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Bilal Ag Achérif, Secrétaire général du Mnla (CMA) : « On doit donner une chance à l’application de l’accord »

Au siège du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) à Kidal, ce mercredi 22 juillet, le Secrétaire général du Mnla et responsable de la Coordination du Mouvement de l’Azawad (CMA), Bilal Ag Acherif était entouré de ses proches collaborateurs, comme son chargé de communication du Mnla, Moussa Ag Acharatoumane. Celui-ci a servi d’interprète, Bilal se sentant mieux à l’aise en Anglais. Il était entouré par trois autres collaborateurs qui sont : le Coordinateur de la Commission administrative et de gestion de la région de Kidal, Zeid Ag Mohamed; le Chef de Cabinet du Secrétaire général du Mnla, Mohamed Ag Ghaly et enfin un membre du Bureau de la CMA, Altanata Ebalagh. Pendant une heure d’échanges, les questions abordées tournent autour du quotidien des Kidalois, l’approvisionnement de la ville en produits vitaux, le processus de paix. Peut-on espérer sur une paix définitive après la signature de l’accord ? Pourquoi des attaques continuent-elles malgré la signature de l’accord ? Bilal futur ministre ? L’assassinat à Kidal de nos confrères de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, en novembre 2013, la sécurité des journalistes à Kidal, sont des questions abordées à bâton rompu et répondues sans détour.

Bilal Ag Acherif secrétaire général mnla cma cpaRecevant les journalistes, le responsable de la CMA, Bilal Ag Achérif les a remerciés d’avoir effectué le déplacement. Il a marqué sa curiosité de voir ensemble à Kidal, journalistes de presse écrite, de radio et de télévision (Essor, Le Républicain, Mikado et France 24) et a souhaité que cette visite soit une occasion d’informer sur la vie de Kidal et d’autres localités visitées. Vingt mois après l’assassinat à Kidal des journalistes de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon, c’est la première fois qu’un journaliste français mette pied à Kidal. Une occasion de casser la peur et les appréhensions, une interpellation inattendue des responsables de la CMA sur leur devoir de sécurité pour des journalistes séjournant dans la capitale des Ifoghas et dans la région de Kidal en général. Le secrétaire général du Mnla Bilal Ag Chérif s’est montré conciliant. « Pour les journalistes de Bamako, la route est ouverte, vous pouvez venir à tout moment pour informer » vos lecteurs, a-t-il dit. Mais qu’en sera-t-il de la sécurité des journalistes à Kidal ? « Tout dépend de avec qui vous venez », indique l’hôte.  

