration du Maroc en décembre prochain. Et il faudra certainement plus d’une décennie pour arriver à la création d’une monnaie unique au sein de la CEDEAO tant les angles à arrondir sont nombreux.

Le 03/09/2017 Par Moussa Diop

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