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Campagne agricole 2018-2019 : Bel hivernage, mauvaise gestion du Gouvernement !

« Après la pluie, c’est le beau temps », a-t-on coutume de dire. S’il est admis que la saison qui vient de s’achever a laissé de bonnes traces au niveau des brousses, rien ne prouve qu’il y ait des impacts conséquents sur la campagne en cours.  Pour cause, l’inaccessibilité de certaines zones agricoles, le manque crucial des intrants agricoles demeurent de vrais obstacles à la réussite de la campagne 2018-2019.

Pour la croissance économique, les autorités ont inscrit l’agriculture au cœur de l’axe N°4 du programme gouvernemental. Malgré cela, ce secteur pourvoyeur de richesses, reste aujourd’hui l’un des plus souffrants. Le marché très pauvre des céréales atteste cette souffrance. Les prix des denrées (riz, haricot, mil, blé…) ont augmenté voir doublé. Certains produits, (pomme de terre, igname,

patate oignons) sont souvent importés sans contrôle élémentaire (qualité, prix). Pire, malgré le beau temps, les attentes, sans ambages, sont malheureusement  déficitaires. Les contre réalités risquent de faire une surprise désagréable aux autorités. Car, entre ce que les acteurs avancent et la réalité du terrain, il y a un grand fossé. Le gouvernement doit s’attendre à une possibilité de se retrouver avec une population affamée qui en a déjà assez avec la conjoncture actuelle.

En effet, sur estimation, le coût global pour la mise en œuvre de la campagne agricole en cours s’élève à 353, 690 milliards de FCFA avec 115, 483 milliards de FCFA comme contribution de l’Etat. Chaque année, des efforts sont déployés (40 milliards) pour la subvention des intrants agricoles, mais de façon aveugle. Car, pas de suivi, encore moins d’évaluation.

Ce n’est plus un secret, ces irrégularités résident autour d’un certain nombre de phénomènes abusifs. Il s’agit entre autres, de la mauvaise gestion de fonds destinés à harmoniser le secteur de l’agriculture. La corruption de certains responsables du département en connivence avec certains acteurs du monde agricole  et l’incompétence avérée de cadres de l’administration centrale et locale qui continuent à faire plonger l’agriculture malienne dans le gouffre.

Le fait que les productions de rentes occupent une place de choix, au détriment des productions vivrières dans la déclaration de la vision gouvernementale, prouve à suffisance l’incapacité du département.

« La saison a été abondante. Malgré tout, les paysans n’ont jamais eu autant de difficultés d’approvisionnement que cette année », nous a confié le leader d’une plateforme paysanne bien structurée. Cette situation a été occasionnée par une soi-disant stratégie dénommée réforme dans le système de distribution des engrais subventionnés par le Gouvernement pour éradiquer les fraudes liées au système de cautions techniques. C’est un nouveau mécanisme qui consiste à créer des commissions pour le mécanisme de distribution des engrais dans tous les arrondissements. Dans ce mécanisme, chaque commission était présidée par le sous-préfet et contenait des représentants des paysans, d’agents d’agriculture, du chef de villages etc.

A travers nos investigations, il ressort que ledit mécanisme a été inefficace et aura comme corollaire, la réduction en termes de rendement auquel la population s’attendait. La situation est identique partout où nous avons été. Les paysans n’ont pas eu d’intrants en quantité, ni à temps. Il y a des zones, précisément dans la région de  Mopti où les paysans ne veulent même pas entendre parler de subvention. Car chacun a acheté par ses propres moyens ou s’est endetté pour restituer après les récoltes.

D’autres nous expliquent : « En se référant à la décision N°2018 00000164/MA-SG du 29 Juin 2018, on se rend compte que l’objectif de cette réforme n’était autre que de tailler sur mesure le fonds dédié à la subvention des intrants et avoir des poids au côté du RPM pour le financement de la campagne présidentielle. »

Ce qui veut dire qu’une urgence plane sur la campagne car des zones de fortes productions,  sont passées sous silence. Et pour cause, les intrants n’y étaient à temps, ne parlons pas de quantité. Déjà, une forte alarme sonne et la panique prend place tant au niveau du ministère de l’agriculture et ses services centraux ainsi que du côté de certains poids lourds en matière d’approvisionnement des intrants, visiblement « très mécontents de la tournure des affaires ». La raison est simple, des superpuissants acteurs du monde agricole ont été privilégiés au détriment des paysans à fortes productivités. Le constat est simple et alarmant, ils n’ont pas  pu mener à bien la campagne agricole 2018-2019.

L’impact sur la production attendue se fera logiquement et négativement sentir.

Nous y reviendrons.

Mamoutou TANGARA

Le Dénonciateur

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