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Bagnolet: l’inconséquence d’une gouvernance chaotique et la révolte des sans voix

Bagnolet: l’inconséquence d’une gouvernance chaotique et la révolte des sans voix

libre expression edito exprime

“Allez y à l’EHEP sinon l’ENA conduit au garage” voilà ce que nous disait notre professeur d’économie au lycée et ses propos datent du début des années 90.

Plus d’un quart de siècle après, la situation n’a pas évolué positivement, elle s’est même empirée sur le front des perspectives qu’offre l’école malienne aux étudiants maliens en termes d’emplois rémunérateurs et de mobilité sociale ascendante.

Effectivement c’est le sentiment du grand saut dans le vide que presque tous les étudiants maliens sans soutiens ressentent pendant les derniers mois de leurs études à l’université de Bamako.

Que faire après avoir eu le diplôme universitaire au Mali?

Faire le volontariat, le concours de la police nationale, ou de la gendarmerie nationale, prendre les tickets du PMU MAli, rentrer en politique dans le parti majoritaire au pouvoir, ou aller à l’aventure?

Sinon impossible d’avoir de l’emploi stable dans une entreprise organisée ou dans une administration digne de ce nom.

Le marché de l’emploi est bipé et truqué par des coups de piston contre nature et une corruption majeure qui éjectent tous ceux qui ne sont pas dotés d’un soutien haut placé dans l’armée, le gouvernement et/ou dans un état major politique de la majorité présidentielle.

La faute revient à l’absence de politiques publiques cohérentes de développement de la jeunesse malienne, y compris l’absence d’une vraie politique d’emploi dans le pays.

De la qualité de la formation des jeunes, au volume de l’investissement public et privé nécessaire pour maintenir un certain niveau de création d’emploi dans le pays, compatible avec l’accroissement naturel de la population, rien de durable n’est fait par les autorités maliennes pour assurer un emploi stable aux futurs diplômés dans les écoles du pays et de plus en plus vrai pour les diplômés dans les écoles à l’étranger.

Le chômage règne donc en roi au Mali car il n’y a pas assez d’entreprises, pas assez d’usines et pas assez de services publics pour résorber le stock conséquent de chômeurs que produit le système universitaire et de l’enseignement secondaire technique et professionnel du pays.

Ceux qui n’ont pas eu la chance d’avoir un diplôme dans une école, sont plus nombreux que les diplômés et croupissent aussi dans le chômage longue durée ou sont réduits à faire des petits boulots dans le secteur informel.

Tu fais quoi de tes journées?
Je vends des puces Malitel!

Et toi?
Je tiens un kiosque Orange Money juste derrière.

Et voilà les plus débrouillards !

Dans cette condition, des générations entières de jeunes sont sacrifiés car ils atteignent 30, 40 voire 50 ans sans jamais travailler ni avoir la chance de le faire.

Comment vivent ils?

Ce sont les retraites de leurs parents qui les maintiennent à flot avant qu’ils immigrent dans un autre pays africain ou qu’ils n’aient finalement un visa pour immigrer en Occident.

Voilà la source de la massive immigration des maliens en Europe.

La plupart des immigrés maliens ne sont pas venus en Europe parce que l’Europe est belle ou parce qu’il y neige abondamment, ils sont venus en Europe parce que c’était la seule perspective pour espérer avoir de l’emploi stable.

L’immigration clandestine malienne est d’abord la conséquence de l’échec des politiques publiques au Mali.

Si le gouvernement malien veut parler de l’immigration malienne avec les européens, qu’il commence d’abord à présenter à l’Union européenne son plan de développement de la jeunesse malienne pour les 25 prochaines années.

Quels sont les investissements publics et privés prévus pour créer suffisamment d’emplois pour une population malienne jeune et en pleine croissance?

Quels sont les investissements publics et privés prévus pour bien former la jeunesse malienne et le rendre apte à pouvoir faire des emplois qualifiés en phase avec l’évolution du marché de l’emploi au Mali et en Afrique?

Voilà les vraies questions auxquelles un gouvernement responsable devrait s’atteler à discuter avec ses partenaires et à chercher des financements nécessaires.

Mais au lieu de cela on assiste à des saupoudrages de l’APEJ, de l’ANPE et des gesticulations stériles du ministre de l’emploi et de la formation professionnelle, Mahamane Baby qui ment sur des chiffres fabriqués de toutes pièces à des fins électoralistes déconnectés de toutes réalités du marché de l’emploi au Mali.

Le ministre Diop des affaires étrangères du Mali, avec un air bonasse, reçoit son homologue néerlandais et veut parler des migrants maliens en Europe sans savoir pourquoi ils sont partis en Europe, et qu’est-ce qu’ils apportent au Mali et que peut faire pour eux le Mali pour les accueillir si jamais il devrait réellement les accueillir.

On ne va pas discuter d’un traité ou d’un accord international comme si on allait chez l’épicier Kôrôbôrô boutique du coin, non, non et non.

On discute d’un sujet qu’on connaît et dont on a une mûre réflexion sinon on dit n’importe quoi et sinon on fait n’importe quoi au sommet de l’État.

C’est exactement ce qu’ont fait les ministres Sylla et Diop, signé un communiqué conjoint sur un accord de réadmission des migrants en situation irrégulière en Europe, sans savoir réellement la substance juridique d’un communiqué conjoint dans les relations internationales et s’adonner après à une cavale de communications désordonnées et hystériques sans fin.

La gouvernance kôrôbôrô boutique du régime IBK lui joue des tours et fait passer le Mali aux yeux du monde entier comme un pays irresponsable, exempt de sérieux et infréquentable.

Nos compatriotes de France essuyaient déjà les affres d’une gestion consulaire calamiteuse dans les représentations diplomatiques maliennes en France depuis des lustres.

Si les ministres qui doivent mettre sur les rails les consuls véreux, rompus au vol et au laisser aller, s’adonnent au théâtre devant l’Union européenne au sujet de ces mêmes migrants, laissés pour compte par leurs consuls généraux successifs, alors vous comprendrez la colère des maliens de Paris.

Les sans voix investissent Bagnolet parce que le ras-le-bol a atteint son paroxysme: corruption à ciel ouvert, locaux exigus et insalubres, accueil froid et irrespectueux, odeur nauséabonde, désorganisation grandiose, délais insupportables pour avoir un document officiel du Mali, tout y est dans le consulat général du Mali à Paris pour énerver le premier visiteur.

Il est temps d’avoir un vrai gouvernement au Mali.

Salute.

 

Source: Kassin

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