Sécurité des journalistes
La sécurité des journalistes est aussi bien assurée par la force ou le groupe qui contrôle le secteur. « Dans votre cas actuellement, c’est la Minusma qui a en charge de votre sécurité, mais si devez venir dans une zone contrôlée par la CMA, où vous êtes sous la couverture de la Coordination, en ce moment, c’est la CMA qui prend entièrement votre sécurité en charge », a indiqué Bilal Ag Achérif. Si c’est par ailleurs dans une zone où les Fama ou d’autres acteurs sont présents, ce sont ces acteurs qui prennent normalement en charge votre sécurité, nous a –t-il expliqué. Il précise ensuite : « Si un journaliste vient à Kidal bien évidemment, c’est la CMA qui assure entièrement sa sécurité, mais elle peut coordonner aussi avec d’autres acteurs comme la Minusma… », indique Bilal Ag Acherif.
Kidal:« habitués au minimum»
Comment Kidal est-elle approvisionnée en produits de première nécessité ? Selon notre interlocuteur, cette question est du ressort du Coordinateur de la Commission administrative et de gestion de la région de Kidal, qui s’occupe de toutes les questions se rapportant aux services sociaux de base et aux services humanitaires. Toutefois, notre interlocuteur trouve qu’en ce qui concerne l’approvisionnement de Kidal, il n’y a pas eu un bouleversement, comme la crise déjà, ce n’était pas de l’abondance dans cette partie du Mali. Mais il reste que Kidal n’est pas une exception, comme partout dans le monde quand il y a la crise, il y a des difficultés. Le fait que la frontière avec l’Algérie soit fermée, influe beaucoup dans l’approvisionnement de Kidal, Tombouctou, Gao, Ménaka. De même les commerçants qui dépendaient du sud ont été impactés… « Le fait que cette frontière soit officiellement fermée a une certaine influence », souligne Bilal Ag Achérif. Le secrétaire général du Mnla ne s’est pas privé de plaidoyer, en soutenant cependant: « la crise n’a pas beaucoup influé sur l’économie du nord qui n’est pas développé depuis 50 ans, il n’y a pas d’usine encore moins une agriculture développée, qui aient été frappées, parce qu’elles n’existent pas. La population d’éleveurs et de commerçants, dépend de la pluie. Ici l’économie dépend de ce que les populations font au quotidien, et ce que les organisations humanitaires comme le CICR apportent. Et vous savez, les populations du nord sont habituées au minimum. Donc, il y a une stabilité », a développé Bilal Ag Acherif.
Paix durable ?
Après la signature de l’accord, c’est la question que nous et le gouvernement malien, on se pose : un accord durable ? On a l’expérience qu’on a toujours signé des accords, mais qui n’ont pas été la paix. « Tout dépend de la volonté des signataires, de la communauté internationale, mais le premier acteur reste le gouvernement. Nous constatons qu’après la signature, les premiers actes n’ont pas été faits », commente Bilal Ag Acherif. Par exemple l’arrangement sécuritaire signé à Alger connait une application difficile. « Nous constatons le mouvement des troupes gouvernementales, dites plateformes, après la signature. Au lieu d’être appliqué nous constatons aujourd’hui, le contraire de tout ce qui a été pris comme arrangement, et ça peut être un obstacle dans l’application de l’accord. Or, on doit donner une chance à l’accord », a plaidé le responsable de la Coordination du Mouvement de l’Azawad.
Ici les travaux du Comité de suivi sont suivis de près, en ce qui concerne l’élaboration d’un calendrier de mise en œuvre de l’accord. Bilal a rappelé le rejet de l’accord par « les populations de l’Azawad», et compte tenu du fait que sa signature a été obligatoire, sur le plan sécuritaire, cet accord aura du mal à se mettre en place, reconnaît-il. Cependant pour un accord qui a été signé juste, il y a un mois, le secrétaire général du Mnla concède qu’il faut donner le temps de mettre la machine en marche.
Attaques jihadistes au sud
L’accord signé n’a pas pu mettre fin à l’insécurité, des attaques continuent au Mali, et s’étend au centre et au sud. Bilal Ag Acherif, sans langue de bois donne son point de vue sur ces attaques. « Ils attaquent tout le monde, la CMA, les Fama, et les casques bleus. On ne connait pas leurs objectifs et ces attaques n’ont jamais cessé. Les organisations comme Ansar Dine et leurs semblables comme le Mujao sont pour l’application de la charia. Or, nous sommes des musulmans avant l’existence de ces organisations. Il faut donc s’interroger sur l’objectif de ces acteurs. C’est quoi leur objectif ? », s’interroge Bilal Ag Acherif. Selon lui, ces organisations regardent ce qui se passe en Syrie, en Iran et ailleurs. « C’est une menace et c’est préoccupant », tranche le responsable de la CMA.
Bilal ministre à Bamako?
La réponse à cette question n’est pas si claire que ça. Mais Bilal souligne que dans l’accord, il est dit clairement qu’il faut un partage de pouvoir. « Tout cela sera issu d’une discussion entre les parties et permettra la mise en œuvre de l’accord », affirme-t-il.
Enfin, les journalistes ont remis la question de l’assassinat de nos confrères de RFI, Ghislaine et Claude. Bilal a indiqué que l’aspect sécuritaire était important, tout en précisant que l’auteur de cette tuerie ne s’est pas caché. Il se trouve que ce dernier, Abdelkrim le Targui a été tué par une opération de Barkhane, a conclu Bilal. Pour autant, justice a-t-elle été faite ?
Boukary Daou, envoyé spécial à Kidal

Source: Lerepublicainmali

 

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