Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

BAC MALIEN : Il faut informatiser le système

On ne sait pas s’il faut se féliciter pour le « redressement » intervenu dans la liste des admis au Baccalauréat malien, session de 2017, ou s’en indigner. Si les recalés et leurs parents doivent broyer du noir en ce moment, le mérite d’une décision courageuse revient au ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Ag Erlaf, qui imprime ainsi, de manière singulière et autoritaire, sa venue dans un milieu où la corruption et les manipulations sont ancrées dans les pratiques depuis plusieurs décennies. Pourtant, un système informatisé de la gestion des examens (Bac et DEF) et des orientations dans les lycées privés avait été conçu en 2012 par la Cellule de Planification et de Statistique de l’époque. Les magouilleurs n’en voulaient pas.

Mohamed Ag Erlaf ministre education

Le Bac malien est-il en train de faire sa mue ? C’est trop tôt pour le croire. Cependant, la décision du ministre Mohamed Ag Erlaf de recadrer les résultats de 2017 en éliminant 221 faux bacheliers de la liste des admis et en faisant passer 247 autres méritants omis ( ?) a frappé tous les esprits. Car c’est la première fois qu’un ministre ose prendre une décision aussi juste et courageuse mais qui sera très impopulaire pour ceux qui sont passés de la joie (feinte ?) au désenchantement en seulement quelques jours. Si le fait de remettre 247 candidats dans leurs droits est une décision hautement noble et honnête, recaler 221 faux admis est un acte de justice surtout si ce sont des malversations qui en sont à la base.

Il est de notoriété publique que les examens au Mali donnent lieu, chaque année, à des tractations basées sur l’appât du gain facile. Depuis la régularisation des élèves ayant épuisé leur scolarité à la vente des sujets et aux orientations des admis du DEF dans les écoles privées, des personnes de très mauvaise moralité s’enrichissent impunément et effrontément pendant « la traite » que sont les périodes d’examen. On se souvient des arrestations de responsables et subalternes de l’Éducation du temps de la ministre Jacqueline Nana Togola. Après quelques mois de détention, la quasi-totalité des personnes impliquées ont été libérées et ne passeront certainement plus devant un juge pour des faits très graves de malversation. Cependant c’est aux niveaux des différents secrétariats que se joue le sort de centaines d’élèves. Pour le Bac, on peut par exemple se faire inscrire sur la liste des admis pour la somme de 300 000 (trois cent mille) FCFA. Jusqu’à cette année, le système était infaillible à cause de l’absence de contrôle car ce sont les responsables qui sont à la base du système.

Il faut espérer que ce coup de tonnerre de Mohamed Ag Erlaf soit le début d’un grand nettoyage du monde de l’Éducation nationale, et que le contrôle sera plus poussé. En effet, ce qui vient de se passer à Koulikoro n’est sans doute pas un cas isolé. Une enquête plus poussée pourrait mettre au jour des pratiques similaires dans d’autres Académies d’enseignement. En attendant, le ministre de l’Éducation serait bien inspiré de revoir le projet d’informatisation conçu par la Cellule de Planification et de Statistique du ministère de l’Éducation en 2012. Ce système permettait, à travers une application, d’informatiser les listes de candidats admis ou échoués. De telle sorte que seuls les numéros d’anonymat sont visibles des secrétaires qui saisissent les noms des candidats admis. En effet, un système de codage, que seuls les Directeurs d’académie pouvaient avoir, permettaient à ces derniers d’afficher la liste véritable des admis après la saisi des noms, prénoms et autres éléments de spécification par les agents de saisie.

Ce système très fiable, a été combattu à l’époque par ceux du ministère de l’Éducation qui ne gagnaient rien dans son introduction dans les examens. Alerté par des agents véreux, le Secrétaire général du ministère à l’époque a mis ce système dans les placards, entérinant ainsi la grande magouille qui entoure les examens du DEF et du Bac au Mali. Il suffit d’une enquête auprès des responsables de la CPS de l’Éducation nationale en poste en 2012 pour retrouver un outil qui sera efficace contre les manipulations malhonnêtes de certains agents. En attendant, il ne fait pas de doute, au regard du recadrage fait par Mohamed Ag Erlaf, que tous ceux qui sont impliqués dans les manipulations de 2017 seront poursuivis et sanctionnés pour le bien-être de l’École malienne.

Diala Thiény Konaté

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance