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Ça ne peut pas continuer

Si les commerçants détaillants et les pompistes qui avaient menacé d’observer des journées sans commerce sont revenus à de meilleurs sentiments, et que « Messieurs les juges » ont enfin levé leur mot d’ordre de grève, l’épidémie de débrayage est loin d’être sous contrôle.

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La nature ayant horreur du vide, ce sont d’autres syndicats qui donnent de la voix : le syndicat des travailleurs des collectivités, le syndicat des greffiers, le syndicat des affaires étrangères.

À la suite de leurs patrons de magistrats, les greffiers qui exigent de l’État un salaire décent et des équipements de qualité menacent d’aller en grève les 15, 16 et 17 février prochains. Comme s’ils s’étaient concertés, les travailleurs des collectivités et des affaires étrangères projettent un arrêt de travail du 22 au 24 février. Les premiers pour « la prise en charge des salaires des fonctionnaires des collectivités territoriales du cadre de l’Administration générale par l’Etat et l’intégration à la fonction publique des collectivités territoriales des contractuels de 2011 à 2015 ». Les seconds dénoncent la mauvaise gestion managériale de leur département (entre autres, des nominations ‘’arbitraires’’ de conseillers dans les ambassades et consulats à l’étranger) et comme les autres corps de métier, ces derniers temps, ils réclament de meilleures conditions de vie et de travail, des salaires plus ou moins adaptés à leur travail, et donc une revalorisation salariale.
À ceux-là, il faut peut-être ajouter, les travailleurs du plus grand hôpital du Mali CHU Grabriel Touré qui observent, depuis deux semaines, un sit-in deux fois par semaine et menacent de le transformer en grève illimitée.
Saison de grèves perlées ou simplement mauvais temps sur un gouvernement à bout de souffle ?
En tout cas, si la légitimité des revendications jure avec le perçu et vécu du Malien lambda et avec le contexte sécuritaire prioritaire et les finances du pays (le pétrole n’ayant jailli nulle part au Mali), la capacité d’anticipation et de réactivité de l’exécutif face aux revendications des partenaires sociaux ne peut être sans reproche.
Après les enseignants, les magistrats, les travailleurs sociaux sanitaires et ceux de CHU-GT, ce sera bientôt le tour des travailleurs des collectivités, des porteurs de cravates et des assistants corbeaux, pardon des greffiers. On peut certes faire grief aux syndicats d’avoir opté pour un décalage de priorité et d’opter pour un corporatisme hors saison où la recrudescence de l’insécurité et du terrorisme devrait les inciter plus fortement à un moratoire sur leurs appétences financières. La situation du pays commandant un effort national au niveau individuel et collectif.
Parallèlement, on ne peut ne pas relever au niveau du gouvernement, une révoltante léthargie à la limite de la catatonie dans la planification, la gestion et la prise en compte du dialogue social. Comme si ces Messieurs, dames pensent que la gestion des affaires de l’État est pur cérémonial et exhibitionnisme derrière le Chef de l’État. Parce que si la réponse aux revendications à incidences financières peut s’avérer une redondante à plusieurs inconnues, le gouvernement est-il excusable sur les celles qui ne demandent que l’élaboration ou l’articulation de textes ? Tout de même…
Il n’est pas acceptable qu’il faille brandir la hache, pardon la menace de grève pour voir le gouvernement prendre en charge des préoccupations qui relèvent normalement de la gestion quotidienne, de la routine d’un exécutif d’excellence. Tout comme il est affligeant de voir un gouvernement adosser à une confortable majorité recourir aux forces traditionnelles et religieuses pour désamorcer une grève comme on l’a vu récemment lors de la grève des magistrats.
Cette frilosité pour ne pas dire cette fuite en avant fragilise l’État, discrédite le gouvernement et pèse négativement sur le dialogue social indispensable à renouer avec les partenaires sociaux. Parce que le gouvernement ne peut pas toujours se barricader et prendre alibi des implications politiques ou sociales des revendications pour ne pas prendre d’initiative et agir. Normal que chaque syndicat chercher à porter ses exigences devant le président IBK lui-même estimant que le gouvernement n’a aucune crédibilité pour leur donner suite.
Autant une telle approche ne doit pas prospérer si le gouvernement tient à recouvrer sa crédibilité, autant elle ne peut continuer pour l’apaisement social et la stabilité institutionnelle. Parce que le président de la République est le dernier recours, il ne peut et ne devrait suppléer la carence d’une équipe gouvernementale foncièrement impactée et disqualifiée par ses faillites individuelles et collectives.
Comment arrêter la spirale de débrayage qui se « pandémise » au moment où l’État devrait faire face à plus urgent : donner une réponse plus opérationnelle à l’équation sécuritaire et à la provocation terroriste ? La solution « Soumiste » d’essayer, puis on verra ne pouvant être opérante au regard de l’enjeu de la stabilisation, il convient d’opérer une rupture avec le statu quo.
Un nouveau gouvernement pourrait relancer les espoirs chez les Maliens, différer les revendications sans trop faire perdre patience aux partenaires sociaux, et faire face aux barbus sans foi ni loi. Parce que visiblement, l’actuel gouvernement n’a pas été une foudre de guerre sur le Front social. Or, les attentes des Maliens sont légitimes, pressentes et méritent réponse. Une équation dont on ne perçoit point l’horizon depuis des lustres.
Aussi, au risque d’exposer davantage le président de la République sur lequel tout retombe, le gouvernement se mettant au vert, à chaque fois que ça chauffe, l’urgence commande un renouveau intégral. Parce que ça ne peut pas continuer comme ça.

PAR SIDI DAO

 

Source: info-matin

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