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Canicule : VRAIMENT PURE, L’EAU EN SACHET ?

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Le Laboratoire national des eaux a décelé des éléments bactériologiques en quantité surélevée dans des eaux vendues sur le marché
Canicule rime avec eau. On multiplie les douches pour se rafraîchir le corps, on arrose les cours pour se ménager un micro-climat et, surtout, on boit beaucoup pour soulager une gorge perpétuellement desséchée. Les vendeurs d’eau sont donc à la fête face à cette forte demande. Les carrefours, les marchés, les autogares de véhicules de transports en commun, le long des grandes artères, des jeunes gens et jeunes filles tendent des sachets embués aux passants aux prix de 25 à 50 Fcfa l’unité. Le commerce est très lucratif. Un pack de 30 unités, cédé par les grossistes entre 350 et 500 Fcfa, rapporte aux détaillants environ 1000 Fcfa de bénéfices en raison de 50 Fcfa l’unité à la consommation. Idem pour le sachet de 25 Fcfa dont le pack contient 60 unités.
Vendeuse d’eau près de la Tour d’Afrique depuis trois ans, Koumba Diakité travaille pour le compte d’une patronne habitant les logements sociaux de Yirimadjo. Sa patronne, explique-t-elle, a augmenté le nombre de ses vendeuses cette année parce que l’eau se vend particulièrement bien. « A trois, nous pouvons écouler 5 à 6 paquets de 30 sachets par jour, soit en moyenne deux par vendeur », évalue la jeune fille qui souligne que le fournisseur leur livre la marchandise à la maison au prix de 400 Fcfa le paquet de 30 sachets. La patronne empoche entre 2500 et 3000 Fcfa après toutes les dépenses effectuées.
Au détail, les sachets d’eau de 25 à 50 Fcfa ont remplacé ceux de 10 Fcfa depuis quelques années. Cette évolution est le résultat des investissements effectués par de petites et moyennes entreprises de production d’eau. De petites unités ont proliféré dans la capitale et dans les villes secondaires car l’outil de production est aussi facile à acquérir qu’aisé à installer et à faire fonctionner.
C’est une technologie légère, importée de Chine. Elle est constituée d’une cuve et d’un système de filtrage branché à une tête de robinet domestique. L’eau recueillie par un tuyau ou un raccord passe dans un réservoir de filtrage pour y être débarrassée de ses impuretés avant d’être acheminée dans une cuve. Celle-ci envoie l’eau purifiée dans un appareil de mesure et d’ensachage moderne. Le collage des sachets dépend du niveau technologique des unités de production. Dans certaines unités tout le travail est effectué par la machine. Par contre ceux qui n’ont pas de gros moyens, effectuent le collage à l’aide de petits outils. La main d’œuvre utilisée à cet effet est payée au prorata du nombre de sachets collés par heure.
Il existe des unités de production alimentées par l’eau de forages qui ne respectent pas toujours les normes de sécurité sanitaire. Soumis à aucun contrôle rigoureux, les promoteurs ne se donnent pas de la peine de se doter de technologies de traitement d’eau.
Une récente enquête d’identification dans le District de Bamako, composée des directions régionales du commerce et de la concurrence, de l’agriculture, de la santé et de l’hygiène publique, des services vétérinaires et de la production de l’industrie animale, sous la conduite du gouvernorat et de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (ANSSA), a permis d’identifier 39 unités de production d’eau. C’est la Commune VI qui vient en tête avec 17 unités installées. Elle est suivie de la Commune IV avec 6 unités, de la Commune V avec chacune 5 unités de production. La Commune I abrite 4 unités. Et la Commune III en compte 3.

TROIS UNITES EPINGLEES. Selon Mme Niangaly Safiatou Sangaré et Oumar Diarra de l’ANSSA, l’enquête d’identification a permis de relever l’absence d’Autorisation de mise sur le marché (AMM) dans la plupart des unités de production. La grande majorité d’entre elles sont installées dans des domiciles particuliers, au mépris de toutes les règles de sécurité sanitaire. Certaines unités sont même dissimulées au fond des concessions pour produire et vendre de l’eau clandestinement. Or, l’Autorisation de mise sur le marché n’est pas difficile à obtenir, assure Fana Coulibaly, le secrétaire permanent de la commission d’attribution basée à l’ANSSA. Le requérant, explique-t-il, adresse au directeur général de l’ANSSA une demande manuscrite timbrée à 200 Fcfa comportant les nom, prénom et adresse complète du demandeur, le siège et la raison sociale pour les personnes morales. Il faut constituer un dossier technique complet libellé en français en deux exemplaires comprenant : la description du produit, le rapport d’évaluation du système de production accompagné des résultats d’analyse d’échantillons, le récépissé de versement du droit fixe (de 20 000 à 25 000 Fcfa selon la catégorie du produit), des échantillons en nombre suffisant selon la norme applicable au produit.
Mais certains producteurs de sachets d’eau soutiennent que les choses ne sont pas aussi simples que l’indique Fana Coulibaly. Pour obtenir l’autorisation, assurent-ils, le demandeur peut attendre des mois, voire plus d’une année. « Ce n’est pas par manque de volonté que nous rechignons à nous conformer à la réglementation. C’est à cause de la lenteur de la procédure de délivrance de l’autorisation. Nous ne pouvons pas attendre parce que nous nous endettons auprès des banques pour réaliser nos investissements », explique un promoteur sous le couvert de l’anonymat. Il ajoute que la banque créancière attend que le débiteur respecte les échéances de remboursement du prêt. « Dans ces conditions, autorisation ou pas, nous sommes obligés de mettre nos produits sur le marché pour assurer un retour sur investissement et rembourser la dette, sinon la faillite de la société est assurée », justifie notre interlocuteur.
L’attrait de l’argent est tel qu’il arrive trop souvent que l’eau tirée des puits ou des robinets, impropre ou pas à la consommation, soit mise en sachet et écoulée sur le marché sans subir un traitement quelconque. Conséquence : certaines eaux en sachet ont un goût saumâtre et, parfois même, une odeur nauséabonde.
Ces pratiques dangereuses incitent le Laboratoire national des eaux (LNE) à prélever périodiquement des échantillons sur le marché pour en vérifier la qualité. Le laboratoire pu ainsi déceler dans des eaux en vente, des éléments bactériologiques en quantité surélevée présentant des dangers. Les unités épinglées sont Kénéyadji, Eau Hawa et Sadougou. Le promoteur de Kénéyadji a fait l’effort de mettre ses installations à niveau et de rendre son eau propre à la consommation. Cet effort a été confirmé par une contre-analyse effectuée par le Laboratoire national de la santé (LNS) en date du 25 mars dernier qui suivait celle du LNE. Les deux autres marques – Eau Hawa et Sadougou – n’ont pas encore bougé dans le bon sens, selon les labos.
Il y a environ un an, un groupe de producteurs organisés dans une faîtière, a approché la Direction nationale du commerce et de la concurrence afin de l’aider à organiser la filière eau dans notre pays. A cet effet, ces producteurs ont accompagné les enquêteurs de la Direction nationale du commerce et de la concurrence sur le terrain pour sensibiliser les promoteurs clandestins au respect de la réglementation dans leur propre intérêt et aussi dans celui des consommateurs.
Mais ces velléités d’assainir le secteur se sont heurtées à la multiplication effrénée de nouvelles unités production. Le secteur se développait beaucoup trop vite pour pouvoir être maitrisé avec les moyens du bord. Aujourd’hui, l’anarchie règne dans un secteur où des sachets d’eau « Made in Burkina Faso » ou « Made in Sénégal » disputent le marché à nos promoteurs.
A.    O. DIALLO

Source : L’ Essor

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